Enquête – Sécurité et protections, les normes qui nous protègent…

On a beau aimer ça, il faut bien l’admettre : la pratique du VTT est un sport à risque. D’autant plus la vision qui fait la part belle au pilotage, telle qu’on l’aime ici. Il parait que parfois, les arbres traversent et que, celui qui fait le malin, finit dans le ravin…

Si l’acceptation et la gestion du risque font logiquement partie du jeu, la protection aussi. Casques, dorsales, genouillères, coudières… La panoplie du pilote est fournie, mais on trouve de tout sur le marché. Parfois, sans savoir réellement à quoi s’en tenir ! 

Qu’est-ce qui nous protège vraiment ? Quels sont les bons repères ? Que valent les normes ?! Pour aider chacun à se faire un avis, et choisir en son âme et conscience, on s’est penché sur les normes de sécurité, et ce qu’elles veulent dire… Enquête !

 


Temps de lecture estimé : 15 minutes – Photos : Endurotribe, Met/Bluegrass/Ulysse Daessle & Mips


 

Au sommaire de cet article :

 

 

Le règlement européen…

Pour bien saisir les enjeux, il faut saisir le contexte. La France fait partie de l’Union Européenne. À ce titre, elle applique les règlements européens qui harmonisent les règles en vigueur au sein de l’UE. Il en existe un en matière de protection : le règlement 2016/425 relatif aux équipements de protection individuelle.

Ses premières lignes, et ses objectifs, sont claires : dans le contexte d’établissement du marché intérieur [européen], harmoniser les exigences de santé et de sécurité applicables aux équipements de protection individuelle. Santé & marché, deux mots-clés pour situer le contexte dans lequel agit ce règlement.

« Le fameux marquage CE… »

D’une part, des entreprises commerciales, qui souhaitent vendre des produits en Europe, et d’autre part, des pratiquants, citoyens européens, qui les achètent pour se protéger. Entre les deux, un troisième parti, l’UE et son règlement, qui veut offrir des garanties et des éléments de repère. Entre autres, le fameux marquage « CE » indispensable pour prendre place sur les étales…

L’obtention du droit d’apposer ce sésame est décrit par le règlement européen dont on parle. En France, ce sont aux douanes et à la DGCCRF – Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes – de veiller à la conformité des produits. On a tous déjà vu ces images à scandale de moult produits non conformes saisis et détruits…

 

 

Documentation technique…

Le règlement européen définit trois catégories de risques, sobrement classées I, II et III. La première catégorie concerne les risques minimaux – griffure, contact avec l’eau, chaleur sous 50°C… – la troisième les risques aux conséquences très graves – produits toxiques, rayonnements ionisants, chaleur supérieure à 100°C, noyade, électrocution… Tous les autres entrent dans la catégorie II.

Dans laquelle nos protections VTT s’insèrent-elles ? La plupart du temps I ou II mais la question est essentielle, puisque les catégories ne sont pas soumises aux mêmes exigences. Catégorie I, le fabricant auto-certifie son produit. Catégorie II, il doit faire appel à un organisme notifié et indépendant.

« Au fabricant de prendre ses responsabilités… »

Dans tous les cas, c’est le fabricant qui constitue la Documentation Technique qui sert à certifier le produit. Il y décrit notamment l’usage prévu, les risques encourus, la liste des exigences de sécurité et santé applicable au produit… Dont les normes qu’il vise à respecter ! Si le produit obtient la certification, le résumé de tout ça est consultable dans la Déclaration de conformité que le fabricant est tenu de tenir à disposition de l’utilisateur.

Ce sont ces lignes du mode d’emploi qu’on ne lit jamais. Pourtant, on y trouve s’il y a auto-certification ou appel à un organisme indépendant, lequel, pour quelle norme, et la période de validité. Certaines marques jouent le jeu jusqu’à les tenir à disposition en ligne et donc, avant achat. Met, Bluegrass, 100%, Troy Lee Designs, TSG, Urge, Kali, Leatt, Poc, G-Form, Specialized et 661 pour citer les bons élèves rencontrés durant cette enquête… 

 

 

La seule norme ?!

C’est donc au fabricant, en partie, de prendre ses responsabilités. Certes, il y a des normes obligatoires. Elles sont référencées par le Comité Européen de Normalisation. Mais en matière de protection, à vélo, il n’en existe qu’une seule : la norme EN 1078, pour les caques !

Genouillères, coudières, dorsales, gants, pantalons, chaussures, masques… Tout le reste n’est pas soumis à une norme spécifique vélo. Encore moins VTT, et encore moins Rando, Enduro ou Descente. On peut donc tout aussi bien trouver des produits peu protecteurs ou surprotecteurs sur le marché, et les normes absentes, n’apportent pas de repère pour établir ce que l’on peut juger « opportun ».

 » On trouve de tout, notamment en matière de genouillères et de dorsales… »

Raison pour laquelle, pour l’heure, on trouve de tout. Notamment en matière de genouillères et de dorsales. Certains fabricants en profitent pour ne respecter que les préconisations générales du règlement européen, qui peuvent se résumer ainsi : ça doit protéger du mieux possible sans entraver la pratique définie, ni blesser l’utilisateur… D’autres marques prennent leurs responsabilités et suivent des normes proches.

C’est que la liste des normes en vigueur n’est pas figée. Elle évolue même selon un processus dont l’appareil européen a le secret. Il compte notamment des conseils nationaux où siègent des représentants de l’industrie locale, conseils eux-même représentés auprès de l’organisme Européen de Normalisation pour faire évoluer les normes en vigueur…

 

 

Normes utiles…

Reste pour l’heure qu’on est en droit de s’interroger : dans ce contexte, quelles sont les normes auxquelles se fier ?! Petit tour d’horizon…

 

[toggler title= »EN 1078 – Casques » ]

C’est LA norme européenne obligatoire pour les couvre-chefs. Outre certains éléments préalables comme la résistance à l’arrachement, elle consiste surtout à tester le casque au dessus de la ligne que l’on utilise habituellement pour déterminer le tour de tête. Une tête normalisée équipée d’un capteur, est insérée dans le casque. L’ensemble est lâché d’une certaine hauteur, sur une enclume. On mesure, à l’intérieur de la tête, la décélération, qui doit toujours être inférieure à 250g.

4 casques sont utilisés, chacun pouvant subir jusqu’à 4 impacts si nécessaire. Certains lieux d’impacts sont imposés par la norme, d’autres sont suggérés par le fabricant. Dans tous les cas, 120mm doivent séparer chaque impact. Deux formes d’enclume sont utilisées : plate et d’angle. Les hauteur de chute et les poids des têtes diffèrent dans ce cas. Les conditions varient également : chaud (50°C), froid (-20°C) et à température ambiante (20°C généralement).

 

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[toggler title= »EN 1621-1 – Genouillères, coudières, épaulières » ]

Comme précisé auparavant, il ne s’agit pas d’une norme spécifique vélo… Mais une norme édictée pour la moto ! Elle consiste à une série de 12 impacts d’une énergie de 50 joules, soit 1kg tombant d’une hauteur de 5m. On mesure alors la force résiduelle, en N, transmise par la protection.

Deux niveaux existent : à l’origine, ils visaient à dimensionner correctement les protections pour les usagers de véhicules limités à 50Km/h – Niveau I – et les autres, jusqu’à 110km/h – Niveau II. Pour le premier, la force résiduelle ne doit pas dépasser 35kN en moyenne, avec pic accepté sous 50kN. Pour le second, moyenne de 20kN avec pic à 35kN.

Comme pour les casques, ces essais sont faits dans différentes conditions climatiques, dont très froid, très chaud, et par temps de pluie/forte humidité. À noter que de nos jours, ce ne sont plus forcément les équipements complets qui passent les essais, mais parfois seulement les coques qu’ils renferment. Ça permet notamment aux fabricants de s’appuyer sur la certification du fournisseur de coque auquel ils font appel. On évoquait D3O, par exemple, dans précédentes parutions… 

 

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[toggler title= »EN 1621-2 – Dorsales » ]

Même cas de figure pour cette seconde partie de la norme EN 1621, qui concerne les dorsales. Cette fois-ci, deux endroits sont visés, chacun pour subir 5 impacts de 50 joules. Pour une dorsale de niveau I, la force résiduelle ne doit pas dépasser 18kN, avec pic toléré à 24kN. Pour une dorsale de niveau 2, la force ne doit pas dépasser 9kN, avec pic autorisé à 12kN.

Dans tous les cas, un chiffre circule régulièrement sur le sujet. Il est attribué au corps médical. Seule une protection réduisant à 4kN serait suffisante pour garantir l’absence de lésion. Au delà, la protection servirait avant tout à en diminuer l’importance, pas à s’en prémunir totalement.

 

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[toggler title= »EN 1938 – Masques » ]

Ici aussi, la norme que l’on évoque est celle en vigueur pour la pratique de la moto, y compris les différentes pratiques Motocross dont on connait la force des projections. À elle seule, cette norme pourrait mériter une article pour en préciser le contenu. Elle passe effectivement un certain nombre de cas de figure.

Elle impose notamment la présence de matériaux souples pour le contact avec le visage, la bonne tenue et la solidité du strap selon certaines sollicitations, la présence d’aérations ne permettant pas l’insertion d’objets de plus de 1,5mm de diamètre,  un champ de vision précisément défini par des dimensions et schémas, une diffraction de la lumière limitée de l’écran, une filtration de catégorie 0 à 2 avec luminosité de plus de 18%, et une résistance à l’impact de projectiles…

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Les autres normes pour casques

Voilà pour les normes les plus couramment rencontrées sur le marché. Du moins, celles en vigueur sur le territoire européen. Il n’empêche qu’en ce début de vingt-et-unième siècle, nous vivons dans une globalisation qui touche en premier lieu les produits que nous utilisons. Les protections en font partie et la plupart doivent donc respecter les normes des différents marchés où elles sont vendues.

Les marchés américains et australiens y vont de leurs normes qui, si elles ne sont pas strictement identiques à celles en vigueurs en Europe, visent la même chose : garantir notre protection. Les différents responsables de l’industrie rencontrés à l’occasion de cette enquête semblent s’entendre sur ce point. Et puisqu’il protège notre tête, le casque semble être le nerf de la guerre ou du moins, l’élément sujet aux efforts les plus importants ces temps-ci…

 

[toggler title= »CPSC – La norme fédérale américaine » ]

Sur certains points, cette norme peut paraitre plus exigeante : 8 casques testés, une troisième enclume hémisphérique, des impacts plus importants et des zones plus rapprochées. Mais la limite des G admissible est plus importante, à 300g, et la ligne au dessus de laquelle les essais sont effectués est plus haute sur la tête. L’un dans l’autre, ça se vaut.

D’autant qu’il y a la norme, et son application. Là où le règlement européen définit assez précisément quels organismes de certification peuvent exercer sur le territoire, la régulation américaine offre plus de largesse. Le respect de cette norme est indispensable, mais il est accepté que les fabricants, s’ils en ont les moyens, fournissent la preuve du bon respect du protocole et effectuent eux-mêmes les essais.

 

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[toggler title= »ASTM F1952 – Casques de Descente et mentonnières » ]

Pour la petite histoire, l’ASTM est un organisme américain qui a été créé par les industries du pays pour favoriser l’élaboration de normes. Il en promulgue donc plus que le gouvernement fédéral n’en généralise. L’ASTM F1952 en fait partie, c’est une norme volontaire (donc pas rendue obligatoire par la loi) portant sur les casques de Descente VTT.

En premier lieu, elle définit un protocole d’essai à l’impact, assez semblable aux normes EN 1078 et CPSC exposées précédemment, si ce n’est que : les niveaux d’impact sont plus importants et que la ligne au dessus de laquelle sont effectués les impacts est plus basse (environ 20mm sur les côtés, 25mm à l’arrière env.) Il doit donc en résulter des casques plus protecteurs, et plus couvrants.

Néanmoins, en dessous de cette ligne, la norme ASTM F1952 n’exige pas la présence d’une mentonnière. Par contre, elle oblige à la tester si elle est présente. Dans ce cas, l’essai consiste à une masse de 5kg tombant de 40cm sur la mentonnière. Elle ne doit pas se déformer de plus de 60mm.

Enfin, une fois encore, il y a la norme, et son application. Le texte de l’ASTM F1952 est clair : un casque doit remplir l’ensemble des conditions – impact au dessus du tour de tête ET mentonnière – pour être certifié ASTM. Ceux qui clament que la mentonnière est certifiée ASTM commettent soit un abus de langage, soit sont en infraction par rapport à la norme. Un casque certifié ASTM F1952 l’est dans son ensemble, ou ne l’est pas.

 

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[toggler title= »AS/NZS 2063 – La norme australienne » ]

Il s’agit de la norme en vigueur sur les sols australiens et néo-zélandais. À bien des égards, elle est intéressante pour montrer comment on peut concevoir les choses de manières différentes en travaillant sur un même sujet. Ici, les impacts sont traités de manière assez proche des autres normes, avec une limite à 250g.

Des exigences de pics plus restrictives (200g sur moins de 3ms et 150g sur moins de 6ms sont ajoutées) s’ajoutent. Tout comme une exigence existe sur la répartition des efforts lors d’impacts. La norme AS/NZS 2063 impose que la force ne dépasse pas 500N sur une surface de circulaire de 100mm2.

Elle impose aussi plusieurs autres tests sur la tenue et le maintien en place du casque, tout comme elle teste la déformation de la visière pour s’assurer qu’elle ne vienne pas obstruer le champ de vision. Pas plus de 6mm sous une charge de 2kg, pendant 30s.

Dernier détail qui a son importance sur le design et l’esthétisme : la norme AS/NZS 2063 impose que la coque ne dispose pas d’aspérité dépassant de plus de 5mm la surface moyenne. Ceci afin d’éviter qu’elle ne s’accroche et ne fasse tourner le casque lors du contact avec l’obstacle…

 

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[toggler title= »MIPS – Pour forces rotationnelles » ]

Tiens tiens… Une disposition pour éviter la rotation lors d’un impact : ça nous amène à parler des forces rotationnelles. Jusqu’ici, les impacts considérés par les normes sont linéaires. Or, la plupart du temps, lorsque notre tête, ronde, tape, elle a aussi tendance à tourner, ce qui provoque des forces/mouvements/accélérations particuliers, dont les effets seraient au moins aussi dévastateurs.

Pour en réduire les effets, l’idée est d’en limiter l’intensité. Et pour ce faire, les fabricants redoublent d’ingéniosité pour faire en sorte que les casques absorbent une partie de cette énergie rotationnelle. C’est notamment le cas du dispositif MIPS qui, ces dernières années, s’est imposé comme une exigence du marché.

Attention, pour l’heure le MIPS n’est pas un standard ou une norme. Mais on en parle ici puisque c’est le dispositif qui semble avoir le plus progressé en la matière. Notamment parce que l’organisme qui se charge du développement du dispositif, a aussi travaillé à un protocole et une machine d’essai, que l’on croise chez certains fabricants. Giro/Bell, à l’origine du MIPS, et Met/Bluegrass, notamment, sont les deux seules à notre connaissance, à disposer de ce matériel en interne.

Pour aboutir, il faut désormais que la science détermine avec exactitude quelle valeur limite garantie la protection des personnes, tandis que le protocole doit encore être verrouillé pour garantir sa répétabilité. À l’échelon européen, le groupe de travail ayant produit la norme EN 1078 pour les casques planche sur une version préliminaire d’un tel standard depuis 2017.

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Le marquage CE ?!

Voilà pour les normes et les règlements en vigueur qui imposent que les produits disponibles à l’achat garantissent un certain niveau de protection. Regardons maintenant du côté des règlements qui imposent, ou non, le port de ces protections. À la rédaction, le casque et les genouillères sont entrés dans nos habitudes au point qu’on se sent à poil, mal à l’aise, et incapables de rouler sans. Un peu comme la ceinture de sécurité en voiture… 

Néanmoins, rien ne nous y oblige, ou très peu. Le code de la route ? Il impose le port du casque jusqu’à 12ans, mais après… C’est pourtant bien parce qu’il impose un certain niveau de protection aux motards que certaines normes évoquées dans cet article existent. Les règlements fédéraux en compétition ? Là aussi un certain flou existe. En l’absence de normes précise et dédiée à la pratique cycliste, la plupart des règlements des compétitions VTT imposent un marquage CE pour toute preuve de conformité de l’équipement.

Or la seule présence de ce marquage ne signifie finalement rien, ou si peu, en matière de niveau de protection. Tout comme la présence d’une mentonnière sur un casque non plus. Chez nos amis motards, rien n’est parfait non plus, mais leur règlements, eux, stipulent les normes que les casques, dorsales et plastrons doivent respecter pour concourir.

 

 

Nos préconisations

Alors, au moment de conclure cette enquête, que l’on s’entendent bien. Nous, journalistes, n’avons pas vocation ou mandat pour légiférer. Mais à quoi bon soulever des faits, si ce n’est pour se forger une opinion à leur sujet, en notre âme et conscience ?! Faire un état des lieux, et livrer des repères sont les objectifs premiers de cette enquête, alors on s’engage et faisons nos propres préconisations.

Tout d’abord, on ne peut que souhaiter que les Déclarations de conformité des produits soient facilement accessibles. Certaines marques le font via leur sites internet respectifs. Souhaitons que ça devienne une habitude, pour ne pas dire la norme. Ce simple document permet de se faire une idée précise des normes respectées et donc du niveau de protection offert par le produit. Y avoir accès avant achat semble indispensable.

Notamment pour s’assurer que les produits que l’on achète respectent bien les normes que l’on préconise ici. Le tableau, ci-dessous, les résume, pratique par pratique…

CasqueDorsaleGenouillèresCoudièresÉpaulièresVision
TrailJet - EN 1078Légères - marquage CE
(optionnelles)
Légères - marquage CE (optionnelles)Lunettes
All MountainJet - EN 1078Légères - EN 1621-1 Niveau 1légères - marquage CE (optionnelles)Lunettes
EnduroJet - EN 1078 ou intégral léger à mentonnière (amovible ou non) ASTM F1952EN 1621-2 Niveau 1 à 2EN 1621-1 Niveau 1EN 1621-1 Niveau 1
(optionnelles)
EN 1621-1 Niveau 1
(optionnelles)
Masque EN 1938
DescenteIntégral à mentonnière fixe ASTM F1952EN 1621-2 Niveau 2EN 1621-1 Niveau 1EN 1621-1 Niveau 1EN 1621-1 Niveau 1Masque EN 1938

 

 

Remerciements… 

Merci aux entreprises Met/Bluegrass d’une part, et Giro/Bell d’autre part, pour nous avoir ouvert leurs portes, notamment celles de leurs bureaux d’étude et laboratoires d’essais européens et américains, afin d’y trouver réponses et illustrations à nos questions. La première, parce que ses membres participent à l’élaboration des normes européennes, et la seconde, parce qu’à l’origine du travail mené actuellement sur les forces rotationnelles. Merci également à l’ensemble des interlocuteurs de l’industrie qui – chez Urge, Troy Lee Design, Kali, Leatt, Poc, Racer, G-Form, Specialized et 661 – ont tour à tour apporté des réponses et remarques constructives ayant permis l’élaboration de cette enquête 😉 

Rédac'Chef Adjoint
  1. Il y a quelques erreurs genre :
    – 50 joules, soit 1kg tombant d’une hauteur de 1m,
    – 20kN (20kg)
    à moins que la gravité sur la terre est augmentée

    1. C’est corrigé, merci 😉 La gravité terrestre n’a pas variée, au contraire de celle des erreurs humaines visiblement 😉

        1. C’est pourtant bien l’unité que l’on retrouve partout dans les propos au sujet des normes EN 1621. Il faut reprendre la mécanique de l’impact pour saisir cette valeur : la masse de 5kg subit une accélération de 9,80m/s2 en tombant sur une hauteur de 1m. Ça lui procure une énergie de 50 joules (E=mxgxh). C’est cette énergie qu’elle a au moment de heurter la protection, et qu’elle lui transmet. Dans les infimes instants suivants, cette énergie est transmise sur une distance très faible (quelques millimètres tout au plus, déformation de la protection, l’enclume et la masse pouvant être considérés comme indéformables…). Or l’énergie, c’est le travail d’une force, soit le produit force x distance. La distance est très faible, de l’ordre du millimètre, donc les 50 joules engendre une force considérable. Ne pas oublier que tout ça se joue à l’échelle de la milli-seconde. Pour faire le parallèle avec le casque, on parle de 250g, ce qui est énorme, mais ça intervient dans un laps de temps très court, de l’ordre des millisecondes… Pour un casque, l’impact est fini en moins de 15ms.

          1. ça reste énorme, pour une masse de 5kg, 35kN, ça fait 7000G, soit 1.3mm de déformation, en gros ça n’absorbe rien , non ?
            et c’est bien le but de la protection absorber l’énergie ?

          2. Si, ça absorbe. Imaginons faire le même essai sans la coque entre la masse et l’enclume. Si on reste sur le principe qu’ils sont indéformables, la valeur de la force tend vers l’infini, puisque la distance tend vers 0… Si on veut être plus réaliste, et qu’on admet qu’en faisant ça, on va mater les deux surfaces métalliques qui entrent en contact… Disons sur une distance de 0,5mm pour être généreux, en suggérant que finalement, l’un ou les deux sont assez tendres > Ça fait 100kN de force. Vs 35kN, ça fait 60% de gagné. La question alors, c’est de savoir si les 40% restant suffisent à créer une lésion ou non, et si oui, laquelle. Pour l’heure, je n’ai pas suffisamment d’informations là-dessus, mais je n’abandonne pas le sujet pour autant. Pour l’heure, on sait déjà quantifier ce que l’on gagne entre rien, niveau 1 ou niveau 2. Pour ce qui est des lésions, de leurs effets, et de ce qu’elles impliques, on a d’autres pistes pour compléter. Patience, on y viendra 😉 En attendant, pour une protection : Absorber est en partie la fonction, répartir en est une autre. La norme Australienne sur les casques en tient compte par exemple…

  2. Merci. Article très bien synthétisé
    Même si on s’écarte de l’enduro il existe une norme pour les speedbike : NTA 8776

    1. Bonjour Yohann,

      effectivement, ça fait partie des normes dont on a eu l’occasion de discuter durant nos échanges. la vidéo permet de voir comment se situe les lignes de tour de tête au dessus desquelles les casques sont testé, c’est intéressant. L’un dans l’autre, puisqu’aucun produit spécifique VTT ne cherche à respecter cette norme, on l’a tenue sous silence. Dans l’esprit, c’est l’ASTM F1952 qui s’en rapproche 😉

  3. Super article, et le tableau récap en fonction de quelle pratique, ah mais quel plaisir !

    Une question subsiste, pour les épaulières, qu’en est-il ?
    M’étant fracturé la clavicule tout récemment, sans avoir ma dorsale (alpinestars vector tech) ce jour là, je me demande si elle aurait pu servir à quelque chose ahah
    Sauf que je ne trouve pas d’info sur les normes de protections pour épaule

    Je compte la changer, et j’hésite entre une poc SPINE VPD 2.0 (car certif niv 2) ou sur une VPD AIR+ TEE (certif 1 mais mini épaulière et mini plastron)

    1. Merci Florian. Bien vu > j’ai tenté de résumer et en ai un peu mis de côté les épaules. Le mot apparait bien dans le titre de la partie consacrée à la norme 1621-1, mais je ne les ai par exemple pas mises dans le tableau des suggestions. Je les ajoute ! En réalité, la norme moto 1621-1 porte bien sur les « coques de protections pour épaules, coudes, genoux et hanches ». les épaulières entrent donc dans ce cadre et doivent répondre aux mêmes exigeances. D’ailleurs, certains modèles de vestes font usage de coques à peine moins couvrantes que celles utilisées pour les genoux, parfois les mêmes que pour les coudes 😉

  4. Bonjour Antoine,

    Joli exercice que d’expliquer la mécanique fine d’une certification CE en un article… 😉
    Quelques précisions utiles, j’espère dans le choix des protections.
    -Comme tu l’as mentionné les directives EU ce réfère à des normes ou standard. Cependant l’importateur (et pas forcément le fabricant) dois démontrer que le produit est conforme pour son utilisation. Cette démonstration est effectuée par une analyse de risque (FMAE dans le jargon). L’importateur/fabricant devra donc tenir compte des normes de bases. MAIS en fonction de l’utilisation, en enduro dans notre cas, il devra aussi fournir une analyse de risque qui prends en compte les risques spécifiques. (Ce que résume très bien ton tableau Antoine).
    -Vous avez le droit en cas de doute de demander à l’importateur/fabricant la déclarations de conformité issue de son analyse de risque. C’est même une obligation pour tout produit vendu en EU. (le fameux papier que personne ne lis…). L’ensemble déclaration de conformité + manuel doivent être remis dans la langue du pays où le produit est vendu.
    -Ne pas confondre non plus CE (=China Export) et C E (=Certification européenne). « Non c’est pas une blague Belge »

    Si ces conditions ne sont pas remplies, ça sent mauvais…
    Mon conseil, acheter le matériel dédié à votre pratique. « Et pas un casque XC pour faire de la descente ! ». Acheter dans des marques établies. Oui c’est plus cher, mais toutes ces certifications pour nous protéger ont un cout également… (15 à 20% du coût de fabrication)

    Pour ce qui est de la législation, c’est effarant de ne pas rendre obligatoire un simple casque pour les plus de 12 ans lorsque l’on connait les conséquences d’un impacte pour un cycliste. A l’heure où l’on vous verbalise lorsque vous dépasser de 1KM la limitation de vitesse. Je ne comprends pas.

    Bon Antoine tu n’hésites pas pour la mise sur le marché du premier casque « ENDURO TRIBE »! 😉
    A+

    Xavier

    1. Bonjour Xavier,

      Pour une collab’ peut-être ? Après avoir mené cette enquête, ce serait au moins le gage que l’on a prêté attention aux exigences évoquées ici 😉

      Je ne suis effectivement pas entré dans le détail parce qu’il me semblait qu’au final, l’utilisateur doit davantage se soucier des normes respectées que de qui les fait respecter… Mais dans les détails du texte (articles 10 & 11), le règlement européen comporte une section très conséquente sur qui est chargé de quoi. Effectivement, soit le fabricant se charge directement de la conformité, soit l’importateur peut se charger de ce travail. Le règlement fait aussi la distinction entre « importateur » et « distributeur », ce dernier devant « simplement » s’assurer que le fabricant a bien fait son travail de certification, là où l’importateur doit s’en charger.

  5. Bonjour, article instructif !
    Dans un autre registre, mais toujours sur le sujet de la protection, il serait intéressant d’avoir un comparatif des différentes polymères utilisés par les marques : d3o, sas tech, fox F3, leatt airflex ou 3df, etc… sur la base de test labo comme vous avez déjà fourni pour les freins pr exemple.
    y’a-t-il une différence d’efficacité quand à l’absorption de choc ou peut on dire qu’elle est identique puisque tous se contente de répondre aux exigences minimales de la norme ? Quid de la souplesse, finesse, poids, etc… ?
    Même chose pour les technologies similaire à MIPS..
    Aujourd’hui toutes les marques développent leur propre techno / matériaux et il est difficile d’y voir claire sur le marché quand beaucoup propose leur produit en d3o ET en sas tech ou encore certains comme fox qui propose le même produit dans une version avec leur matériau maison, et une en d3o… et surtout au même prix… l’arbitrage est de plus en plus complexe…

    1. Bonjour Marc, c’est noté. On a d’ailleurs un comparatif à sortir bientôt, sur des genouillères « légères » qui répond en partie à la question, même si c’est pas sous cet angle en priorité qu’il est abordé.
      Pour apporter un élément de réponse sur le confort et l’aspect : à l’heure actuel, c’est D3O qui apporte le meilleur compromis souplesse/légèreté/durabilité et à en croire la norme protection. Le SAS Tech est plus raide, moins souple, et le FOx F3 plus fin, moins protecteur. Le Leatt Airflex semble très proche du D3O 😉

  6. Très bon article
    Je suis surpris que les marques ayant des produits avec dorsale de niveau 2 ne communique pas plus sur le + important que cela apporte par rapport à un niveau 1. Une explication sur les raisons sur cette faible mis en avant ?

    1. Bonjour Eric,
      merci 😉 En matière de communication, il y a bataille. Les défenseurs du niveau 1 prônent le confort et le poids supérieur, ce qui fait que ceux du niveau 2 sont plus discrêts. Pour avoir plusieurs pads dorsales de nivea 1 et 2 à l’essai actuellement dans un vêtement près du corps : le niveau 2 est roulable, mais c’est vrai qu’il a un encombrement et un poids supérieur. Si l’on reste léger dans ce que l’on emporte, et que l’on empile rien d’autre dessus, il reste tout à fait acceptable, et c’est même celui que j’utilise en priorité. Mais si je dois placer une poche à eau ou un sac par dessus, j’aurai effectivement tendance à rester niveau 1 pour éviter d’avoir quelque chose de trop proéminent sur dos 😉

  7. Intéressant comme sujet.
    Moi je m’interroge tout de même sur les masques dit MTB, si on regarde bien la plupart ne sont pas EN1938 contrairement aux autres modèles prévu pour la moto par exemple ! Cela veut il dire qu’ils sont moins protecteurs ? je parle par exemple des leatt mtb et des smith squad.

    1. Effectivement. Après, si l’on regarde le détail de la norme pour masque de Motocross, elle est avant tout pensée pour protéger contre les projections en provenance de la roue arrière des autres pilotes – cailloux et autre, projetés à grande puissance. De telles projections n’ont pas lieu en VTT, sur pistes entretenues. L’ordre de grandeur de vitesse des projectoins est moindre. On peut par contre s’interroger sur les risques liés au branchages qu’on heurte parfois à hauteur de yeux et qui sont plus prohéminents/fixes/solides…

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