Mission Bluegrass – Virée de contrebandiers, entre Suisse et Italie…

2020… Vu sous un certain angle, on en parlera forcément longtemps comme d’une foutue année. Pourtant, malgré le contexte, la vie continue de prodiguer des instants précieux, pour ne pas dire magiques. Simples, mais passionnés et heureux.

Ces mots résument ceux de Vincent, celui qui, au sein de la communauté Endurotribe, a eu l’opportunité de remplir la Mission Bluegrass. On a déjà pris le clavier pour livrer ce que l’on a découvert à cette occasion – le Bluegrass Rogue… 

Mais voler deux jours en Italie entre deux confinements, au nord du lac de Côme, méritait d’y consacrer plus qu’une simple article sur le produit. L’aventure, le ride, l’ambiance et tout ce que l’Italie (et sa frontière Suisse) peuvent prodiguer, méritent aussi d’être partagés… 


Temps de lecture estimé : 8 minutes – Images : Ulysse Daessle & Endurotribe


Plus q’un simple matin…

« Le jour où j’ai reçu le mail d’Antoine et Quentin, j’étais comme un fou. Dans la vie de tous les jours, je suis médecin. Pour la petite histoire, je m’étais inscrit au concours à 4h du matin, en pleine garde. Je venais de voir un gamin aux urgences, il m’inquiétait. Je tournais/virais dans ma chambre de garde en attendant les résultats des biologies… J’ai allumé mon téléphone. Endurotribe est la première page qui s’ouvre habituellement dans mon navigateur. J’ai lu en quoi consistait la mission…

« Là y’a du très bon ! Chaud comme un cadet, je m’inscris ! »

Le contexte de la mission était particulier… Le covid, l’Italie, forcément ça jette un froid au début… Quand tu sais ce que le pays a ramassé quelques mois auparavant, tu te dis que tu vas te faire tout petit, et profiter de l’essentiel : la vie. Dès les premiers contacts avec Antoine & Quentin, je sais qu’on va passer un moment comme je les aime : simple, avec du partage, de la bonne humeur, du beau paysage. Les basiques : il n’y a que ça de vrai dans le contexte actuel ! Je suis d’autant plus enthousiaste que c’est pour moi l’occasion d’avoir un œil médical sur des produits, des casques, des protections. Je rêve d’allier un jour, médecine et vélo… »

La mission…

Quelques jours après. Nous voilà donc sur les rives du lac de Côme. Le train enchaine les tunnels qui lui permettent de se frayer un chemin le long de la côte escarpée qui fait la renommée des lieux. Entre chaque, nos regards ne perdent pas une miette du spectacle. Les montagnes, abruptes et bien garnies, suggèrent de renfermer des trails ancestraux.

Entre curiosité et expectative, les minutes qui nous séparent de Morbegno, notre destination, paraissent de plus en plus longues. À tel point qu’on est à deux doigts de descendre une gare trop tôt. C’est un signe ! Quel que soit le contexte, nous sommes ici en émissaires de la Rédaction. On vient découvrir des produits, enquêter, poser des questions, apporter notre regard et capturer ce qu’il peut y avoir de bon à partager avec la communauté Endurotribe…

« En lisant les lignes d’Antoine concernant notre rôle à jouer, je savais qu’on allait vivre un moment particulier. Probablement unique pour moi d’ailleurs. Découvrir un nouveau produit, un casque – et bien plus encore – non commercialisé(s) à la date du trip, forcément ça en jette ! Apporter un regard « amateur » – celui de monsieur tout le monde – est important pour les marques. Il y a beaucoup de dimensions qui rentrent en compte… »

Inside !

Non loin de là, Bluegrass, Ulysse et Achille, nous attendent…  La ville de Morbegno et ses environs ont une dimension modeste, mais comme partout dans le nord de l’Italie, on sent une industrie qui fourmille. L’usine Met/Bluegrass prend d’ailleurs place dans une petite zone industrielle littéralement posée au pied des montagnes…

« Quand tu rentres dans les locaux, tu as une vue de folie sur les sommets, des poules dans le jardin, des chevaux, et les trails qui débouchent à deux pas de l’usine ! Ulysse – the man ! – nous fait visiter. Tu sens tout de suite un truc : les mecs sont simples, la tête sur les épaules, humbles, gentils et surtout : passionnés. Dès les premiers échanges, les discussions sont ouvertes, les ingénieurs sont curieux, n’hésitent pas à te demander ton avis, sur le design, les procédés utilisés. On a accès aux fichiers informatiques, aux ébauches, aux dessins. C’est « cartes sur table » et c’est la folie de vivre ça. J’apporte un petit œil médical, notamment sur les prochaines nouveautés Bluegrass, et c’est vraiment cool. Dream comes true ! »

La visite…

La visite est intense et constitue le premier sommet de la mission. De ces moments intemporels, la tête plongée dans les produits, les échanges, les process, les technologies… Des esquisses, des éléments finis, des billes et des moules, des machines, des casques passés au banc, des courbes, etc… Ce genre de moment où t’en oublie de regarder la montre, et où c’est ton estomac qui finit par te rappeler à l’ordre ! Ça fait près de 4h et on n’en rate pas une miette…


« La visite du labo est top. On casse du casque ! En tant qu’amateur, c’est dur d’imaginer tout le process qui permet d’arriver à un produit final… On peut suivre tout le cheminement de la commercialisation d’un casque : les premiers dessins, la sécurité avec les tests aux labo, la peinture… On peut même voir comment étaient fait les anciens casques. En rentrant, j’ai retrouvé un vieux casque Met avec lequel ma mère avait couru en DH, bien évidemment sans mentonnière… Ils étaient fous à cette époque… »

Warm up !

Dehors, la pluie a bien arrosé les trails, mais s’arrête au bon moment. C’est l’heure d’un petit warm up. C’est que depuis notre arrivée, les montagnes environnantes nous appellent et promettent de belles pentes. Il est temps d’aller voir ça de plus près…

« On prépare nos Kona Remote. Petit set up des suspensions et Antoine se charge de bien veiller au colormatching vélo/bonhomme ! Dès les premiers ronds de pédales, je me dis « purée, heureusement qu’Ulysse a prévu des VTTAE ! » Ça monte vite, et c’est raide ! Les trails sont pentus, techniques et ont du flow : ils vont bien avec les vélos ! La pluie rend les chemins encore plus techniques mais ça n’empêche pas Ulysse de se lâcher. Le gars tire à chaque caillou et met son Remote perso en travers, dès que l’occasion se présente ! Déchainé ! »

À l’italienne !

De quoi, creuser l’estomac. Quelque part, tant mieux ! Parce qu’en Italie, mieux vaut avoir de de la place de ce côté là… 

« Quand tu vas en Italie, forcément il y a quelques trucs qui te viennent en tête et qui font cliché : des pizzas, des chaussures pointues, des belles lunettes, et du luxe ! Mais une fois sur place, un truc m’interpelle assez vite : l’Italie vient de traverser un moment douloureux, qui fait froid dans le dos. Pourtant, ceux qui nous accueillent ont tous le sourire, de la joie de vivre, de la gentillesse ! Une bonne leçon de vie. En 4 jours, finalement, on n’a pas mangé une pizza ! Au lieu de ça, Ulysse nous a permet de faire un tour de la gastronomie italienne et on en prend plein la tronche ! Ici, où qu’on mange, c’est bon ! La moindre tartine dans un petit bouiboui, vaut des points ! N’importe quel serveur te demande pourquoi tu es là, si ça te plait… L’accueil et les sourires vont avec ! La France est le pays de la gastronomie, mais on a quand même du boulot de ce côté-là. Bravo les Italiens ! »

L’autre dimension…

Pour nous VTTistes, le succès des lieux réside aussi, peut-être, en l’étendue des possibilités à VTT. C’est la cinquième ou sixième fois que le métier m’amène dans le nord de l’Italie, entre le la de Côme et le lac de Garde. La plupart du temps, dans des endroits qui ne parlent pas aux oreilles des VTTistes comme des spots internationaux. Pourtant, j’y trouve toujours une certaine alchimie so Enduro ! Une part d’aventure, une part d’histoire et des chemins qui perdurent depuis des décennies.

Cette fois, c’est autour de Tirano, de part et d’autre de la frontière Suisse, que ça se déroule. Mission dans la mission > 45km, 1500m D+ / 3000m D-. On suit le chemin de la contrebande, entre le Col de Bernina et la frontière italienne. C’est qu’ici, la frontière suisse fait un décroché : elle quitte la ligne de crêtes pour venir jusqu’au bas de la vallée, à deux pas de la ville. Une particularité qui a longtemps attisé les convoitises et nourri certaines intentions. Pour nous, ce sera en toute légalité, mais à vélo. Départ de Tirano par le train à 7h, retour en vélo pour un Spritz à 19h ! Entre les deux : des glaciers, des sentiers, des rochers, et des endroits improbables…

« La montée en train se fait lentement, mais tu en prends plein les yeux ! Le paysage est magnifique, c’est la montagne, la vraie… À l’arrivée, en haut de Bernina Pass, le fond de l’air est frais, revigorant ! La vue sur les lacs est magistrale. Antoine, Ulysse et Achille repèrent un endroit pour immortaliser ça ! La matinée est royale… On roule quasi que des singles en haute montagne, à la cool, en profitant à fond. On n’oublie pas pour autant les premiers tests avec le nouveau casque : masque, lunette, sans rien, tout y passe ! Les chemins sont naturels, verts, ça brille ! Le seul truc que tu croises, c’est des vaches ! Après quelques heures sur le vélo, on arrive au refuge. Au milieu de nulle part, avec une église magnifique plantée là. C’est presque irréel. Au bord du sentier, la pancarte annonce le gite et met l’eau à la bouche ! 4 bières – une chacun 😉 – et on discute des produits. Quand tu commandes une salade, la serveuse va la cueillir dans le jardin et sort le plateau de charcuterie du garde manger à deux pas ! »

En cette presque fin d’été, le soleil baisse tout doucement et les rayons qui découpent les crêtes alentours nous rappellent qu’on ne peut pas rester là infiniment. On pourrait continuer encore le récit. Vous raconter les relais pour transporter le matos photo permettant d’illustrer tout ça. Le dernier chemin digne d’un Epic Enduro et l’euphorie grandissante au fur et à mesure de la descente. La raison pour laquelle Ulysse est un habitué du bouclard du coin… Mais comme toujours, il y a des choses qui restent là où elles ont lieu. Pour nous, c’est un peu l’occasion d’y revenir, voir d’y rester, par la pensée. Quelque part, en dehors du temps, sur les hauteurs de Tirano, et en bonne compagnie…