Nouveauté – Yeti SB165, la ré-interprétation ?!

Soyons clairs : avec l’avènement des roues de 29 pouces pour la pratique de l’Enduro, les 27,5 pouces sont clairement moins tendance actuellement. Au point que les arguments puissent manquer au moment d’expliquer pourquoi, ou comment elles sont encore utilisées… 

Et c’est un peu le cas, en première lecture des éléments qui nous parviennent au sujet du Yeti SB165. Pourtant, si ce vélo existe, c’est qu’il y a une raison… Laquelle ?! C’est sous cet angle que l’on passe en revue les caractéristiques précises du dernier gros bébé venu des montagnes du Colorado…

 


Temps de lecture estimé : 5 minutes – Photos : Yeti


 

 

 

Le dilemme du moment…

Quelque part, c’est une évidence : à l’heure actuelle, promouvoir un tout nouveau vélo d’Enduro en 27,5 pouces n’est pas chose aisée. D’une part, le message le 27,5 pouces n’est pas mort sonne un peu comme un aveu de faiblesse et un constat, aussi amer soit-il pour certains…

D’autre part, cantonner les roues de 27,5 pouces à du gros débattement n’a plus de sens. Une marginalisation d’autant plus compliquée à gérer à l’heure où les vélos de Descente aussi passent aux grandes roues. Comment justifier tout ça ? Le paradigme ne serait-il tout simplement pas le bon ?! 

Dans les deux cas, des bases clairement friables pour étayer le lancement d’un nouveau vélo dans ce format de roue. Pourtant, si l’on se réfère à ce que l’on a déjà pu écrire sur le match 27 vs 29 pouces, une autre solution existe… Et c’est bien celle-là qui justifie, aussi et surtout, l’existence même du Yeti SB165 !

 

 

[divider]Yeti SB165[/divider]

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  • Usage Enduro
  • Roues en 27,5 pouces 
  • 165/180mm, Fox 36 & Vanilla/DHX2
  • Triangle avant & arrière carbone
  • Reach 480mm en taille L, offset 44mm
  • Roues DT Swiss, 30mm

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Dans les détails…

Le format des roues, c’est avant tout une question de goût ! Tempérament, style de pilotage, état d’esprit du moment… C’est pareil, mais en différent… Un peu, justement, comme l’exercice auquel s’est prêté le bureau d’études Yeti pour développer son SB165 : même design et mêmes concepts que les autres modèles de la gamme – en 29 pouces majoritairement – mais travaillés différemment. Avec, ici, l’idée de faire un vélo pour envoyer gros, dans les conditions extrêmes de pente et d’engagement…

[toggler title= »Côté géométrie » ]

C’est pour ça que côté géométrie, le Yeti SB165 pousse le bouchon un cran plus loin. 63,5° d’angle de direction, c’est un degré d’angle plus couché que le SB150 – 29 pouces – déjà offensif. Avec 77° d’angle de selle, le Yeti SB165 semble cependant conserver une certaine propension à pédaler… S’engagerait-on dans le sillage des Pole Machine, Geometron & Co par ici ?! 

Ce ne sont en tout cas pas les empattements avants et totaux qui vont contredire l’idée : 822mm et 1255mm en taille L, c’est généreux ! De quoi rouler vite, aller fort, et surtout, ne pas resté les roues tanquées dans le premier trou un peu gourmand. Ou bien, encore, avoir la place pour s’abaisser sur le vélo et rester derrière la roue avant, quelle que soit l’inclinaison de la pente…

 

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[toggler title= »Côté suspension » ]

Dans l’idée, les roues de 27,5 pouces peuvent avoir un avantage : celui de retranscrire plus fidèlement le terrain à son pilote. Quand ça devient chaud et extrême, ça peut avoir son avantage pour réagir dans l’instant, sans filtre, si l’on a le tempérament qui va avec. Encore faut-il que le vélo travaille correctement pour que ça reste un intérêt, et non un handicap. Raison pour laquelle le Yeti SB165 se destine exclusivement à l’usage d’un amortisseur à ressort. La marque souhaite jouer du fait que ce soit toujours plus réactif et dynamique que l’équivalent à air.

Reste que pour bien faire, il faut travailler la cinématique en conséquence. Et en la matière, la Switch Infinity a ses propres caractéristiques qu’il faut aussi respecter. C’est un signe de maturité, la marque a les idées claires sur ce qu’apporte son concept, et sur ce qu’elle doit respecter pour assurer que son identité se retrouve à l’usage…

Pour l’usage d’un ressort, la cinématique chère à Yeti se pare donc simplement d’une progressivité plus importante. Entre la valeur initiale du ratio et celle de fin de course, 27,5% d’écart, là où c’est significativement moins d’habitude, avec les amortisseurs pneumatiques utilisés par ailleurs. L’idée ainsi étant de garder la sensibilité légendaire de son système, tout en favorisant un bon maintien à mi-course, et l’absence de talonnage quand on tape au fond… C’est surtout, aussi, l’occasion de démontrer qu’aussi particulier soit-il, le concept de suspension propre à Yeti dispose d’une marge d’exploitation intéressante…

 

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[toggler title= »Côté specs » ]

En matière de montage, logiquement, le Yeti SB165 va dans le sens des dispositions prises jusqu’ici pour en faire un gros vélo. D’abord, la fourche en 180mm, le débattement le plus important disponible de série sur les Fox 36. En matière d’amortisseur, l’offre varie du Fox Vanilla au DHX2 en fonction des niveaux de gamme. Dans tous les cas, ressorts de 350lbs (S), 400lbs (M & L) ou 450lbs (XL).

Comme sur le reste de la gamme, c’est un petit plateau de 30 dents qui prend place sur le pédalier en 170mm de manivelles ici. Sur les jantes en 30mm entre crochets, Yeti monte les carcasses Exo+ qui commencent à apparaître en première monte. Logiquement, disques en 200mm avant/arrière et sur la balance, des poids qui vont de 14,1kg (T3) à 14,89kg (C1) en fonction des montages.

Détail des montages > https://www.yeticycles.com/bikes/sb165/?guide:spec-geo

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Qu’en penser ?!

Voilà donc un bel effort de la part de la marque emblématique du Colorado. Un effort à double titre ! Pourquoi ?! D’abord, parce qu’elle ose proposer quelque chose à ceux qui ne veulent pas des grandes roues pour pratiquer l’Enduro, quitte à ce que ça paraisse contre tendance ou cliché, à première vue. Ensuite, parce qu’elle aurait pu se reposer sur un concept bien huilé et maîtrisé en roues de 29, mais a choisi de le mettre à l’épreuve d’un retour aux petites roues, pour tenter d’y voir une vision moderne des choses.

Un signe de confiance, de maturité et de maîtrise qui fait de toute façon du Yeti SB165 un modèle nécessaire à la gamme de la marque américaine. Pas nécessairement en terme de volume, mais pour participer à l’effort de diversité et pour donner un repère qui serve à tous les segments. Après le Mondraker SuperFoxy, c’est au tour du Yeti SB165 de repousser des limites pour s’offrir plus d’espace et de possible… Affaire à suivre !

Rédac'Chef Adjoint
  1. Perso j’y aurai bien mis une 36 / 170 / 29 mais ça ne sera pas pour maintenant vu que mon SB150 est en montage

  2. Salut le mag!
    Est-ce qu’on peut légitimement parler d’une niche désormais pour le 27,5″?
    Les gammes des marques sur le segment enduro en 27,5″ se réduisent (commencal, canyon, spé, entre autre), la vitrine EWS est sans appel: les pilotes roulent majoritairement en 29″, on peut se demander quel est le devenir du 27,5.
    Chez Endurotribe, vous qui êtes proches des marques, quel est leur discours à ce sujet?
    Est-ce qu’on tend vers du 27,5″ radical, pour répondre à une micro demande en freeride (comme la tentative du canyon Torque, qui un hybride enduro free ride mais qui ne semble pas trouver sa clientèle)?
    Le 29 est-il clairement l’avenir du marché enduro avec des géomètries qui vont encore se travailler?

    Merci,

  3. Hello
    le 27,5 est mort? La bonne blague.
    Je pense encore une fois qu’il y une volonté double des acteurs du marché:
    1) Fournir des VTT pointus pour des pilotes pointus (EWS)
    2) Et en même temps changer les standards pour forcer le marché à s’équiper à nouveau

    Donc les constructeurs sortent des formules 1 pour les compétiteurs (la mode du moment étant des enduro longs et bas en 29 pouces).
    Mais est-ce que les rider lambda (comme moi) peuvent exploiter ces machines de guerre? J’en doute un peu quand même. (le 27,5 marche très bien pour moi)
    Mais comment ne pas supposer que le marché veut aussi renouveler le parc avec de nouveaux standards? Il suffit de voir le marché de l’occasion où tous les gars revendent leur 27,5 qui marchaient au top il y a à peine 2 ans pour passer sur des bikes en 29 présentés comme le graal…

    En attendant, on ne parle pas trop du 29/27 qui est en train de faire ses preuves en compétitions. Evidemment il faut écouler les stock de 29…
    (à l’image de SPE qui commercialise le Demo 29 mais rien de prévu pour le 29/27).
    Avoir une vitrine technologique qui fait avancer le marché c’est bien.
    Vouloir imposer cette vitrine aux pratiquants de masse me semble inepte par contre.

    Je ferai un parallèle pour illustrer cette marche forcée du marché:
    En surf est-ce que le surfeur lambda doit surfer la planche de Kelly Slater car elle marche super pour lui? La réponse est évidemment non car il faut être très fort techniquement et physiquement pour exploiter cette board.

    Sinon le Yeti a l’air bien sympa en Freeride/gros enduro parce que la plupart d’entre nous souhaite juste faire les con et envoyer du bois sans regarder le chrono :o)

    1. C’est un petit peu plus nuancé que ça dans la mesure où les 27,5 pouces qui sortent ou se mettent au gout du jour profitent aussi des évolutions que les 29 apportent avec des reach, des angles, des progrès en matière de cinématique… donc quelque part, je ne suis pas certain que le format de roue mérite de cristaliser l’attention à ce point. On est pas dans un match 27 vs 29, on est dans une évolution de l’offre globale vers des vélos qui brisent les chaines avec un héritage de cyclisme traditionnel pour aller vers quelque chose de bien plus « gravity », pour reprendre les termes utilisés par les marques. C’est encore plus flagrant avec les vélos en 130/140mm qui étaient encore de gros vélos de XC il y a 3ans, et qui basculent petit à petit 😉

    2. Tu devrais essayer ces machines de guerre comme tu les appelles et tu verrais que même un rider lambda roule plus fort et plus safe avec.

      1. 100% d’accord aussi !!! tout est plus simple avec une machine de guerre, le seul risque est de décupler le plaisir 😉

    1. J’ai un grand respect pour le bonhomme, mais attention tout de même à une chose : s’il y a bien un mec hors norme sur terre capable de rouler en 27,5 comme s’il était sur un 29, c’est justement Sam Hill et son relâchement/assurance inimitable. C’est donc assez facile de dire « si lui y arrive nous aussi on doit pouvoir », mais il me semble qu’il a déjà largement prouvé par le passé qu’il était capable de faire des choses uniques. C’est d’ailleurs ce qui fait sa légende… #valdisole #champery

    1. Visiblement, pour l’instant, en dehors de VAE, les marques ne se sont pas décider à le proposer. Ça sera sans doute pour les prochaines générations 2021.

  4. David, c’est remarque sur les marques qui nous font du marketing, je l’ai lu 1000 fois. Ca doit être rassurant à écrire, mais objectivement, que de progrès dans le vélo. Et quel plaisir d’en profiter aux premières loges.

  5. On n’a jamais vu un seul pro arriver avec son nouveau 29 pouces et tout déchirer d’un coup, par magie…
    Ceux qui gagnaient avant, dans la taille de roue inférieure, ont souvent, mais pas toujours (…), continué à performer et ceux qui jouaient rarement le podium ne sont pas devenus les nouveaux leaders.
    Alors faut arrêter de nous expliquer que le 29″ c’est l’arme absolue.

    Et on peut quand même dire que le marketing nous a pondu de belles escroqueries. Allez, au hasard: les cintres en 35mm pour remplacer le 31.8mm.

  6. Hello Laugot
    je ne suis pas réfractaire au progrès (je ne roule plus en 26 pouces ;o) ) et les VTT modernes sont vraiment plus sympas à rouler que les anciens. Pas de doutes là dessus.
    Après profiter des nouveautés dans les premiers c’est un choix qui appartient à chacun (et en fonction de ton budget aussi car on ne parle pas d’une paire de chaussures)
    Enfin pour ce qui est du marché, des vrais progrès et des tendances qu’on force, je connais un petit peu (je bosse dans le marketing). Donc je dirais que toute nouveauté n’est pas forcément meilleure que la version précédente. Il y a aussi des enjeux du marché sur la montée en gamme, le renouvellement de parc, les ventes additionnelles etc…

  7. 100% d’accord aussi !!! tout est plus simple avec une « machine de guerre » le seul risque est de sentir son plaisir décupler 😉

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