Dopage EWS – Richie Rude autorisé, mais absent, à Rotorua !

Après les soupçons et l’officialisation de la procédure dont il fait l’objet, la question était dans tous les esprits : Richie Rude, l’un des pilotes de pointe de la discipline, serait-il ou non au départ de la saison Enduro World Series 2019, le 24 mars, à Rotorua (NZ) ?! 

Certains pilotes, comme Kevin Miquel encore récemment dans nos colonnes, appelaient à une clarification de la situation, et à des prises de positions claires, pour le bien et l’avenir de ce sport en plein essor. 

Un appel d’autant plus fort que la mise à jour du règlement EWS 2019 en fin de semaine dernière pouvait supposer différents scénarios. Les dernières 24 heures ont finalement été instructives en la matière. Endurotribe fait le point..! 

 


Temps de lecture estimé : 4 minutes – Photos : Enduro World Series


 

 

Les scénarios possibles…

Suite à la mise à jour du règlement des Enduro World Series 2019, deux points notables pouvaient occuper les esprits. Le premier, la mise à jour du paragraphe concernant la lutte anti-dopage, et l’alignement pur et simple des EWS sur les règles de l’UCI. Le second, l’ajout d’un paragraphe détaillant l’éthique des athlètes et ce que l’organisation serait en droit d’attendre des pilotes en matière de comportement…

Un second point qui sonnait même comme une mise en garde, suggérant entre les lignes de se tenir à carreau et de ne pas porter atteinte à l’image des Enduro World Series sous peine de s’exposer à la suspension ou l’exclusion de la compétition. Compte tenu de la situation, il était difficile de ne pas s’interroger sur l’usage et l’application de ce dernier paragraphe. Les EWS auraient-elles à en faire usage dès le début de saison ?! A-t-il servi à clarifier la situation avant l’ouverture de la saison ?! 

 

 

La position des EWS

C’est possible, mais non confirmé. La communication qui s’en est suivie laisse planer le doute sur le véritable rapport de force qui s’est joué ces derniers jours. Toujours est-il que la position des EWS en ce début de saison est désormais connue. Chris Ball, directeur des Enduro World Series, ayant adressé un mail à l’ensemble des pilotes et team managers pour les en informer. Il rappelle ainsi que…

« Pour des raisons de réglementation anti-dopage, de respect du droit des athlètes et des procédures […] les Enduro World Series sont 100% extérieures à toute procédure. Comme elles doivent l’être. […] Les détails des enquêtes en cours sont strictement confidentiels. Seuls deux parties y ont accès : les athlètes concernés et l’agence de contrôle. […] Il doit en être ainsi pour maintenir l’impartialité et la neutralité des contrôles anti-dopage.”

En conséquence, il apporte une réponse à la question croissante qui leur est adressée : les athlètes concernés par la procédure en cours sont-ils autorisés à courir ?!

« La réponse est oui. […] Les EWS fondent leurs décisions sur des éléments factuels avérés. Tant que les parties concernées par la procédure en cours n’ont pas de décision formelle à nous transmettre, nous n’avons pas d’éléments officiels sur lesquels nous baser. […] C’est en respectant cette procédure, et en traitant tous les cas de cette même façon, que nous [en tant qu’organisateur des EWS] maintiendrons la légitimité de la discipline dans le long terme. […] Il s’agit simplement de respecter les droits des athlètes et maintenir les standards éthiques élevés auxquels nous croyons fermement. »

Vu sous cet angle, la position des EWS pourrait donc trahir une touche d’impuissance adjointe à l’extrême impartialité dont l’organisation doit faire preuve. Chris Ball conclut cependant sur un habile appel du pied qui, mis en perspective avec le contenu pouvant être interprété comme dissuasif du paragraphe éthique des athlètes, prend une certaine valeur…

« Tant qu’une procédure reste ouverte, et que nous ne recevons aucune notification ou mandat de suspension à l’encontre d’un athlète, la seule raison pour laquelle il ne prendrait pas le départ d’une course serait qu’il s’abstienne de lui-même. Les EWS respecteront toutes décisions prises par les parties concernés d’ici à ce qu’une décision soit prise par l’agence en charge de la procédure. »

 

 

La décision de Richie Rude

Suite à ces propos, Richie Rude ne s’est pour l’heure pas exprimé publiquement. Pour autant, un récent post sur son compte Instagram contenait un intrigant #norotorua en signature. Une publication du 2 mars et un hashtag non utilisé depuis qui laisse suggérer que la décision était prise en amont de la communication officielle qui a lieu en ces jours-ci…

Dans tous les cas, si l’on en croit les propos de nos confrères anglo-saxons Pinkbike, auprès desquels il s’était déjà confié au moment de rendre sa situation publique, Richie Rude aurait confirmé qu’il ne serait pas au départ de la première manche des Enduro World Series 2019, à Rotorua, le 24 mars prochain.

 

 

La suite ?!

Voilà donc la situation clarifiée en ce début de saison. Pour autant, le flou règne toujours en ce qui concerne la suite. L’épilogue de cette affaire reste suspendu à une décision de la commission disciplinaire de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD). Interrogée à ce sujet, l’AFLD indique simplement que…

« Comme pour toute procédure en cours, et pour respecter son intégrité, l’AFLD n’est pas en mesure de commenter quoi que ce soit à son sujet. » 

Il se pourrait donc que la situation actuelle perdure au moins encore plusieurs semaines voir mois, puisque habituellement, les procédures de la sorte prennent une bonne année, voir plus, avant de connaitre leur dénouement. Il se murmure, ça et là, un délais portant jusqu’au second trimestre 2019. Wait and see. 

Rédac'Chef Adjoint
  1. La position adoptée par les différentes parties est compréhensible.
    Ce qui l’est moins, en tout cas pour moi qui ne connaît pas trop le sujet, c’est qu’il puisse y avoir un délai d’un an pour avoir des conclusions.
    Si vous pouviez m’éclairer sur les raisons d’un tel délai.

    1. Bonjour Eric,

      on ne va pas se lancer dans un cours de droit complet, mais certains points sont tout de même intéressants pour saisir les délais en vigueur. D’abord, la comparution immédiate est un concept qui existe dans le droit français, mais il reste réservé à des cas mineurs. Lorsque l’importance des faits est suffisamment grande, un temps long est nécessaire à l’instruction. D’abord, pour éviter à qui que ce soit d’être dans l’émotion ou la hâte en matière de jugement. Ensuite, afin de laisser un temps jugé suffisant à chaque parti pour constituer sa défense et se arguments. Après, une procédure est un ensemble d’étapes au niveau desquelles des jugements, des transmissions d’information, des possibilités d’appel et de recours doivent exister afin, une nouvelle fois, que chacun puisse faire valoir ses droits et défendre sa position. Un certain formalisme, qui prend du temps, est nécessaire afin de garantir que la procédure en elle-même soit irréprochable, et que l’égalité face à la loi soit respectée pour tous, d’une procédure à l’autre. Enfin, nous n’en avons pas les détails précis, mais certaines étapes de la procédure requiert la constitution de commission dont la composition doit respecter certains critères. Et comme toujours lorsqu’il s’agit de réunir plusieurs personnes de profils précis en un même lieu, dans un même endroit, ça prend du temps. Compte tenu de la saisonnalité, des enjeux et du fait que la compétition ne s’arrête pas pendant que la procédure est en cours, une année parait effectivement long, mais en matière de procédure, il ne s’agit finalement pas d’un délais si important, quand on sait que dans certaines affaires, les procès ont parfois lieux plusieurs années après les faits.

  2. Si l’Afld tiens tant à son intégrité elle pourrait être plus transparente, le manque d’information n’inspire pas vraiment confiance…

    1. Elle peut effectivement paraitre opaque dans la mesure où il n’est pas possible de savoir où en est la procédure, mais en ce qui concerne son contenu et les différentes étapes, l’AFLD est transparente à ce sujet. Elle respecte notamment le Code Mondial de Lutte contre le Dopage qui détail à bon niveau les différentes règles et étapes à respecter dans ce type de procédure. Y’a 145 pages, mais pour ceux qui veulent avoir une idée précise de ce dont il est question, la lecture est assez rustre, mais intéressante : on y trouve les détails à propos des échantillons A et B, les différentes étapes et recours possibles, qui a responsabilité de quoi, qui est tenu d’être informé ou non, les informations qui doivent être échangées à chaque étape, etc… C’est très carré et on sent que l’impartialité, la reproductibilité et les droits des athlètes sont au coeur du truc > https://www.wada-ama.org/fr/ressources/le-code/code-mondial-antidopage

  3. Un autre point à prendre en compte (article 10.11 du code de la wada), c’est que si les conditions correspondent, la début de la suspension (si il y en a une) peut être celle du prélèvement (donc l’EWS Olargues) ou celle de la dernière violation (donc potentiellement l’EWS Finale). Et mine de rien ça peut faire une sacrée différence entre une suspension qui touche la seule saison 2019 et une suspension qui pourrait déborder sur 2020 (ou plus)…

    On peut donc raisonnablement s’interroger sur les raisons qui motivent le non-départ (à confirmer) de Richie.

    1. Il existe effectivement la possibilité, à l’article 10.11.3.2, que le sportif accepte de son propre chef une période de suspension provisoire. Dans ce cas, le sportif pourra faire valoir la déduction du temps écoulé entre sa décision volontaire et l’énoncé de la sanction. Richie Rude n’a pour l’instant pas souhaité s’exprimer publiquement pour apporter des précisions sur les motivations de sa décision, mais il s’agit d’une possibilité. Ce serait d’ailleurs logique de sa part de tirer pleinement parti de sa décision.
      Nous avons, par ailleurs, confirmation que la nature des substances détectées n’impliquait pas une suspension provisoire de la part des instances de contrôle. On peut donc penser qu’il ne s’agit pas d’une suspension provisoire passée sous silence, à moins justement, qu’elle émane volontairement de l’athlète.
      Dans tous les cas, il est presque certain qu’une sanction définitive n’a pas été prononcée par l’AFLD, à moins qu’elle l’ai été récemment. L’article 14.3 stipule qu’elle a obligation de divulgation publique des sanctions, dans un délais de 20 jours. Nous avons vérifié chaque publication de l’agence, et les suivons avec extrême attention, depuis la date du contrôle jusqu’à ce jour… Et nous ne manquerons pas d’en relayer les résultats s’ils s’avèrent significatifs.

  4. le »code mondial » c’est vraiment une vraie partie de rigolade tout se cinéma

    pour les athletes qui se dopent ,la sentence doit etre : »RADIE A VIE »

    les punitions ne font pas assez peur.ceux qui se dopent y reviendront toujours pour rester en haut du classement.

    HONTE à toutes ces personnes qui consommme pour pratiquer en amateurs ou pros

  5. Merci pour ta réponse
    Effectivement du formalisme est nécessaire mais n’étant pas sur du droit commun, je trouve malgré tout ça long.
    Que ça soit pour la personne incriminé, pour le milieu ou pour l’opinion publique, un traitement rapide serait souhaitable.
    Il y a des échantillons à examiner, des personnes à entendre et une conclusion à donner, ça me semble pas la « mort ». Du moins pour la 1ère partie de la procédure, après, il peut y avoir appel, contre appel etc, etc … qui, ça, peut être long.

    1. C’est justement cette seconde partie qui peut être longue et redondante… Et puisqu’en plus, il s’agit de garder la confidentialité au cas où il n’y aurait finalement pas sanction…

  6. Pour être précis, le hashtag utilisé par Richie Rude n’est pas #norotorua mais #notrotorua. Cela pourrait donc être interprété comme une désambiguïsation du lieu de la photo (This is not Rotorua) plutôt que l’annonce d’une absence (No rotorua for me)… s’il n’y avait pas quelques milliers de kilomètres entre la Nouvelle Zélande(Rotorua) et l’Arizona (Sedona). Gnark…

    1. Bien vu, ça a du sens. Dans tous les cas, ça ne participe pas à clarifier la situation 😉

      1. C’est marrant, depuis le début, je pense exactement la même chose que toi… et je me dis que si ça se trouve, il se mort les c######s d’avoir utilisé “innocemment” ce hastag le père Rude… : )
        Du coup, il ose plus rien dire…

  7. C’est marrant, depuis le début, je pense exactement la même chose que toi… et je me dis que si ça se trouve, il se mort les c######s d’avoir utilisé « innocemment » ce hastag le père Rude… : )
    Du coup, il ose plus rien dire…

    1. j’avais pensé la même chose à vrai dire en voyant la publi et la confusion possible autour du mot clé… Mais depuis PB a appuyé cela en disant que Rude leur avait confirmé son absence

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