Fred Horny, de retour au Québec… Partie #2, Chicoutimi et le paradis du Lac Saint Jean

Dans le milieu, Fred Horny fait figure d’OVNI, ou presque. Coté boulot, il y a fort à parier que nombre d’entre nous l’ait déjà croisé une clé en main, entre deux tours de vélos d’essai ou une assistance sur un des nombreux événements de la saison.

D’autres ont peut-être eu la chance de le voir se produire autrement, un instrument de musique ou un cintre en main. Toujours authentique, enthousiaste… Des restes d’un bout de vie passé au Québec fut un temps ? Qui sait !

Le voilà justement reparti là-bas, et par chance, il a décidé de nous embarquer dans ses sacoches. Suite et fin de l’aventure : après Montréal et les baleine de Tadoussac, Chicoutimi et le paradis du Lac Saint Jean…

 


Temps de lecture estimé : 7 minutes – Récit et photos : Fred Horny


 

 

Après avoir longé le fjord du Saguenay, me voilà arrivé à destination, du côté de Chicoutimi. Un trail center a été créé grâce à l’association de la ville, du club local, de la commune et de partenaires.

Environ 35km de singles en plein cœur de la ville. Incroyable ! Beaucoup de pistes noires vraiment techniques cohabitent avec des pistes plus modérées composées de roches plates, de racines, et entourées d’une excellente piste verte qui procure un plaisir intense tout du long.

 

Vous savez ces sentiers tellement bons, que même si on est fatigués, donnent envie de pédaler encore un peu plus et plus fort ? Cet endroit est de ceux-là.

On a jamais envie de s’arrêter.

Le plan des pistes, présent à chaque intersection, ressemble à un mikado géant, et les combinaisons possibles sont infinies. Alors que je suis en train de faire quelques clichés, un rider s’arrête.

C’est Phil, qui n’hésite pas à faire une heure de route régulièrement pour venir rouler ici :

« – Ça te dis-tu d’embarquer avec moi pour une ride ?

 

– Oh que oui ! »– Fred

 

Et nous voilà partis pour un tirage de bourre magistral, tout en puissance. Suivre quelqu’un qui connaît les trails par cœur, c’est se donner le droit d’attaquer un peu plus au guidon, mais en sécurité, comme dans un pullman en quelque sorte.

 

 

L’ami est ému de notre rencontre et ravi d’avoir partagé ces tours de roue. Un tel accueil à 6000 bornes de notre chère France ne me laisse pas indifférent non plus.

 

 

On s’achève sur la piste de 4X et le Pumptrack , au milieu des kids du club de Chicoutimi qui s’entraînent inconsciemment à parfaire leur technique sur leur semi-rigide de XC. Phil est un peu cuit, je retourne sur les singles. On se recroisera certainement !

 

 

Il est déjà temps pour moi de continuer ma route vers Saint-Félicien, où l’association Vélo route des Bleuets m’a convié en toute sympathie, et plus particulièrement leur division VTT, Velo2Max. Le charme du village de Saint Felicien n’a pas son pareil. J’admire le parc du centre au coucher du soleil non loin du fleuve.

 

 

A dix minutes du centre village, le site de Toboski pointe le bout de son nez. Petite station de ski familiale, elle a notamment accueilli une manche de la Coupe du Monde de VTT XC en 2007.

J’y retrouve mon guide, Nelson, qui est en charge de tous les tracés et de l’organisation générale du site. Le gars connaît chaque coin de cette montagne comme sa poche.

 

 

Velo2Max est une association à but non lucratif (totalement indépendante de la partie ski l’hiver) qui a pour but de promouvoir le vélo de montagne autour du lac Saint Jean, qui regorge de spots époustouflants.

Grâce à la ténacité et au dynamisme de leur président d’association Martin, qui a su conjuguer appui des communes alentours, contribution de partenaires financiers privés et mise en commun de la passion du cyclisme, et de passionnés engagés, cet endroit a tout du paradis du vélo. D’ailleurs toute l’équipe, composée d’une quinzaine de personnes, pratique régulièrement, du bûcheron au caissier.

 

 

L’effervescence est de mise en ce mercredi, car ce week-end a lieu le Grand Raid Boréal, ici même, qui compte pour le Championnat National. Trois traceurs pendant cinq jours rien que pour aller poser tous les fléchages, et autant pour les démonter ensuite. Au menu, 15, 30, 45 ou 60km de « vrai VTT ». Nous allons vérifier cela sur le terrain.

 

 

Ici, les forêts de bouleaux cohabitent avec d’énormes sapinières. Il a plu des trombes toute le nuit, pourtant pas de flaques, nous pouvons « ouvrir » quasiment comme sur terrain sec. Une fois de plus, ne pas compter faire plus de 30km hormis en arrivant de bonne heure.

Mais quel plaisir d’évoluer en pleine nature, sur ces sentiers créés en harmonie avec l’écosystème local, de la manière la plus éco-responsable possible. Les virages relevés sont juste trop bons, et on se met à regretter que le dénivelé ne rende pas possible de descendre encore, et encore…

 

 

Mais c’est en même temps un des points forts du site. La possibilité de piloter sur des pistes aux si belles courbes sans avoir besoin de remontée mécanique ni de pédaler 1500m de D+ pour ensuite les avaler d’une traite à la descente, c’est une vision différente du VTT, et pour ma part j’ai de suite accroché.

Il est très facile de s’orienter dans cette vaste forêt grâce à un système de circuits indiqués par des pastilles, le code couleur permettant de savoir en permanence le niveau d’éloignement du point de départ. Bien vu.

 

« On coupe certains arbres, bien sûr, mais soigneusement sélectionnés pour pouvoir laisser son petit voisin s’épanouir et ainsi entretenir la forêt, m’explique un travailleur rencontré. »– Fred

 

Une application smartphone permet même aux usagers de signaler précisément un problème aux patrouilleurs, comme un arbre tombé par exemple.

De lac aux castors à descente type DH, en passant par des passerelles en bois au dessus de marécages et montées techniques, chalet en bois au milieu de nulle part, pour terminer par un run de 5 km sur des rochers lisses de toute beauté (oui oui, 5km !), cet endroit est un peu celui de tous les superlatifs.

 

De manière générale, je qualifierais même l’aire du lac Saint Jean de paradis de l’All Mountain. Ça parle vélo, ça respire vélo, été comme hiver. Avec la traversée du lac en plein hiver en fatbike, le cœur même de cet environnement bat au rythme de votre coup de pédale.

Nelson m’explique le nouveau projet un peu fou qu’ils ont déjà entamé, en l’occurrence un sentier multifonctionnel, qui permettra à terme de relier tous les villages environnants à VTT, cheval ou autre.

Le premier tronçon, déjà validé, fait 45km, et l’ensemble fera plus de 180km. De « vrai VTT ». Connaissant maintenant mon guide, je n’ai aucun doute là-dessus.

Le lac Saint Jean s’étend sur plus de 1000 km2 , et il y a largement de quoi passer une semaine de VTT dans une diversité de paysages quotidienne.

On peut citer entre autres Metabetchouan (18km de trails), le Norvégien, ou Nico Lau aide en ce moment même à créer de nouvelles pistes ( 20km), Dolbeau Domiski (20km), Alma Dorval, Mont Édouard, Mont lac vert (20 km chacun).

Le site de Saint Felicien est le plus grand avec plus de 85km en tout. Ce site est aussi sélectionné par les écoles en biologie pour venir y étudier la flore très riche, c’est dire à quel point l’endroit est préservé.

Toute cette région est relativement dépendante économiquement de l’activité touristique et notamment du vélo, et le fait que des associations qui ne soient pas créés dans un but capitalistique aient les rennes de ce secteur en fait un must, qui saura sans doute rester authentique et centré sur l’essentiel.

En repartant, à contrecœur, arrêt obligatoire à la ferme des 3 J, où l’on achète le fromage « kwouitch kwouitch », surnommé ainsi car il fait ce bruit en le mâchant, le même qu’on avait sur nos poutines il y a quelques jours.

 

 

La boucle est bouclée.

Ha non, pas tout à fait, le retour se fera par la diagonale de la Mauricie, un des sites sauvages les plus préservés qui existent. Splendide. Aucun commerce ou point de chute sur plus de 200km.

 

 

Après une sortie à vélo dans Montréal et un passage inévitable pour observer les dernières lueurs du soir éclairer les courbes du Mont Royal, c’est déjà l’heure de rentrer dans l’Hexagone, des souvenirs plein la tête.

Si ce récit vous a donné des idées d’évasion Québécoise, j’en serais ravi, et vérifiez bien votre sacoche de vélo avant le décollage, il se pourrait que je me glisse à l’intérieur ! 😉