Fred Horny, de retour au Québec – Partie #1, de Montréal aux baleines de Tadoussac

Dans le milieu, Fred Horny fait figure d’OVNI, ou presque. Coté boulot, il y a fort à parier que nombre d’entre nous l’ait déjà croisé une clé en main, entre deux tours de vélos d’essai ou une assistance sur un des nombreux événements de la saison.

D’autres ont peut-être eu la chance de le voir se produire autrement, un instrument de musique ou un cintre en main. Toujours authentique, enthousiaste… Des restes d’un bout de vie passé au Québec fut un temps ? Qui sait !

Le voilà justement reparti là-bas, et par chance, il a décidé de nous embarquer dans ses sacoches. Première partie de l’aventure sur les bords du Saint Laurent, de Montréal aux Baleines de Tadoussac…

 


Temps de lecture estimé : 6 minutes – Récit et photos : Fred Horny


 

 

Arrivée à Montréal, cette ville où les chums ont des blondes et où les blondes ont des chums. Avant d’arriver chez Lapierre, j’habitais ici jusqu’en 2011, et c’est la première fois que je reviens.

Séquence émotion d’entrée. Le temps de saluer Nico Lau qui arrive en même temps que moi, lui depuis l’Alsace, moi depuis Lyon. L’heure d’attente à l’aéroport Eliott Trudeau, jusqu’à ce que mon pote d’enfance Clem me récupère, me laisse le temps de replonger petit à petit dans la culture locale. Ses mots anciens, ses expressions francisées.

Et les autres, bien anglophones. Ses habitants si souriants, simples et sympathiques, et leur accent. Ont-ils simplement trop de souplesse dans les joues ?

 

Ce trip m’amènera à parcourir le Québec sur les spots VTT All Mountain, où l’on remonte à la force du jarret.

Si j’arrive à rencontrer les associations locales, qui sont indispensables ici à la création et l’entretien de pistes encore plus qu’ailleurs, ce serait excellent.

Pour sauver le sol de requins financiers assoiffés du moindre dollar, il est vrai que les associations fleurissent au Canada, collectant de l’argent pour acheter et garder des terres ancestrales sauvages et les préserver de toute exploitation.

 

L’effet pervers est que l’accès à ces terres privées devient très réglementé, et le plus souvent payant. Heureusement, à côté de cela, les terres appartenant à la couronne, c’est-à-dire à l’état, bénéficient de l’immunité et ne pourront jamais être achetées. Nous aurons l’occasion de rouler sur certaines de ces terres.

 

 

Ayant travaillé à SkiBromont dans le passé, mon aventure se devait de commencer ici, sur le plus grand domaine de ski éclairé d’Amérique du Nord. Nous sommes ici en présence d’une entreprise qui a créé un vaste Bike Park, à la fois orienté DH, accueillant dans le passé une Coupe du Monde et encore aujourd’hui des Coupes du Québec et du Canada, et All Mountain avec plus de 30 km de pistes. Premier constat : oubliez tout repère de distance parcourue en Europe lors d’une sortie classique.

 

 

« Une bonne sortie ici, en pédalant vraiment bien, sera de l’ordre de 20km. »

 

Le dénivelé est moins fort que dans les Alpes, certes. Les montées ne se font en revanche jamais sur chemin blanc, mais toujours sur des sentiers, et plutôt techniques, tournicotant sans arrêt, conjuguant racines, pierres et franchissements. On se surprend à prendre autant de plaisir en montée, à franchir des portions avec du flow.

 

 

« C’est vraiment l’fun » comme le disent si bien nos cousins Québécois. Les descentes, qui procurent en moyenne 350/400m de D- par run, offrent du flow, des virages relevés, des sauts, de magnifiques points de vue.

 

Pas de temps mort. Les locaux affluent progressivement en ce vendredi après-midi. Les Dodge Ram et autres GMC fourmillent au bord du lac Brome. Du côté des filles, c’est l’effervescence du repérage avec une course d’Enduro qui leur est dédiée le dimanche, alors que le samedi accueillera une Coupe du Québec de DH. Les équipes terminent de peaufiner le shaping de certains passages, le tout dans la bonne humeur.

 

On aura roulé une vingtaine de kilomètres et pris un sacré plaisir, dans une relative fournaise.

 

 

Direction Saint Adèle le lendemain, à 40 minutes en voiture de Montréal, l’un des coups de cœur du séjour. Ici c’est l’association locale, www.pleinairsteadele.com , qui avec l’aide de la commune propose une bonne vingtaine de kilomètres de singletrails en milieu naturel. L’endroit est réputé pour ses sentiers raquette l’hiver, il le sera bientôt pour l’été également, cela ne fait aucun doute !

Ce sont des passionnés pratiquants qui ont tout tracé, et ça se voit au premier coup d’œil, aussi bien dans les virages relevés, absolument exquis à déguster à la montée comme en descente (les chemins sont toujours à double sens au Québec), que dans les sections rapides, avec de belles marches et des beaux sauts.

 

 

On suit les traces d’une Coupe d’Enduro qui a eu lieu il y a un mois. Force est de constater que les « racers » ont dû prendre bien du plaisir .

On se tire la bourre, et après deux bonnes heures, on commence à être cuits, les relances ont eu raison de nos jambes. C’est l’heure d’aller savourer un « lunch » à la boulangerie du coin. Mais avant ça, dernier ride sur la piste de DH du village.

 

« Drops, relevés, doubles, whoops et consorts pour un run façon 4X de la belle époque. Épique. »

 

Un groupe de jeunes s’amuse sur les bosses du bas. Impossible de ne pas imaginer le prochain Steve Smith parmi eux.

En soirée, il est temps pour moi de prendre la route vers la ville de Québec, rejoindre des amis d’enfance et y déguster obligatoirement une poutine, le repas classique (frites, sauce et fromage frais du jour, super léger …).

Nous sommes ici en plein sur les traces des amérindiens, tout y fait penser, jusqu’au nom des villages bien sûr. Un détour par le parc de la Jacques Cartier, sans vélo cette fois, est un plus car l’endroit est tout simplement splendide.

 

 

Le ride du lendemain, à Saint Raymond, semble compromis en raison d’une météo épouvantable. Je discute avec les locaux. Ça va être très, très boueux. Je préfère prendre directement la longue route qui me mènera sur la rive Nord du fleuve Saint Laurent. Un ferry et 5 heures plus tard, me voila à Tadoussac, et au soleil. Bingo. L’un des spots d’observation de baleines les plus célèbres au monde.

 

 

« Beauté brute d’un territoire hors du temps. »

 

Les touristes (en quantité très modérée) sont assis au sommet d’une butte surplombant l’embouchure Saint Laurent/océan pour tenter de voir, où au moins d’entendre, ces cétacés venus d’un autre monde.

 

 

J’ai la chance de dormir à l’observatoire des ours bruns du Nord-Québec, un endroit authentique. Lever à l’aube, avec des pancakes et du pain perdu fait maison par la maîtresse des lieux. La journée débutera par une descente dans le sable, jusqu’au bord de mer, face au lever du soleil. Majestueux.

 

« Chanceux, j’entends les baleines au loin. Moment de communion avec la nature au milieu des mouettes. »

 

 

Grosse sortie ensuite, à visiter les différents lacs aux alentours des Escoumins, endroit sauvage s’il en est. Après 1400m de D+ et 87 km, il est est temps de reprendre la route en longeant le Fjord du Saguenay, direction le lac Saint Jean pour la suite de mes aventures…

La seconde partie est à lire très prochainement sur Endurotribe 😉