Portfolio : Gaoubi, épisode 2 – Transvésubienne

Vous avez apprécié le premier épisode de la web-série Gaoubi, featuring Théo Meuzard et Alexis Chenevier ? Endurotribe vous fait découvrir en avant-première la suite des aventures des deux riders…


Temps de lecture estimé : 8 minutes – Récit : Théo Meuzard – Photos : Focal 77


 

 

Gaoubi, épisode 2 – Only the brave !

La Transvésubienne, ce mythe du VTT. Entre crainte et adoration, cette épreuve ne laisse jamais indifférent les « braves » qui osent s’y aventurer. Depuis 1987, chaque année des centaines de pilotes s’élancent depuis le Col de La Colmiane (surplombant St-Martin-Vésubie), dans l’objectif de rejoindre Nice, 80km plus loin.

Ce qui rend cette course si difficile, ce n’est pas tant la distance ou le dénivelé, bien que ceux-ci soient importants, mais plutôt la difficulté des chemins empruntés. Du premier au dernier kilomètre, les sentiers sont escarpés, abruptes, et plutôt hostiles à la pratique du VTT. C’est du vélo de montagne par excellence.

Pour ma part, il s’agit de ma 2ème participation, après ma première l’an dernier (où j’avais terminé 18ème). Cette année encore, je vais passer le week-end en compagnie d’Alexis Chenevier, alias « Mr TransVésubienne », invaincu sur l’épreuve depuis sa première participation en 2013.

 

« Pour lui l’objectif est simple et de taille : rester le maître de l’épreuve, gagner une 6ème fois d’affilée, malgré une start-list bien fournie (avec des noms comme Sauser, Larsson, Ojala, Plantet…). » – Théo

 

Dans le cadre de notre web-série « Gaoubi », nous sommes également accompagnés par notre photographe / caméraman Antonin Biez (FOCAL 77).

Il aura la lourde tâche de nous suivre tout le week-end et de capter les moments de vie en dehors de ce qui se passe en course. Ce que nous souhaitons montrer dans cette vidéo, ce sont plutôt les coulisses de la course, ce qui se passe en dehors des moments de vélo.

 

 

Antonin va avoir du job. Il doit mettre en lumière l’aspect « Backstage » de la course.

Vendredi 11 mai – Reco prologue

11h30, rendez-vous est pris avec Alexis à Saint-Martin-Vésubie. J’ai fait le trajet depuis Annecy avec Antonin et hier soir nous avons fait un crochet par Levens pour rendre visite à Titouan Carod et Lucie Urruty, qui en plus de faire partie des meilleurs pilotes mondiaux en XC, sont des hôtes exceptionnels !

Petit repas dans le Van, et nous voilà partis pour la reconnaissance du prologue sous un temps bien menaçant.

 

 

Le tracé du prologue est différent de celui de l’an passé, il est composé d’une petite montée raide et d’une longue descente rapide qui termine dans Saint-Martin-Vésubie. A l’inverse du tracé du dimanche, le prologue est relativement peu technique mais très joueur.

« Les écarts seront faibles ! » – Alexis

Le prologue permet de donner un bonus de temps pour le lendemain : 10min de bonus à chaque participant du prologue, +5min de bonus pour le vainqueur, puis 5min moins l’écart avec le premier pour les autres. Le bonus de temps ne pouvant pas être inférieur à 10min… Un fonctionnement qui n’est pas des plus simples mais qui a toute son importance dans la stratégie de la course…

L’an dernier, le prologue avait permis à Alexis de remporter l’épreuve alors qu’il avait passé la ligne d’arrivée en seconde position le dimanche. Le cumul des temps lui avait permis de repasser devant au classement final.

La reco étant terminée, il est temps d’installer notre camp de base au Col de La Colmiane, où nous allons séjourner jusqu’au dimanche matin.

 

 

Samedi 12 Mai : Prologue

La nuit a été fraîche mais le petit déjeuner au soleil vaut son pesant d’or ! Le moral est comme la météo à ce moment-là, au beau fixe ! Mais cela ne va pas durer…

Le départ du prologue se fait par vagues de 20 toutes les 5min dans l’ordre inverse des dossards. Ayant terminé 18ème l’an dernier, je pars avec Alexis et toutes les têtes d’affiche dans le dernier groupe, ça s’annonce sport ! Le départ est prévu pour 15h25.

 

« 1h30 avant le départ, l’orage s’installe avec une pluie torrentielle… Tout de suite, la motivation en prend un coup, et c’est péniblement que nous allons nous changer. » – Théo

 

Fort heureusement la pluie intense fait place à une pluie plus fine, mais le terrain lui, est déjà détrempé.

 

Durant le prologue, Alexis prend rapidement les commandes et creuse très vite un écart important, diminué à l’arrivée suite à une petite erreur de parcours.

L’essentiel est sauf, il l’emporte avec 11 sec d’avance sur Remy Gena et 17 sec sur un impressionnant Gustav Larsson (ex pro sur route, médaillé d’argent en CLM lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008).

 

 

De mon côté, tout se déroule comme prévu et je prends la 21ème place. Après une longue séance de nettoyage, nous remontons à notre camp de base à La Colmiane.

 

 

 

 

20min de vélo pour 1h30 de nettoyage, un ratio habituel en VTT !

 

Là-haut, un bon repas puis un dernier briefing sur ce qui nous attend le lendemain. Nous jetons un oeil une dernière fois sur le profil. Alex en profite pour commenter les portions que je ne connais pas encore, dont les fameux Brec d’Utelle et Madonne d’Utelle.

 

A l’écouter, j’ai déjà le vertige… – Théo

 

21h30, derniers préparatifs et il est déjà l’heure d’aller se coucher. Le réveil est programmé pour 4h30 du matin.

 

 

Tous les feux sont au vert, plus qu’une nuit salvatrice avant le grand bal du lendemain !

Dimanche 13 mai – Jour J

4h30 du matin, que c’est difficile… Que ce soit pour Alexis ou pour moi, la nuit n’a pas forcément été de tout repos. Nos esprits agités ne nous ont pas vraiment laissé tranquilles. Quoi qu’il en soit, nous sommes déjà concentrés, et le petit déjeuner est silencieux…

 

Entre tension et concentration, ce petit déjeuner n’a pas la même saveur que celui de la veille !

 

Ensuite tout s’accélère, on se change, on plie le campement, et nous allons rouler quelques minutes avant le départ prévu à 7h pétante. La météo se gâte progressivement et nous craignons une course sous la pluie, qui la rendrait autrement plus compliquée et dangereuse. Tout le monde espère alors que le temps s’améliore une fois les hauteurs passées.

En fin de compte, nous commençons à prendre la pluie environ une demi-heure après le départ, et la première heure de course laisse présager ce que tout le monde craint : un chantier naval !

 

« Les premières descentes sont inévitablement très glissantes et nous sommes enveloppés par un épais brouillard. » – Théo

 

Je ne le sais pas encore à ce moment-là, mais Alexis est déjà seul en tête et semble sur une bonne lancée. De mon côté, les choses sont un petit peu plus compliquées. Sans être mauvaise, la forme n’est pas exceptionnelle et je crains que ma stratégie ne soit pas payante (prendre un petit vélo léger pour gagner du temps en montée, et limiter la casse en descente).

Après la première longue descente, je suis 25ème, et je sens que je ne peux pas rouler plus vite. Les choses évoluent quelques temps après en arrivant à Utelle. Nous sommes au 28ème kilomètre et les premières difficultés ont déjà fait du dégât. Je commence à rattraper ceux qui sont partis un peu fort où qui n’ont pas suffisamment ménagés leur monture dans la descente.

Le soleil aussi commence à faire son retour, et c’est un grand soulagement !

 

« La lumière au bout du tunnel… » – Théo

 

La suite sera sur le même schéma, en restant régulier je grappille progressivement des places jusqu’à la 15ème, que je garderais jusqu’à la fin. Les braves le savent, les 5 derniers kilomètres ont été un supplice, composé d’une petite promenade au fond du Paillon (court d’eau à moitié asséché qui traverse Nice et se jette dans la mer). 5km sur un lit de rivière fait de sable, de galets, et d’eau par endroits bien entendu. Le rendement est inexistant et on se demande si un jour on en verra le bout.

Finalement, tout cela se termine par un tunnel de 2km si sombre, qu’il nécessite un arrêt et le montage d’un éclairage puissant. Ceux qui se sont risqués à ne pas prendre d’éclairage l’ont vite regretté, la progression étant impossible. Au bout du tunnel, la lumière, et la plage, enfin. Une arrivée en terre promise sur la fameuse Promenade des Anglais.

A peine arrivé je vais voir Alexis qui tout sourire, m’annonce qu’il a gagné une nouvelle fois !

 

« J’ai roulé devant à partir de la première descente, j’ai imprimé un bon rythme sans trop prendre de risques et ça m’a permis de creuser un écart. Ensuite, j’ai vraiment pu gérer, être à mon rythme sans me mettre en surrégime autant en montée qu’en descente. J’ai eu un peu peur au pied de la dernière montée avec Gustav Larsson revenu à 2min et avec de grosses crampes, mais ça l’a fait. C’était une course parfaite. Je suis trop content ! » – Alexis

 

Epuisé par les 7h d’efforts, même la douche gelée est la bienvenue… La pluie revient en trombe pour accueillir les pilotes au-delà du top 20, histoire de prouver qu’une TransV ne se termine pas en claquant des doigts !

 

Alexis peut avoir le sourire, il assoit un peu plus son statut de leader incontesté de l’épreuve. Une victoire sans compromis.

 

 

La pression retombe enfin, et l’arrivée de cette course marque la fin d’une première partie de saison consistante avec entre autres l’Epic Enduro, quelques courses à étapes et enfin la TransV.

 

« A partir de maintenant ce n’est que du bonus ! »- Alexis

 

Rendez-vous l’année prochaine ? En attendant, rendez-vous mercredi soir sur Endurotribe pour découvrir le film de cette aventure !