Entre les chiffres – EWS Olargues 2018, le retour d’un maître…

La première manche européenne des Enduro World Series 2018 touche déjà à sa fin. L’unique manche française de la saison a véritablement marqué les pilotes par sa difficulté mais s’achève sur un air de déjà vu : Rude et Ravanel en tête !

Cependant n’y a-t-il rien de plus à retenir ? Entre les chiffres révèle cette fois quelques faits de courses très intéressants et qui laisse présager un avenir différent pour les manches suivantes, notamment les 2 prochaines manches sur des terrains typiques des Alpes…

 


Temps de lecture estimé : 8 minutes – Photos : Enduro World Series


 

Au sommaire de cet article :

 

Format de course

Cette fois les données sont claires et bien définies à l’avance. Mais les aléas logistique ont contraint l’organisation à revoir son jeu et à raccourcir certaines liaisons en navettes. Les liaisons à la pédale ont donc été rallongées, compliquant encore plus la donne sur l’aspect physique !

Côté spéciales rien ne change, même si la pluie est venue perturbée la course le dimanche, aucune spéciale n’a été raccourcie comme cela avait été envisagé la veille en cas de forte pluie !

Même si la lecture du format de course ne met pas évidence la spécificité de la SP3, Bardou, une voie romaine interminable pour les bras, elle nous permet surtout de mettre en avant, comme nous l’avions senti lors de la présentation, que les 2 dernières spéciales seraient décisives.

En effet, la SP7, la plus pentue du week-end et la SP8, la plus longue en terme de temps. A savoir que la pluie a rendu ces deux spéciales encore plus techniques qu’elles ne le sont déjà ! Il fallait tenir jusqu’au bout…

 

 

En main de maître…

Il y en a bien un qui n’a pas lâché le morceau : c’est Richie Rude. Il a mené la danse de bout en bout sans rien lâcher. Oui ! Avec seulement 1,5s d’avance au départ de l’ultime spéciale, Rude tient bon et sort victorieux de cette manche ! Mis à part la sienne, toutes les courbes ont le même profil, preuve que c’est bien lui qui a imposé le rythme tout le week-end !

Derrière, on voit clairement les costauds, ceux capables de réagir le second jour, et les autres. Ce sont eux qui peuplent le top 5 à l’arrivée ! En tête parmi eux, Adrien Dailly, le seul à être venu chatouiller le maître du week-end en empochant quelques spéciales. Notamment les plus techniques où les zones de pédalage étaient courtes : SP5 et SP7.

Derrière, Martin Maes, 3ème, et Florian Nicolai, 4ème, se sont livrés à un mano a mano pendant deux jours. L’un prouve que sa blessure à l’épaule en Colombie est déjà loin, l’autre étale son talent technique et sa finesse de pilotage.

Après ses ennuis en SP3, les courbes montrent que Damien Oton grapille petit à petit du temps aux premiers, il finit le week-end en remportant la SP8 mais ce ne sera pas suffisant pour combler son retard. Dommage, il est le seul à avoir une pente ascendante en fin de course. C’est dire la caisse du bonhomme !

Youn Deniaud, un des locaux, a souffert d’une crevaison pendant la SP3, sa courbe plonge ! Au vu de ses perf’ du dimanche, il aurait pu jouer les trouble-fêtes parmi le top 5. Il engrange tout de même quelques précieux points en terminant 35ème. D’autres ont aussi su marquer le pas pour se positionner sur le week-end…

 

 

Quelques bons points

Visiblement la régularité paye, à l’image des cadors. Cependant certains ont su aller chercher quelques secondes importantes sur une spéciale et les conserver par la suite !

Kevin Miquel, pointe à la 11ème place du classement suite à sa 3ème place dans la SP3. Et la conserve jusqu’à la fin. Le temps de lancer la machine ? Stratégie de course quand on connait la particularité de la SP3 ? On ne sait pas, mais ça a payé !

Dans le même genre, Lewis Buchanan, ancien descendeur, s’est montré véritablement à l’aise dans la très technique et engagée SP7 : 6ème, sa meilleure place du week-end qui l’amène à terminer 10ème de cette manche !

Et dans une moindre mesure :

  • Mitch Ropelato dans la SP3 et la SP8 est dans le top 10. Il montre qu’il sait rouler en dehors des bikeparks et qu’il est prêt physiquement pour cette saison d’Enduro
  • François Bailly-Maitre fait de même, il signe le 9ème temps de la SP2 où il fallait lâcher les chevaux autant dans les portions full gas sur les pistes que dans les gros pédalages ! Il termine 17ème, pour un retour aux affaires, après avoir « shunté » l’épopée sud-américaine. C’est de bonne augure !
  • Hugo Pigeon, second de l’Epic Enduro cette année signe un top 5 dans la SP3. Lui et Patrick Luthi, vainqueur de l’Epic Enduro quand à lui, ont, certes la caisse, mais aussi le coup de guidon pour tenir tête aux spécialistes de la discipline. Respectivement 25ème et 43ème 😉

 

 

Espoirs à venir…

Cette fois, comme les leaders juniors semblent s’installer à leurs postes, nous mêlons les juniors aux hommes et cherchons à les positionner parmi eux ! Et ceci s’avère fortement intéressant… L’occasion d’abord de noter que parmi ces espoirs de la discipline, un seul sait véritablement se mêler à l’élite : Eliott Heap.

Las, ses ennuis en SP5 lui coûte la victoire. C’est donc Duncan Nason, l’Américain qui monte sur la plus haute marche. Le frenchy Eliott Baud confirme son début de saison et termine 3ème.

Le résultat de fin de week-end est donc trompeur, ils côtoient tous la trentième place au scratch. Respectivement 31ème, 33ème et 34ème. Moins de 30 secondes entre les trois premiers cette fois, mais combien à la prochaine ?!

Les déboires récurrents de l’Anglais font que le classement général reste serré pour le moment, la suite de la saison n’en sera que plus palpitante à suivre !

 

 

Chez les filles

A l’inverse des juniors, nous dédions cette fois une analyse spécifique aux filles, sans les mêler aux hommes, pour mieux détecter leurs faits de courses.

Comme à son habitude, Cécile Ravanel domine, point barre ! Mais derrière, la course est animée. En premier lieu c’est Caro Gehrig qui profite des déboires d’Isabeau Courdurier dans la SP3 pour lui subtiliser un temps la seconde place.

Mais contrairement à ce que la dramaturgie du moment laissait présager, le péril n’est finalement pas si grand. Même en difficulté, Isabeau n’était qu’à 4 petites secondes de sa concurrente. Joker grillé mais en redressant la barre comme elle a su le faire, elle pouvait être certaine que les choses rentre dans l’ordre.

Derrière, Ines Thoma a su tirer profit du format de la course et basculer à la troisième place en fin de week-end. Il ne fallait pas lâcher jusque dans les derniers mètres : la fin des Ecoliers, dernière portion de la SP8, était décisive. Elle a su en profiter ! Caro Gehrig termine 4ème.

Katy Winton elle, chute lourdement sur la tête dans la SP7 et recule à la 6ème place du week-end. On constate cependant que vu sa courbe plongeante les spéciales précédentes, comme elle l’a ensuite raconté sur Instagram, son week-end était mal embarqué, et la confiance, en berne. Au point de laisser la 5ème place à Mélanie Pugin ! D’ailleurs parlons-en.

Mélanie Pugin et Morgane Charre finissent en trombe. Elles (re)découvrent toutes les deux l’Enduro en compétition. Ont-elles trouvé leurs marques ? Si oui, à quel moment ? A en croire les chiffres, elles semblent toutes les deux avoir trouvé le bon rythme le dimanche. Elles pointent chacune dans le top 3 d’une des dernières spéciales et sont en meilleure position le second jour. Désormais, elles ont peut-être le rythme ! A suivre à la prochaine manche. Mais si elles restent sur cette lancée, ça risque d’être plus serré qu’à l’accoutumée…

 

 

Camille Servant, petit mais costaud

Cette année, Endurotribe ouvre Entre les chiffres aux privateers. Et visiblement ça tombe bien, après Youn Deniaud en Colombie, il y a encore du choix en privateer français. Il faut dire que le bassin où piocher est bien rempli ! Les manches françaises sont souvent les plus relevées, et celle-ci ne déroge absolument pas à la règle : 33% de Français dans le top 50 comme dans le top 100.

Donc oui ! Encore un Français qui fait des siennes et pointe à la 8ème place à la fin de sa première manche Enduro World Series de l’année. C’est Camille Servant, mais il n’est pas inconnu, puisqu’il termine tout bonnement troisième de la Coupe de France d’Enduro 2017 et vainqueur de la manche finale aux Orres !

Même si cette année, Camille s’alignera sur les coupes de France d’Enduro en VTTAE, il continuera, à l’image de ce week-end, à faire parler la poudre en Enduro World Series au guidon d’un VTT traditionnel. Affaire à suivre puisqu’il sera sur les prochaines manches européennes 😉 En attendant, un coup d’oeil à sa prestation en dit plus sur ses compétences…

À savoir que Camille a su mener un week-end plein de maîtrise et de clairvoyance. À l’attaque samedi, pour prendre le bon wagon, se placer devant, montrer son potentiel… Puis en gestion dimanche, sans se relâcher mais finalement, faire comme d’autres, dont Sam Hill l’air de rien… Le petit marseillais a donc du métier !

 

 

L’étau se resserre

Cette manche française ne semble pas être un tournant décisif dans la saison, mais elle permet néanmoins de rebattre quelques cartes. Sam Hill, leader actuel, moins à l’aise sur ce terrain, avouait vouloir assurer cette manche et il l’a fait. 6ème, il marque de bons points et conserve sa position de leader.

Derrière, Robin Wallner perd du terrain quand Damien Oton en gagne. Ce dernier fait une bonne opération et se rapproche dangereusement de la seconde place, 10 points seulement les séparent, et reste dans la partie pour jouer le général, à conculter ici. 

La saison est encore longue, plusieurs figures se démarquent après cette manche dantesque, toutes catégorie confondues. Elles pourraient relancer les hostilités pour la prochaine manche en Slovénie dans un mois et demi, inconnue de tous, sur un terrain radicalement différent…

Et qui sait, Rude ayant retrouvé le chemin de la victoire, comme à son habitude, l’histoire pourrait se répéter… D’autant que la Slovénie et surtout, les Alpes, la Thuile, ne peuvent que lui rappeler de bons souvenir. Qui se souvient de sa démonstration la dernière fois que le circuit mondial a fait étape par là …?!

Pour se remémorer d’ici à la prochaine étape : 

Rédacteur Testeur
  1. « Mis à part la sienne, toutes les courbes ont le même profil, preuve que c’est bien lui qui a imposé le rythme tout le week-end »
    Si ça courbe est prise comme référence (horizontale), il est logique que les autres courbes aient le même profil. Cela permet surtout de voir quelles sont les spéciales qu’il a le mieux réussi.
    Ma mini remarque n’enlève rien à la qualité de l’article, toujours aussi intéressant à consulter.

    1. Oui et non ! Le fait d’avoir la courbe de Rude en référence impose une tendance descente à toute les autres courbes, cependant on remarque que certaines courbes (Oton notamment et dans une moindre mesure Maes et Dailly) ont des profils légèrement ascendant en fin de course. En fait pour que ce soit plus clair, il faudrait peut-être remplacer « profil » par « tendance » dans la phrase : “Mis à part la sienne, toutes les courbes ont le même profil, preuve que c’est bien lui qui a imposé le rythme tout le week-end” !? 😉

    2. Il nous est arrivé d’avoir des courses où le premier est toujours devant, mais où derrière, toutes les courbes se croisent, s’emmêlent, bref, un vrai foutoir. Et dans ce cas, on comprend bien que le premier est devant par régularité, mais que derrière, on se relai pour le concurrencer en fonction des spéciales et des qualités requises… Ici, tous les poursuivants ont les même « tendances » comme le dis Tom. Dit autrement, ça montre bien que Richie Rude est sur une autre planête. Qu’il ne subit pas la course comme l’écrasante majorité qu’il domine pour le coup 😉

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