Enduro World Series 2018, Manizales – Déjà de retour !

Même pas une semaine après la tumultueuse première manche au Chili, que l’on enchaîne déjà avec la seconde manche des Enduro World Series 2018. Toujours dans la Cordillère des Andes, mais cette fois-ci plus au Nord, en Colombie. Qu’est-ce qui nous attends là bas ? Qu’est-il bon à savoir ?

 


Temps de lecture estimé : 8 minutes – Photos : Enduro World Series/EWS Manizales


 

 

¡ Rápido, rápido !

Pas l’temps d’niaiser entre ces deux manches ! Une semaine, c’est court pour remballer les affaires, voyager, remonter les vélos, marcher les spéciales. Dans ces conditions, récupérer n’est pas facile. Le repos, le vrai, ce sera donc pour plus tard.

Pour ajouter un peu de piment à cette virée sud américaine, les pilotes ne reçoivent leurs vélos, ici en Colombie, qu’au compte-goutte. Une petite dose de stress supplémentaire. Effectivement il n’y a pas de vol toutes les heures en provenance de Santiago du Chili. Le gratin s’est réparti dans 2 ou 3 avions.

Imaginons une cinquantaine de vélos et autant de bonhommes et de bagages qui font la queue au comptoir d’enregistrement… Pour autant, tout le monde semble être arrivé à bon port, c’est déjà ça…

 

 

Un spot qui contraste

Direction cette fois Manizales, en plein coeur de la Colombie. Une toute nouvelle destination pour accueillir cette seconde manche sud américaine des Enduro World Series 2018, mais un endroit semble-t-il déjà bien occupé par la communauté locale. On va le voir…

Autant le Chili se démarquait par un terrain sec et rocailleux avec un climat aride, autant la Colombie se démarque par des caractéristiques véritablement opposées. Cette seconde manche se déroulera sur un terrain plus humide au coeur des plantations de café, de bananes et d’eucalyptus.

Un tout autre contexte qui contraste fortement avec la manche précédente. Qui va savoir s’adapter ? Comprendre les exigences nouvelles de la course et du terrain ? Dans ces conditions, l’Enduro tel qu’on le conçoit prend toute sa dimension.

 

 

Des conditions très différentes

Vis-à-vis du Chili, seule l’altitude persiste encore : entre 1900 et 2500m. Mais le climat est tout autre. En ce moment, environ 20°C tous les jours et un taux d’humidité quasi maximal. A l’image de la végétation verdoyante et de la jungle locale !

 

A en juger par ce que le terrain promet, on peut s’attendre à beaucoup moins de crevaisons qu’au Chili. Toutefois il faut rester méfiant. A chaque spot ses surprises. Ici la terre noire humide cache quelques racines toutes aussi humides qui sauront complexifier la partie. Et encore plus si les pluies tropicales se joignent à la fête et/ou que le terrain se creuse !

Dans tous les cas, ceux qui ont fait une overdose de poussière et de virages en dévers la semaine passée devraient être comblés. Les locaux doivent rouler et shaper comme il se doit : les appuis semblent bien présents dans la plupart des courbes. C’est roulé, c’est sûr !

 

 

Programme

La manche colombienne n’est pas coutume. Elle se déroule sur 3 jours. Au programme :

  • Le vendredi est réservé aux reconnaissances des SP2 à SP8. Aucune navette n’est autorisée. Tout doit être fait à la pédale comme le jour de course.
  • Le samedi est une journée assez rare en EWS. Le matin est réservé aux reconnaissances de la spéciale urbaine, en navette, et l’après midi c’est la course sur cette même spéciale urbaine, le premier chrono de la course. L’Amérique du Sud est effectivement spécialiste des descentes urbaines, le terrain s’y prête, la ville de Manizales est bâti sur un pan de montagne particulièrement pentu et ces événements attirent de nombreux spectateurs. Une aubaine pour les enduristes qui peinent parfois à attirer beaucoup de monde dans les coins montagneux assez reculés. Spectacle garanti !
  • Le dimanche est le principal jour de course : passage chronométré sur les SP2 à SP8.

 

 

Parcours

La course se déroule donc sur 2 jours avec 9 spéciales chronométrées, dont l’urbaine. Un parcours de 41km, qui laisse à penser que ça va être raide en liaison et en spéciale…

Cependant ces dernières sont courtes : de 2 à 4min. Un format très intense et explosif qui ne laisse pas droit à l’erreur. Avec un temps total de spéciale avoisinant les 15min, les chronos seront véritablement serrés. Une chute, par exemple, se paiera cash au classement.

Le terrain n’est pas sans rappeler quelques portions de Madère et de Nouvelle-Zélande l’an passé et les temps de spéciales sont proches de ceux de Wicklow en Irlande. Trois courses qu’il faut certainement garder en tête pour les paris du weekend 😉

 

 

Tête du classement

Hill, Maes, Wallner, Wildhaber et Melamed pointent désormais, dans l’ordre, dans le Top 5 des EWS 2018. Hill saura-t-il dominer sur la terre colombienne comme il a su dompter la poussière chilienne ? Maes profitera-t-il de sa jeunesse et de son explosivité pour s’accaparer quelques spéciales ? Wildhaber confirmera-t-il sa montée en puissance de début d’année ?

Rude est toujours de la partie ! Il sait maintenant qu’il peut rivaliser avec Hill et ne laissera certainement pas sa part au chien ! Dimitri Tordo, premier français la semaine dernière, réitérera-t-il sa performance sur le terrain colombien, différent et à plusieurs lieux des sentiers niçois ?

N’oublions pas non plus ceux que le Chili a certainement frustré. Adrien Dailly est très performant lorsque c’est court. Pourra-t-il corriger le tir après ses déboires du Chili ? Jared Graves s’est aussi montré capable de pointer encore dans le Top 10.

 

 

Du côté des filles

Chez les filles, spéciales courtes riment avec concurrence et adversité. Isabeau Courdurier et Katy Winton sont plus à même de rivaliser avec Cécile Ravanel dans ces conditions, comme l’année dernière en Irlande par exemple. Un point intéressant qui rendra la course plus excitante !

Anita Gehrig est déjà de retour sur le vélo malgré son impressionnante chute dans la pavasse chilienne. Sa soeur, Caro, reste dans la course au top 5 en compagnie de Bex Baraona, 4ème du classement général à l’issue du Chili.

 

 

Chez les jeunes

Duncan Nason gagne au Chili. Saura-t-il faire face au talent de l’Anglais, Eliott Heap, dans cette terre noire humide ? Surtout si la pluie s’en mêle… L’Américain semble à l’aise lorsque c’est long. Ancien descendeur, l’Anglais pourra peut-être, lui aussi, tirer profit des spéciales courtes !

La France est aussi représentée en Colombie. Deux prétendants au Top 5 : Nathan Secondi et Eliott Baud. Respectivement 4ème et 6ème au Chili, ils ont certainement à coeur de faire mieux pour cette seconde manche !

 

 

Outsiders, un loup parmi les moutons

Hill, Maes, Dailly et Rude semblent prêts pour performer, ici, en Colombie. Mais c’est sans compter sur un outsider de taille et local qui plus est : Marcelo Gutierrez Villegas ! Descendeur international de formation, il a grandi et vit à Manizales depuis toujours.

Il est certain qu’il connait tous les trails sur le bout des doigts. Explosif et puissant comme personne. À la maison et sur ces spéciales courtes, il peut semer la pagaille au sein du troupeau d’enduristes ! À suivre de prêt !

Au même titre que son frère, Rafael. Lui aussi est une fine lame locale : champion national de descente. Ils ont l’avantage du terrain mais n’ont pas l’expérience en Enduro. La journée est longue, rien n’est joué !

 

 

Les privateers

Le p’tit suisse, Maxime Chapuis, s’est démené tout l’hiver pour trouver les fonds pour faire une seconde saison complète d’EWS. Et il attaque fort : 28ème à Lo Barnechea. A l’aise sur le « gras », il termine 14ème l’an passé en Nouvelle-Zélande. Il peut donc aisément claquer un Top 30, voir un Top 20, ici, en Colombie.

Moins aux avant-postes, souvent à la porte du Top 50, Andre Bretas pourrait profiter du terrain similaire à ce qu’il a l’habitude de rouler chez lui au Brésil, pour pointer le bout de son nez parmi les meilleurs privateers. Encore une fois, le terrain est nouveau, et amène avec lui son lot d’incertitudes et de questions…

 

 

A quoi donc s’attendre ?

Le Chili a marqué les troupes au fer rouge et moins d’une semaine après, tout le monde est sur le qui-vive. Quelques uns ont laissé filer de précieux points et quelques plumes. Mais, si tôt dans la saison, personne n’est à l’abri. Une fois de plus, ils auront tous le couteau entre les dents pour en découdre dans le cartel de Manizales…

À vrai dire, comment aurait-il pû en être autrement en plein coeur de la Colombie ? On reste en haleine ! Compacte, incisive, sans nul doute animée, cette manche colombienne des Enduro World Series 2018 à tout pour tourner à la guérilla des sentiers… À très vite sur Endurotribe pour en avoir le coeur net !