Il y a parfois des choses qui nous échappent… Comme le Trek Slash, qui nous n’avions pas encore eu l’occasion d’essayer. Les commentaires Dans les tuyaux prouvent l’intérêt pour ce vélo et quelques questions méritent leurs réponses.
A première vue, comme aux premiers tours de roues, le Trek Slash a tout du racer. Ce qui semble encore se vérifier… Mais est-il élitiste ou inaccessible pour autant ? L’heure de vérité a sonné, place au verdict…
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Au sommaire de cet article :
Trek Slash 9.7
[cbtabs][cbtab title= »Prix »]3999 euros [/cbtab][cbtab title= »Poids »]14,30kg (vérifié, taille 19.5 (L), sans pédales, pneus d’origine montés en chambres à air)[/cbtab][cbtab title= »Fiche produit »]https://www.trekbikes.com/fr/fr_FR/v%C3%A9los/vtt/vtt-trail/slash/slash-9-7/p/1192600-2018/[/cbtab][/cbtabs]
Pas besoin de se remémorer un moment ou une sortie bien précise, le Trek Slash nous rappelle toujours qu’il sait accélérer tout seul. A croire qu’il nous cache une poignée de gaz quelque part…
La sensation d’accélération se répète à chaque courbe, à chaque compression. Nul besoin de forcer pour que le Trek Slash accélère. Mais est-il le graal des flemmards pour autant ?
Pas si sûr ! Ferme en début de course, l’amortisseur rend certaines situations plus délicates et rappelle à l’ordre ceux qui s’endorment au guidon. Cette fermeté, venons-en au fait…
D’où lui vient cette accélération naturelle ?
Sur le papier, le Trek Slash 2018 a effectivement tout du racer : géométrie d’attaquant et amortisseur spécifique. C’est d’ailleurs ce dernier qui nous intéresse maintenant.
L’amortisseur RE:aktiv s’avère naturellement fermé en compressions basses vitesses et ouvert en compressions hautes vitesses. La technologie Thru Shaft, vantée pour amener de la sensibilité, m’a plutôt surpris par son influence sur le début de détente, moins vif et moins violent qu’à l’accoutumée.
La théorie et la pratique se rejoignent. Sur le terrain cette fermeté évite les déformations du vélo et lui permet d’accélérer très facilement sans effort du pilote. Ce n’est pas nécessaire de pomper ou de pousser sur les jambes, le simple poids du pilote suffit à pousser le Trek Slash vers l’avant. Épargné des mouvements parasites liés à la détente, et libéré en compressions hautes vitesses, le Trek Slash est dans son élément lorsque ça défile.
Spécificité = complexité ?
Visiblement, pour beaucoup, la spécificité de l’amortisseur rime avec complexité. Pour ma part, je vois les choses autrement. Je pense plutôt que pour rendre la prise en main plus facile, Trek s’est fortement impliqué dans le développement de leur suspension.
Cet amortisseur spécifique prouve que chaque vélo est différent et que toute l’attention doit être portée aux détails pour mieux en tirer profit. Autant cet amortisseur spécifique s’adapte au Trek Slash, autant le Trek Slash ne s’adapte peut-être pas à tous les amortisseurs.
Dans ce sens, je vois cette spécificité comme une simplification. J’attends donc que l’amortisseur monté d’origine convienne au Trek Slash sans grandes améliorations de ma part – ajout de token, réglage des compressions, etc. D’accord chef ! Mais comment faut-il alors le régler pour exploiter au mieux les qualités du Trek Slash ?
30% de SAG max !
Cette simplification n’évite pas le passage par la case réglage, pour le plus grand bonheur de ceux qui aiment bricoler ! Seuls le réglage de la détente et de la précontrainte pneumatique s’offrent à nous.
Les premiers roulages mettent en évidence un lien très marqué entre la détente et la compression basse vitesse. Plus on ralentit la détente, plus la compression basse vitesse se ferme. Logique, certes, mais flagrant ! J’ai donc eu tendance à libérer la détente et ouvrir par la même occasion la compression basse vitesse : 2 à 3 clics depuis tout ouvert – sur une dizaine de clics. Une fois cette particularité absorbée, parlons du SAG.
Le Trek Slash semble avoir un SAG limite à ne pas dépasser. A 28-30% de SAG, il est tout ce qu’on lui connait jusqu’alors : dynamique, ferme et il accélère. Au delà de 30%, il perd sa qualité d’accélération, l’amortisseur s’affaisse et le maintien de début de course disparaît : le pilote se retrouve sur l’arrière, le Trek Slash devient moins vif et moins maniable. D’ailleurs, comment, avec le bon SAG, doit-on piloter le Trek Slash pour en tirer pleinement profit ?
Réglages | Avant | Arrière |
---|---|---|
SAG | 25% | 30% |
Détente | 3/4 ouverte | 2/3 ouverte |
Compressions | totalement ouverte | N/A |
Token / Spacers | origine | origine |
Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre/épaule à l’aplomb du guidon.
Comment le piloter ?
A chaque pilote, son style, son pilotage, c’est vrai ! Mais quelques astuces intéressantes sont toujours bonnes à prendre et à mettre en application pour profiter au mieux du Trek Slash.
Rappel de géométrie sans crayon : 445mm de reach en taille L n’en font pas un des plus longs actuellement. De plus, la suspension arrière est ferme. Ca semble se jouer vers l’arrière, non ?
Effectivement, le Trek Slash demande à être en appui sur les jambes, gainé ! D’une part pour charger la suspension arrière et d’autre part pour contrôler l’accélération fulgurante du Trek Slash. Mais aux premiers abords, autre chose nous amène à vouloir le piloter sur l’arrière : une tige de selle particulièrement inclinée… Pourquoi donc ?
Incidence du tube de selle incliné…
L’écart entre l’angle du tube de selle réel et le visuel a son incidence ici ! Effectivement plus un de ces deux angles est fermé, plus la selle recule lorsqu’on la monte. La longueur du top tube augmente et la position assise est modifiée : le centre de gravité recule et la charge sur le pneu arrière augmente.
Le défaut principal engendré par cette particularité est, sur le Trek Slash, suffisamment compensé au pédalage en avançant la selle au maximum mais, est bien plus marqué en descente lorsque la suspension travaille plus.
Une fois debout, la selle a tendance à balayer sous nos fesses, et parfois un peu trop vers l’arrière limitant ainsi les mouvements du pilote. C’est bien là le défaut principal du Trek Slash. Cependant, il suffit de remplacer la tige de selle en 150 par une 170mm et l’affaire est jouée.
Cette mobilité retrouvée, la façon de le piloter : sur l’arrière et en appui sur ses jambes; le rend-il inaccessible et réservé à ceux qui ont le physique ?
Elitiste pour autant ?
Comme on l’a vu, l’amortisseur spécifique ne rend pas le réglage du Trek Slash compliqué. Cependant sa fermeté dévoile l’importance du montage, et notamment des roues, qui ont une grande influence sur le comportement du Trek Slash.
Le passage en roues carbones Reserve Carbon 30 met en évidence un gain d’efficacité au pédalage. Leur rigidité frontale plus importante se traduit par un inconfort pour certains, rendant le Trek Slash plus physique ; ou par un gain de vivacité et de dynamisme pour d’autres, notamment les pilotes avertis et les compétiteurs.
En fait, j’ai agréablement apprécié le montage d’origine pour son homogénéité et la complémentarité de ses composants. Les roues Bontrager, plus confortables, s’associent bien avec la suspension ferme du Trek Slash.
Le juste milieu, me semble être l’idéal : une paire de roues aluminium haut de gamme plus dynamiques que les Bontrager d’origine et plus confortables que les Reserve Carbon 30.
Enfin, reste le choix de la géométrie. La plus ouverte, celle que j’ai le plus apprécié, correspond mieux au racer, à la recherche de performance, qu’est le Trek Slash. Via le MinoLink, la géométrie moins ouverte le rend simplement plus orienté All Mountain et ne lui confère pas autant de stabilité à haute vitesse. Il est dommage de se passer d’un des points forts du Trek Slash !
Pour qui alors ?
Jusqu’ici le Trek Slash semble encore une lame à ne pas mettre entre les mains de n’importe qui ! Pourtant, qu’on s’en détrompe… Une chose le rend plus accessible qu’on ne le pense : son caractère.
Le Trek Slash n’est ni rigide, ni précis, ni impardonnable. A son guidon on se sent tout de même en sécurité. Il est le bon compagnon, toujours là pour son pilote ! En fidèle destrier, il fait en sorte que rien n’atteigne violemment le pilote. Un cailloux qui traverse ? Pas grave, il a bon dos !
Le Trek Slash n’est pas fade pour autant, il est simplement tolérant. Et comme nous venons de le voir, c’est son montage qui doit être en harmonie avec la volonté de son propriétaire. Et alors, à qui s’adresse-t-il ? Aux racers, oui sans hésitation ! Aux pratiquants qui ont du bagage et de l’expérience, oui ! Aux débutants qui cherchent un premier ou un second vélo, non !
Vis-à-vis de la concurrence
La comparaison avec d’autres vélos testés à la rédac’ est pertinente :
- Vis-à-vis du Transition Sentinel alu, le Trek Slash est beaucoup plus dynamique, bien plus à son aise lorsque le sentier est plus plat et plus lent. Il reste plus dynamique, moins exclusif mais peut sembler moins fun par moment. Le Trek Slash est plus caractérisé par ses suspensions que par sa géométrie.
- Vis-à-vis du Orbea Rallon, le Trek Slash profite aussi de ses suspensions pour être efficace et performant. L’offset réduit de l’espagnol, lui confère encore plus de sérénité de pilotage à très hautes vitesses.
- Vis-à-vis du Santa Cruz Hightower LT, le Trek Slash est plus efficace : il accélère énormément, il est vif dans les appuis, etc. Cependant il est moins joueur. Là où le Santa Cruz vous pousse à sauter, faire un wallride, tirer un manual, le Trek reste plus sobre.
- Vis-à-vis du Ibis Mojo HD4, le Trek Slash est bien plus simple à régler en terme de suspensions. Sur ce point le Ibis nécessite beaucoup de rigueur. Aussi, il profite de la vitesse pour en créer davantage, là où le Trek Slash génère sa propre vitesse dans toutes les situations. Nuance, pas de la même manière
Conclusion
Le Trek Slash semble aussi complexe que simple, mais pourquoi voudrais-je garder ce vélo ?!
« Le Trek Slash m’a donné du fil à retordre pour mon premier essai complet ici. Si simple qu’il en devient complexe ! En fait, non, c’est l’inverse : complexe à première vue, mais si simple à exploiter qu’il en devient déroutant. Racer dans l’âme, il n’en est pas moins tolérant, le Trek Slash reste alors accessible à beaucoup d’entre nous, au montage des roues près. Personnellement, le Trek Slash est un des meilleurs vélos d’Enduro que j’ai roulé, et se retrouve donc en tête de liste de ceux que j’aimerais garder pour les EWS 2018… »
Positionnement & usage
En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo. (rafraichir la page si le tableau ne s’affiche pas)
Comparées à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > par rapport aux autres, qu’en penses-tu..? rendez-vous sur la page du Comparateur d’essais VTT Endurotribe pour en savoir plus > https://fullattack.cc/comparateur-essais-vtt-2016/