Dans les tuyaux – Essai du Transition Sentinel

S’il est au monde quelque chose de plus fâcheux que d’être quelqu’un dont on parle, c’est assurément d’être quelqu’un dont on ne parle pas – Oscar Wilde. En effet, ces derniers temps, cette expression prend tout son sens à propos de la marque américaine Transition. Nouveaux vélos, nouveau distributeur pour la France…

Transition fait des vagues, l’essai du Transition Sentinel nous fait défaut. Comme éveillé par l’actualité et réclamé par nos lecteurs suite à l’essai de l’Orbea Rallon, le Transition Sentinel se retrouve dans les ateliers de la rédac’ Endurotribe.

Premiers tours de roues sur un Transition pour moi. En route vers l’inconnu ! Le Transition Patrol a déjà fait ses preuves ici il y a quelques mois, et visiblement avec succès. C’est donc au tour du Transition Sentinel de faire ses gammes…

 


Temps de lecture estimé : 7 minutes


 

Au sommaire de cet article :

 

 


Transition Sentinel

[cbtabs][cbtab title= »Prix »]1999 euros, kit cadre alu[/cbtab][cbtab title= »Poids »]4,15kg (annoncé, kit cadre alu)[/cbtab][cbtab title= »Fiche produit »]https://www.transitionbikes.com/Bikes_Sentinel.cfm[/cbtab][/cbtabs]

La rumeur d’un nouveau Transition enduro 29 pouces a duré un bon moment, et s’est avérée vraie. Mais, le Transition Sentinel n’est pas vraiment un nouveau vélo enduro 29 pouces, puisque c’est, tout simplement, le premier enduro 29 pouces de la marque.

Par contre, nouveau distributeur oblige, le Transition Sentinel nous est livré restylisé à la façon Raceco. Sur la base d’un Transition Sentinel GX, quelques composants SB3, des freins Formula, une tige de selle KS et une selle Tioga remplacent les originaux.

Quelque soit le montage, nous nous concentrons sur l’essence dont est fait ce vélo. Disponible en montage complet – 3 niveaux de gamme : NX, GX et XO1 – mais aussi en kit cadre, le choix de nous fournir un vélo personnalisé Raceco est compréhensible.

 

 


Des gènes communs ?

Aussi délurés soient-ils dans leurs vidéos, les mecs de chez Transition semblent former une même et grande famille. Et, visiblement, leurs vélos aussi ! Les 4 nouveaux vélos présentés cet été ont tous des points communs. Dans l’allure comme dans les détails, un air de famille règne.

Entre le Smuggler, le Scout, le Patrol et le Sentinel, guère de temps n’est nécessaire pour remarquer leurs ressemblances, aussi nombreuses que flagrantes. La matière aussi est commune à tous : l’aluminium !

Si Transition croit encore en l’alu et dévoile toujours ses premiers modèles dans cette matière noble et indéfiniment recyclable, elle les conçoit ensuite en fibres de carbone. D’ailleurs, le Transition Sentinel Carbon arrive, tout juste sorti du four, encore chaud ! Justement, sur le Transition Sentinel, le carbone peut-il apporter un plus indéniable vis-à-vis de l’aluminium ? Peut-il compenser certains de ses défauts ? Le verdict doit y répondre.

Encore une similitude parmi ces modèles : ils sont tous conçus autour de la nouvelle géométrie SBG

 

 


SBG : Speed Balanced Geometry

La révision de leur gamme est l’occasion pour Transition de repenser certaines notions de conception. Effectivement, ils ont reconsidéré, sans jeu de mot, la place du pilote sur le vélo. Il n’y a qu’à jeter un œil aux chiffres hors du commun pour s’en convaincre : 64° d’angle de direction, 76,3° d’angle de tube de selle réel, 1247mm d’empattement et 475mm de reach en taille L.

La genèse de la SBG est à lire ici dans la langue de Shakespeare. Un zeste de spiritualité se dégage de cet historique, assurément drôle ! Cette réflexion les a amené à travailler sur l’offset de la fourche. Effectivement le Transition Sentinel à l’essai est équipé d’une Rock Shox Lyrik avec un offset de 42mm* – habituellement 51mm pour une fourche en 29 pouces. Un choix intéressant qui procure un comportement différent de la direction, comme l’Orbea Rallon l’a démontré. Transition profite de cette opportunité pour réviser la géométrie, notamment le reach et l’empattement.

La volonté d’allonger les vélos se confirme donc. Mais avec 9mm d’offset en moins, le comportement du train avant du Transition Sentinel est-il comparable à celui de l’Orbea ? Qu’en est-il aussi une fois assis sur la selle ? La SBG est-elle à l’origine du comportement du Transition Sentinel ? Ou, est-ce plutôt la suspension ?

 

 


GiddyUp 2.0oh et Metric

Comme pour l’aspect visuel, le Transition Sentinel reste l’un des siens. Il reprend le système de suspension de la maison : le Giddy Up 2.0oh. Apparemment une cinématique à point de pivot virtuel Horst Link revisitéeclassique et éprouvée. Le tout monté avec un amortisseur Fox DPX2 Metric. Qui se loge dans l’imposante biellette via une fixation Trunnion.

Il faut donc s’attendre à ressentir la caractéristique principale que cette cinématique procure : peu de mouvement d’assiette du triangle avant. Qu’en est-il sur le terrain ? Cinématique ou géométrie : à qui accorder le trait de caractère principal du Transition Sentinel ? Les premières impressions sont révélatrices…

 

 


Premières sensations

Encore une fois, le Transition Sentinel se montre très différent du marché sur le papier. Mais le fondement de la théorie, c’est la pratique.

D’ailleurs, dès les premiers tours de roues, le Transition Sentinel ne m’a pas donné l’impression d’être une péniche. Je dirais même : « Qu’est ce qu’on est bien sur ce vélo ! » Assis ou à l’attaque, le Transition Sentinel est confortable et rassure son pilote.

En plus, il semble qu’on ait envie de rester dessus. Le Transition Sentinel est funny au premier abord. Chaque sortie me semble trop courte, comme si le temps m’échappait une fois sur le Transition Sentinel… Laissant place au plaisir d’être dehors et de s’amuser dans les bois.

 

 


A quoi s’attendre…

De bon augure, ces premières impressions ne demandent qu’à être confirmées. Effectivement le Transition Sentinel plait et donne envie d’aller rouler malgré les conditions hivernales. Les premiers roulages à son guidon me laissent un goût de reviens-y. La tâche s’annonce donc aisée et plaisante.

Cependant qu’apporte précisément la SBG et l’offset plus court ? Quelles seront leurs limites ? Son caractère funny prendra-t-il le dessus ? Reste donc à en avoir le cœur net. Place maintenant à quelques roulages et tests spécifiques pour sentir et comprendre le caractère du Transition Sentinel.

La sentinelle est à son poste… De notre côté, tout est en place pour aller plus loin. Le Transition Sentinel est « dans les tuyaux », mais l’heure du verdict approche

 

 


*Les fourches Fox et RockShox avec des offset réduits ne sont actuellement pas disponibles à la vente directe. Cependant, le distributeur français Race Company et ses revendeurs peuvent fournir ces composants. 

Rédacteur Testeur
  1. le poids du kit cadre interpelle , après une petite recherche non exhaustive :

    orange stage 6 , env 3.5kg, 2100 euro, garantie 5 ans
    liteville 901 mk4, env 3.4kg, 2700 euro, garantie 10 ans
    sentinel , 4.2kg, 2000 euro, garantie 3 ans
    en conclusion c’est pas bien optimisé à la construction en contrepartie on pourrait espérer un prix moindre et/ou une garantie plus longue

    1. Peut-être que Transition n’a pas jugé intéressant d’optimiser le poids et a préféré travailler sur d’autres points. De plus, chez Transition, l’alu semble être une phase de développement avant l’arrivée du même cadre en carbone. Le prix reste inférieur à la concurrence citée. Mais le poids ne me semble pas le meilleur critère de choix lors de l’achat d’un vélo. Mais nous y reviendrons… 😉

  2. Hello ! Une remarque pour éviter les quiproquos : race co vends les fourches à offset réduit (fox ou rs) uniquement pour accompagner un kit cadre transition sbg ou une vélo complet. Pas de vente de fourche à offset réduit seule par race co donc.

    1. Ouais ! Par contre pour info Fox commercialise une fourche FOX36 29″ offset 44(réduit) dispo dans tous les bon shop…

  3. J’utilise un Sentinel depuis début Novembre. Je suis basé à Seattle et ride principalement de Pemberton et Whistler jusqu’au Sud de l’Oregon. Je l’ai choisi pour faire de long rides sur pistes naturelles et rustiques. C’est un vélo lourd (construit pour les terrains difficiles, et les chocs) mais qui grimpe très bien. La suspension est excellente, et la position de selle est avancée, ce qui avec le petit offset donne un vélo qui peut grimper les switchbacks secs et pentus sans problème. Au bout du compte, le poids est très rapidement oublié. En descente, le vélo est très stable, saute bien, et est très rapide. Ce n’est certes pas un joujou qui aime les gambettes. Il est fait pour les situations cassantes, raides, rapides. Ceci dit, même à petite vitesse, sa longueur ne pose pas de problèmes. Je mesure 1m76 et j’utilise le taille Large. Je dois baisser le Reverb presqu’à fond, mais le reach est bon. On est bien centré sur ce vélo. On se sent en position stable dans toutes les situations. Pour moi, le plus gros challenge reste l’exécution des bunny hops du à l’empattement, mais je suis sur pédales plates, et malgré tout, je commence à m’y habituer.

    1. Super ton retour. J’ai commencé à écrire le verdict aujourd’hui et nos propos se recroisent fortement 😉 Effectivement, tu es un peu entre 2 tailles, d’où cette sensation de longueur quand tu tires un bunny ! Tu habites à l’endroit idéal pour ce vélo. Pour avoir été à Whisthler l’été dernier, le Sentinel serait le vélo idéal – très fun, bien confortable et bon descendeur – pour rouler là bas !

    2. Simple question, pensez-vous qu’ un vélo est « fait » pour être utilisé avec des pédales spécifiques, plates/auto, ou c’est au pilote de choisir ?

      1. Très bonne question. Nous travaillons sur le sujet? Pour l’heure, nous n’avons pas de conclusions généralisables à partager, mais une part de vécu : pour débuter ces essais, Tom et moi avons roulé ensembles pour s’étalonner dans nos propos. Lui plutôt en plates, moi plutôt en auto. On a constaté qu’au freinage, nous n’avions pas les mêmes attentes envers le vélo. J’ai plutôt tendance à laisser le vélo trouver son assiette, alors que Tom tasse l’arrière du vélo. Des observations dont nous tenons comptes dans nos essais pour déduire les propos à tenir concernant chaque vélo. Dans tous les cas, une différence que l’on inculque en partie au type de pédales utilisées. J’ai récemment roulé à nouveau en plates : j’ai effectivement tendance à faire comme Tom dans ce cas de figure. Est-ce que pour autant, un vélo se prête à ça plus qu’un autre ? Oui et non. Des vélos qui plongent peu de l’arrière ou fige au freinage offrent un touché plus franc, alors que d’autres sont bien plus canapés. Lequel choisir pour quel type de pédales/pilotage ? Certaines tendances peuvent se dégager, mais à mon sens, il ne faut pas s’y enfermer. C’est surtout une question de style, de tempérament et de préférence… À traiter au cas par cas 😉 D’autant que quelques ajustements de suspension peuvent compenser certaines choses… Bref, peut-être plus une question de settings, que de vélo en soit. En première réponse, je pense qu’on est plutôt de cet ordre là.

        1. Tres intéressant. Est-ce que cette position au freinage n’est pas possiblement fondée sur le fait que sur pédales plates, on trouve un meilleure équilibre en centrant le pied sur la pédale plus que ce n’est possible -avec les chaussures actuelles- sur autos? Peut-etre que l’on est donc plus à l’aise pour (ou porté à) incorporer le corps au freinage et a l’amortissage en repoussant sur les pédales et en enfonçant les talons?

          1. C’est effectivement une façon de voir les choses qui a du sens. On poursuit le travail à ce sujet, et on en dit plus bientôt 😉

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