Les vélos des pros – Le Lapierre Spicy Team d’Adrien Dailly

Après le Finale Countdown du premier Champion du Monde d’Enduro de l’histoire, place au vélo d’un autre champion d’envergure internationale ! Cette fois-ci, le Lapierre Spicy Team d’Adrien Dailly, vice-Champion du Monde 2017, passe au filtre des Vélos des pros Endurotribe.

L’air de rien, entre les mains du jeune prodige français, ce vélo a été l’un des plus prolifiques de la saison. Les deux pépites du team Lapierre ont raflé 15 temps scratchs et 3 victoires d’étape… Soit plus du quart des victoires possibles, et plus que quiconque cette saison !

Avec un tel palmarès, nul doute que la monture du pilote le plus sympathique, discret et respectueux du paddock ait quelques secrets à livrer. En l’occurrence, il permet de mettre le doigt sur l’art particulier de la mise au point… 

 


Temps de lecture estimé : 6 minutes


 

Au sommaire de cet article :


Un monde à part

En cette veille de finale des Enduro World Series 2017, ils sont trois à s’activer autour du Lapierre Spicy Team d’Adrien Dailly. Outre le jeune prodige, deux bonhommes dont les réputations ne sont plus à faire : François Dola, fin limier et doigts de fée qui s’affaire à la mécanique, et Nicolas Vouilloz, chef de projet chez Lapierre et metteur au point hors pair…

D’habitude plus amateurs du calme d’un hôtel en recul de l’agitation du paddock, ils ont cette fois-ci décidé de s’ouvrir davantage. Tant mieux puisque à force d’épier la monture du regard, des questions se posent. Sous son air de vélo proche de la série, des détails finissent par attirer l’oeil. Un petit grip par ici, un cache qui manque par là, une surface encore brute d’usinage…

Quand on connait le savoir faire et l’application des bonhommes, nul doute qu’il y ait des intentions mûrement réfléchies derrière tout ça… Et après tout, le Lapierre Spicy Team d’Adrien Dailly doit être le vélo d’Enduro le plus rapide au monde. Le contraire serait donc étonnant !

 


Place à l’essentiel !

Dans cet esprit, cette analyse commence donc par le plus évident. D’un bout à l’autre, le Lapierre Spicy Team d’Adrien Dailly n’embarque pas de protection. Ou du moins l’essentiel seulement. Pas de place pour les fioritures ou le poids superflu.

Les protèges bases et haubans de série ont légitimement leurs places pour répondre aux attentes de ceux d’entre nous qui veulent prendre soin de leurs montures, et en profiter plusieurs années. C’est bien normal, mais ça n’a que peu sa place ici. Une F1 n’a pas de pare-choc ou de clignotants !

Seul le sabot sous le tube diagonal et une mince couche de gomme sur la base droite ont résisté à la cure que les trois protagonistes font subir au vélo. Quelques grammes et le risque d’une avarie en moins, c’est toujours ça de gagné…

 


Libéré ?!

Bien entendu, la cure ne s’arrête pas là. C’est même ici qu’elle devient intéressante… Dans ses propos, Nicolas Vouilloz parle tel un préparateur. On prête derrière ses mots toute l’expérience du Champion du Monde de Descente et du pilote de rallye qui a encore un sacré coup de volant.

En l’occurence, il parle de « libérer le vélo ». En d’autres termes : plus aucun roulement ne comporte de joint, ou de graisse, susceptible d’entraver le mouvement. Au lieu de ça, tout est séché, puis huilé. Jeu de direction, moyeux, roue libre, pédalier, articulations de suspension…

« gratter le moindre centième ça et là… »

Tout y passe. Une telle initiative demande un suivi et un entretien de tous les instants. Seule une monture de compétition peut se le permettre. Ceux d’entre nous qui voudraient s’y aventurer le feront à leurs risques et périls…

En attendant, il suffit de poser la main quelques secondes sur le vélo pour mesurer la sensibilité et la facilité de tout mouvement. Pour performer, il faut pouvoir compter comme jamais sur sa monture : gratter le moindre centième d’appui ça et là pour garder un rythme au dessus du lot. La mise au point commence donc par là…

 


Biellette…

Tout ceci nous amène naturellement à parler suspensions… Et biellette en l’occurrence. Ça crève l’écran, celle qui équipe le Lapierre Spicy Team d’Adrien Dailly n’est pas conforme à la série. Et pour cause, elle permet en premier lieu le montage du pied d’amortisseur sur roulements, pour aller dans le sens de nos précédents propos…

Elle permet aussi d’avoir une influence sur la courbe de ratio du Lapierre Spicy Team. L’idée est ici d’offrir quelque chose de plus linéaire au pilote vice-Champion du Monde 2017. Dans le feu de l’action, il lui est parfois nécessaire d’utiliser la fin de course sans qu’elle ne deviennent trop ferme, et risquer de pincer un pneu déjà sous contrainte.

 


Suspensions

On devine donc aisément que les settings de suspension soient travaillés en corrélation avec cette initiative singulière. Il ne saurait en être autrement. C’est en tout cas ce que suggère le marquage de l’amortisseur présent sur le Lapierre Spicy Team d’Adrien Dailly.

Une des vingt configurations passées à l’essai cette saison pour trouver la meilleure solution. Et surtout, une configuration qui va de paire avec le choix du ressort Super Alloy Racing plus court déjà aperçu dernièrement sur le Cannondale Jekyll Finale Countdown de Jérôme Clementz… Il ne pouvait pas en être autrement !

 


Arrière toute ?!

Sur le Lapierre Spicy Team d’Adrien Dailly, tout est donc fait pour libérer ce qui peut l’être… Y compris le pilote, dans ses meilleures initiatives. C’est en tout cas ce que laisse suggérer l’autre grosse particularité du vélo : le triangle arrière n’est pas à proprement parlé celui du modèle de série.

Arrière toute donc !  L’ajustement de géométrie rapproche ici le vélo d’un de ses concurrents, en l’occurrence le Ibis Mojo HD4 à l’essai Endurotribe ces temps-ci (article à paraître sous peu). Une solution assez radicale pour dynamiser le vélo, mais qui reste assez logiquement différente du modèle grand public, plus sage.

Qu’apporte une telle configuration ? Un vélo qui gagne en dynamisme vertical. Comprenons qu’il incite à travailler avec le terrain, pumper, sauter, survoler. Ce qu’il faut pour gratter du centième, générer et garder de la vitesse, oser des trajectoires que d’autres ne verraient même pas…

 


Sur mesure !

Mais aussi un vélo plus fin à manoeuvrer quand il s’agit de répartir son poids et ses appuis sur chacune des roues. Se recentrer en d’autres termes. Une tâche qui incombe aux meilleurs de la planète seulement. Pour en avoir plusieurs fois parlé avec lui, Nicolas Vouilloz, et toute son expérience, le savent. 

C’est pourquoi l’on parle ici de mise au point à proprement parlé. Ou comment amener la base d’un modèle grand public vers les exigences propres au très haut niveau et au style singulier du prodige qu’est Adrien Dailly.

En somme, comment trouver de la performance dans des plages d’utilisation aux extrêmes des plus courantes. Garder l’essentiel, libérer et suivre le vélo, connaitre la base de départ, connaitre les spécificités de la discipline, du pilotage et du matériel, chercher et trouver la meilleure corrélation des trois…

Finalement, qui mieux que le trio réuni autour du Lapierre Spicy Team d’Adrien Dailly pour faire cette part des choses et se prêter à l’exercice ?! Pour avoir eu l’occasion de voir avec quelle facilité et confiance le désormais vice-Champion du Monde d’Enduro fait usage de sa monture, la réponse est toute trouvée !

Rédac'Chef Adjoint
    1. Aucune idée du poids. Côté roues, même configuration que Jérôme Clémentz : 25mm arrière, 30mm devant.

      1. Et sait on si c’est de l’alu? du carbone? Roues de chez qui (pas de stickers visible sur les photos)? Proto ou de série?

        1. Alu à l’arrière (montage avec jante DT 25mm à priori), carbone à l’avant (Sram Roam 30mm). éléments de série à priori. Attention, ces choix sont à prendre avec des pincettes : ils tiennent autant compte des caractéristiques des roues en elles-même que des pneus, qui eux sont des prototypes. À ce sujet, certains paramètres ne sont pas portés à notre connaissance. Toujours est-il que, comme pour le reste, l’objectif ici est de chercher de la performance et de la fiabilité dans des plages de fonctionnement hors du commun.

  1. Antoine, tu sais quand les pneus Michelin prototype (wild enduro rear, front enduro) sont disponible? Merci!

    1. À la limite, j’aurai préféré qu’il provoque l’impression inverse. Tu en as trop dit, ou pas assez. Ta remarque ne peut pas rester gratuite, fais-en quelque chose de constructif si tu veux que ce soit meilleur la prochaine fois > Qu’as tu lu que tu savais déjà ? Quelles infos attendais-tu qui n’y sont pas ? Qu’aurais-tu aimé apprendre de plus ?

  2. À ce propos concernant les ressorts SAR, il est dit deux fois, dans cette article et l’article sur le Jekyll de Jérôme Clementz, qu’il s’agit d’aluminium.
    Je tiens à préciser que ces ressort reste en acier, un acier fortement allié pour permettre de repousser plus moins la résistance élastique.

    1. Exact : il ne faut pas se faire avoir par le nom Super Alloy Spring. Alloy veut dire ici alliage, pas aluminium. C’est surement de l’acier allié

      1. Il y a effectivement un amalgame, vous avez raison. Reste des questions, qu’importe le matériau : est-ce qu’il y a une vraie différence à l’usage ? est-ce qu’ils sont si légers que ça ? On n’a pas encore eu l’occasion d’expérimenter. On va envisager la possibilité d’un essai. Ça permettra de tirer les choses au clair 😉

        1. C’est pas uniquement une question de poids je pense ca doit y faire mais pas que… Si ça travaillé pas bien ils ne l’utiliseraient pas.
          Ils doivent aussi trouver dans cet alliage une certaine élasticité qui doit bien fonctionner…

  3. Peut être un peu de détails surles roues
    freins pneus suspensions … Maisj’te reconnais que c est pas facile ce genre d article

  4. Il est vrai qu’habituellement tu dissèques plus les bikes, mais bon peut être que tu ne pouvais pas en dire plus..Sinon moi la seule chose qui me dérange sur ce bike c’est le top tube arrondi. Rien que pour ça je ne cherche pas à aller plus loin.
    merci en tout cas pour les articles

    1. La rubrique « Les vélos des pros », c’est un peu « dis-moi sur quoi tu roules, je te dirais qui tu es » : en apprendre à propos du pilote à travers ses choix techniques. Un portrait, plus qu’une simple étude de chiffres, parce qu’il n’y a pas qu’une seule vérité. Ce n’est pas parce qu’Adrien Dailly a des bases en 430mm, une biellette plus linéaire ou un angle-set que le modèle de série le nécessite forcément. Par contre, ça nous en apprend sur ses attentes, son style, les exigences du haut niveau… Et le trio qu’il forme avec François et Nicolas. L’idée de cet article est d’en comprendre davantage sur leur collaboration, sans être intrusif. Comme partout, il faut savoir respecter l’intimité. Donc oui, il y a des informations que je n’évoque pas ici. Elles n’y ont pas leur place. Ce sont aussi mes choix, pour entretenir des relations de qualités.
      D’ailleurs, Ça se ressent dans la forme de l’article : j’ai pris parti de ne pas citer Adrien, Nicolas ou François. Alors que je fais parler Jérôme directement dans « son » sujet… C’est à l’image de chacun. Jérôme partage dans l’anecdote, c’est son personnage. Dans le feu de l’action, Adrien et Nicolas font preuve de maitrise, de complicité et de retenue : à leur contact, tu commence par observer et chercher à comprendre. Puis, tu pose des questions précises, auxquelles ils apportent des réponses simples, et très logiques. à tel point que tout parait simple… Trop peut-être, puisque l’article parait incomplet pour certains. Pourtant, par expérience, ce qu’il font est aussi facile à imaginer que complexe à accomplir 😉

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