Tribe-Events se désengage des Enduro Series – Nous avons interrogé Fred Glo

Pionniers de la discipline Enduro, inventeurs du format de course moderne, ils ont été les initiateurs d’un grand mouvement dans l’Industrie du VTT mais aussi les principaux « responsables » du haut niveau national qui porte encore aujourd’hui ses fruits sur les spéciales à l’international… Fred Glo et son équipe Tribe-Events raccrochent les crampons et la rubalise après 15 années de bons et loyaux services, 13 saisons d’Enduro Series.

A l’annonce du désengagement de Tribe-Events de la Coupe de France Enduro Series, à découvrir in extenso, nous avons interrogé Fred Glo sur cette transmission de flambeau…

 

Une page se tourne pour les Enduro series

L’annonce in extenso…

« Il y a 15 ans naissait la Val d’Allos Tribe 10000, puis, 3 ans plus tard les Enduro Series dont nous fêtons cette année la 13ème saison.

Cela nous fait une grosse soixantaine de manches d’Enduro Series organisées et de quoi rubaliser une longue spéciale de Paris à Lyon pour plus de 18 000 compétiteurs.

Nous sommes fiers de ce parcours rendu possible grâce à tous ceux qui nous ont soutenus et accompagnés, stations, communes, collaborateurs, partenaires, bénévoles locaux et grâce surtout aussi à tous les enduristes. D’une simple chouette idée de format de course original dans le Haut Verdon à une série labélisée Coupe de France F.F.C. quelle épopée !

Nous avons œuvré avec passion, détermination et dans le seul but d’offrir une expérience unique chaque week-end de course. De proposer les plus beaux panoramas, les plus belles spéciales et de tendre vers le plus d’équité sportive possible.

La manche des Orres marque la fin de l’engagement de Tribe Events dans l’organisation directe des Enduro Series. Cette dernière saison se termine avec un beau coin de ciel bleu au-dessus de l’enduro français, tout est en ordre pour que d’autres, pleins de la fraicheur et de l’enthousiasme nécessaires, puissent continuer l’aventure sur des bases saines.

Nous posons le sac rempli de souvenirs et convaincus que l’Enduro a tout l’avenir devant lui, un peu grâce à nous qui avons construit et accompagné son évolution vers une discipline majeure du V.T.T.

Merci pour votre confiance depuis 2003 et pour avoir réussi à garder tous ensemble l’état d’esprit enduro des premières heures intact.

Special thanks à Alex Balaud, Chronosome, Julie Fantinato et toute sa tribu. Merci aussi à Christophe Poirault, Julien Poomans et Jérôme Brabant.

Depuis 2003, Tribe Events c’est : 15 Tribe 10000, 60 manches Enduro Series, 6 manches EWS, 1 All mountain Series VTT, 2 All Mountain Series SKI, 3 Trophée VTT AE Enduro, 7 Tribe Camp. »

Fred Glo / Tribe Events

 

 

On fait le point avec Fred Glo

Qu’est ce qui justifie une telle décision de ta part ?

Certainement une forme de lassitude, un manque de fraîcheur et surtout pas l’envie d’être le simple gestionnaire d’un championnat. Pas envie de continuer juste pour continuer. La série est saine, rodée, tourne très bien et fait le plein. Il n’y a plus de polémique sportive, comme il y a pu en avoir à une époque. Ou alors elles sont très rares voir de mauvaise foi.

L’organisation de la série mobilisait aussi beaucoup de ressources et d’énergie. En partie puisées sur Tribe Sport Group. Mais aujourd’hui la boite grossit, il y a des enjeux de distribution, de nouveaux challenges, avec nos marques propres notamment (Urge, Brake Authority…), sur des sujets où il faut être bien concentré et mobilisé.

C’est finalement assez simple comme justification. C’est le bon moment de transmettre le flambeau.

 

 

Quel regard portes-tu sur ces 15 années d’organisation ?

Ça été des années intéressantes, passionnantes. Je suis vacciné enduro VTT, tout ça a occupé une bonne partie de ma vie.

Comme chacun sait, l’aventure est partie de la Tribe 10000. Il n’y avait pas de projet, pas de plan à la base d’en faire une série, encore moins une Coupe de France, et que l’on débouche un jour sur des EWS. Les choses, on les a prise au fur et à mesure, en toute humilité on a été pionnier. Nous avons construit et renforcé les bases petit à petit, en fonction des réactions et de l’adhésion des pratiquants. On a ensuite accompagné le mouvement Enduro avec la réelle volonté de bien faire. Sachant qu’il y a eu des moments ou ca été franchement compliqué de construire le calendrier et contenir les attentes des uns et des autres. Que l’on soit un simple rider qui vient pour se faire plaisir ou un compétiteur de haut niveau qui brigue la victoire de la course/de la Coupe de France, les attentes peuvent être très différentes voir contraires.

Le niveau des Français, l’équité sportive, le calendrier complet… Ca me motive d’arrêter à un moment où tout va bien. Ca m’aurait fait mal de laisser un truc en chantier.

Je suis fier de ce que nous avons accompli. Le milieu français n’est pas forcément riche financièrement mais il est riche en compétences. On a réussi à former une belle et solide équipe avec Julie fantinato et Chronosome qui ont bien bétonné notre organisation. Mais aussi Alex balaud, fort de son expérience de compétiteur, qui s’est complètement retrouvé dans la responsabilité du traçage et du choix des parcours.

 

 

Que retiendrais tu en particulier de toutes ces saisons ?

Bien sur, j’ai des centaines de souvenirs qui me viennent. Mais j’ai un bon exemple en tête de satisfaction et de challenge. C’est la présence croissante des pilotes italiens sur le circuit français. Comme beaucoup de monde le sait, Enrico Guala et le circuit SuperEnduro ont apporté un savoir faire en matière de communication et au niveau du package global autour de l’Enduro VTT. Cela fait certainement plus jolie et plus envie que les Enduro Series. Par contre, voir aujourd’hui les Italiens venir courir toujours plus nombreux en France, ça fait plaisir. Ils se sont aperçus que pour progresser et avoir un top niveau, il valait mieux rouler chez nous, sur des parcours moins aseptisés, plus sauvages, plus physiques et plus techniques. Et c’est ce sur quoi j’ai concentré les efforts depuis les tout débuts. Une juste reconnaissance du travail accompli.

Par contre, les Enduro Series ont certainement à progresser sur le package, la cosmétique en matière de communication. Ce sera le challenge des repreneurs, mais pour ça il va falloir fédérer l’industrie française du VTT.

 

 

Justement, quel avenir pour la série ? Pour la Coupe de France ?

Ma volonté est de trouver une solution pour que les Enduro Series puissent continuer et se développer entre de bonnes mains, expérimentées. C’est ce sur quoi on travaille depuis quelques semaines, quelques mois même, mais à l’heure où je te parle ce n’est pas finalisé, pas signé. L’équipe doit monter un calendrier, boucler un budget pour que les Enduro Series aient une suite. C’est beaucoup trop tôt pour annoncer quoi que ce soit, et des noms, mais j’ai très bon espoir que l’on trouve des repreneurs qui puissent annoncer la suite au mieux au Roc, au plus tard en fin d’année.

Pour le label “Coupe de France”, ca reste à définir. On a honoré la dernière année de contrat qui nous liait à la FFC. Les repreneurs ont tout loisir de négocier s’il le souhaite avec la Fédération, et je pense que c’est souhaitable pour la discipline. Je ne pense pas que la FFC souhaite s’impliquer davantage en Enduro. La formule proposée leur convient au regard des moyens et compétences du moment. C’est en revanche un peu dommage que l’Enduro ne soit pas pris en considération au même niveau que la DH ou le XC ; que la Coupe de France Enduro ait souvent été oubliée des communiqués et de la communication officielle.

 

 

As tu des projets en événementiel ? Avec Tribe-Events ou via ton implication en EWS ?

Avec Tribe-Events, clairement non. La structure va s’endormir. Il n’y a pas de projet à court ou moyen terme avec Tribe-Events. Je garde pour autant un pied dans l’organisation puisque je poursuis mon activité dans le comité directeur des Enduro World Series. Aujourd’hui, sportivement la série est bien lancée, reconnue et crédible.

Je ne suis pas du tout passionné par le développement économique de la série ou de devoir jouer un rôle de gestionnaire. En revanche, j’aime explorer de nouvelles pistes et le VTT électrique en fait partie. On réfléchit sérieusement à des courses EWS assistées électriquement. Ça me semble une évidence pour les 3 à 5 prochaines années. Il y a aura peut être un test en 2018, mais on est davantage sur 2019/2020. Sachant qu’il a des enjeux qui dépassent la compétition. L’UCI ne veut pas entendre parler de compétition VTTAE et a même tendance à vouloir refiler le bébé à la FIM… la fédé de moto ! Ils pourraient récupérer cela par passion ou par intérêt, une chose est sûre, c’est extrêmement dangereux pour l’avenir du VTT électrique, l’image du VTT en général, ses pratiquants et l’Industrie. Du pain béni pour les détracteurs. Les EWS ont donc un rôle à jouer pour une pratique durable et responsable.

Enfin, nous avons des discussions depuis plusieurs mois voir presque des années avec l’UCI. On est en train de chercher un point d’accord pour avoir un label UCI sur les Enduro World Series. Pour l’instant, il n’y a rien de signer mais cela pourrait arriver un de ces quatre… Ça irait dans le bon sens pour le bien de la discipline, des athlètes et ça rassurerait les quelques acteurs minoritaires du milieu encore réfractaires. Ça ne serait bon pour personne d’avoir une série internationale concurrente…

 

On conclut cette entrevue en remerciant sincèrement Fred Glo et l’équipe Tribe-Events depuis ses débuts, pour tout ce qu’ils ont apporté au VTT et au développement de la discipline Enduro. Merci…

 

A lire aussi, l’Instantané #6 avec Fred Glohttps://fullattack.cc/2016/05/linstantane-6-fred-glo/

Rédacteur en Chef
  1. #Wildtrack #Wildtrack #Wildtrack
    Moi je dis que ce serait le beurre et l’argent du beurre que de vous voir manager les Enduro Series!! Bon je sais je rêve un peu là, mais on a bien le droit non? 🙂

  2. Pourquoi faudrait-il que se soit une organisation privée qui reprenne la série? Je n’ai rien contre Wiltrack, bien au contraire. Vous faite un boulot du tonnerre.
    Mais la discipline enduro n’est pas encore assez forte en soit pour que l’importance et le poids de la FFC ne puisse s’engager pleinement dans ce sport.
    C’est surement le moment pour que cette instance prenne l’entière responsabilité de ces organisations. On ne remerciera jamais assez Fred et Tribe Event, qui ont fait un magnifique boulot de lancement et de reconnaissance. Cela à pris presque 10 ans. Et 10 ans, c’est déjà beaucoup.
    Il existe déjà en région des cahiers des charges mis en place par les comités FFC Enduro qui permettent aux clubs de tenir la qualité et le service minimum à l’organisation d’une manche. C’est déjà valable en Rhône Alpe avec un comité très actif.
    Pourquoi ne pas continuer sur cette lancée au niveau national et pourquoi pas, un jour voir une manche de championnat de France d’enduro couplée aux autres disciplines « officielles » organisé par la fédération?
    Une course d’un jour avec un champion de France au bout, ça serait pas mal !!

    P.S. Quentin, peut-être que ça peut faire un article de fond ?

  3. merci à Fred Glo pour tout son travail et à son équipe sur cette discipline, c’est sur que l’on a passé de bons moments à la Tribe 10 000 … !

  4. Finalement l’UCI est clairvoyante concernant le VTTAE
    après on aurait le XCAE, le BMXAE, … et le comble la DHAE
    ensuite on fait sauter la limite des 25km/h (parce ça se traîne), puis les pédales et on réinvente la moto (version ultralégère)

    Et quand l’exosquelette motorisé sera facilement accessible, on pourra encore plus multiplier les catégories, au mini une VMusculaire, une VAEM et une VAE²

    En résumé, je vois pas l’intérêt du moteur en compétition vélo, alors qu’en moto …

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