Entre les chiffres – EWS Rotorua 2017, l’impact de la pluie…

On le pressentait au moment des premiers résultats de cette manche d’ouverture Enduro World Series 2017. Les retours des pilotes et l’analyse Entre les chiffre le confirment : la pluie a joué un rôle majeur dans le déroulement de la course.

Certains ont sû, plus que d’autres, survivre dans ces conditions. Une journée dantesque dont les résultats nécessitent quelques efforts pour y voir clair. Quel a été le réel impact de la pluie ? Qui est vraiment en forme ? Où en sont les favoris pour le titre ?

Endurotribe reprend les bonnes habitudes. Analyse Entre les chiffres plus que jamais nécessaire pour y voir clair !

 


Temps de lecture estimé : 7 minutes / Photos : Enduro World Series


 

 

Format de la course

Avant d’entrer dans le vif du sujet, petit point sur le format de la course. Outre le déroulement de la compétition sur un jour, quelques caractéristiques des parcours valent le détour.

Notamment si l’on se penche sur les durées et pentes moyennes des 7 tracés. Avec la seule pente au dessus des 200m/km, le plus faible chrono du week-end et une vitesse moyenne tout ce qu’il y a de plus raisonnable, la première spéciale se distingue…

Forcément une spéciale sinueuse, avec des passages pentus et des appuis. Le genre de parcours que certains devaient avoir coché à leur plan de course pour faire mouche… Et où, forcément, l’apparition de la pluie a dû contrarier des plans.

« la pluie ne pouvait pas plus mal tomber… »

D’autant que sur ce type de parcours, les appuis se creusent, parfois tant qu’ils deviennent de véritables bourbiers, ou pire, ornières profondes à souhait. Plusieurs pilotes ont rapporté avoir touché les disques, les pédales, les plateaux, les dérailleurs dans ces trous, se propulsant avec les pieds, tant ils étaient devenus profonds.

Après ça, les pentes moyennes chutent drastiquement. Autour de 100m/km. Voir moins à trois reprises. Des valeurs similaires avec l’ouverture de Corral l’an passé, ou de l’étape irlandaise de Wicklow, connue pour pédaler et relancer souvent…

Dans tous les cas, moins de pente, plus en prise et, forcément, impact important de la boue lorsqu’il faut s’extirper de la mélasse et faire avancer la machine, tant bien que mal. Surtout lorsque avec le temps, le terrain sèche et passe par l’état où il colle de manière abusive.

D’une certaine manière donc, pour les tops pilotes mondiaux, la pluie ne pouvait pas plus mal tomber sur ce parcours néo-zélandais !

 

 

Impact ou pas ?!

Mais alors, cette pluie a-t-elle véritablement eu les conséquences qu’on lui prête ?! Oui, si l’on en croit l’évolution du classement, spéciale après spéciale…

Sur cette première vue globale, on distingue clairement deux tendances parmi les pilotes qui composent le top 20 final :

> immanquablement, les dix premiers à l’issue de la première spéciale, font partie des mieux placés à l’issue de l’épreuve. Mis à par quelques chassés-croisés propres à la course, globalement, leurs courbes sont planes. Masters, Walker, Smith, Bryceland, Buchanan, Barel, Moir, Borges, Chapuis… Tous ont pris le départ de la première spéciale avant les dames. Ils n’ont donc pas vécu l’impact de la pluie de la même manière.

> Les autres ne peuvent pas en dire autant. Clementz, Barnes, Callaghan, Scott, Nicolaï, Rude & Maes font partie du top 30 de l’an passé, et sont partis les derniers. Leurs résultats de la première spéciale, au delà de la 30ème place, et parfois même autour de la 80e (!) en disent long sur les conditions de course. Ils ne sont pas, individuellement, à l’abris d’une défaillance. Mais une telle dynamique de groupe corrobore bien l’impact de la pluie et de la dégradation du terrain sur la course.

Parmi ces courbes, il y en a une qui passerait presque inaperçue. Celle de Sam Hill démontre qu’une fois de plus, l’Australien a fait un festival dans la boue. Sur le début de course, il est le seul favoris parti dans les derniers à signer des temps colossaux vu les conditions. Sam Hill, la légende, est bien là !

 

 

À l’avant de la course

Cette vue globale de l’évolution du classement nous en fait oublier ce qui se passait aux avant-postes. Car certes, les premiers n’ont pas eu des conditions aussi folles que les derniers, mais tout compte fait, ils ont bien fini par en affronter les conséquences. Voyons plus en détail…

Notamment pour constater qu’un mauvais départ n’était pas forcément rédhibitoire. Après tout, Ed Masters – èeme à l’arrivée – n’était pas non plus dans le top 20 à la fin de la première spéciale.

Jusqu’à la seconde, c’était Adrien Dailly qui occupait la tête des débats. Le gouffre que forme sa courbe est à la hauteur de l’impact de ses chutes dans le 3ème secteur chronométré du jour. C’est ici, alors qu’il survolait la course, que le jeune français, tout juste élite, perd toute chance de victoire.

 

 

Évolution des écarts

Un constat plus évident encore lorsque l’on se penche sur l’évolution des écarts au fur et à mesure de la journée.

Adrien Dailly s’était constitué un pécule de 8s après les deux premiers chronos du jour. Il perd plus d’une minute dans la spéciale qui lui porte préjudice. Quand on mesure qu’il reprend près de 40s à ses adversaires ensuite… Nul doute qu’Adrien Dailly soit en forme, et un sérieux client en ce début de saison.

Finalement, il est le seul, avec Sam Hill et Richie Rude, à avoir repris autant de secondes aux vainqueurs sur la fin de course. Pas suffisant pour reprendre la tête et changer la physionomie finale du podium, mais ce qu’il faut pour se faire remarquer lorsque l’on prend la peine de lire Entre les chiffres de l’épreuve.

D’autant que si l’on croise cette observation avec une autre, il y a de quoi spéculer sur ce qu’aurait été le podium du jour. À bien y regarder, 30s semble être le débourre minimal des pilotes du top 20 mondial – sur la première spéciale – que l’on puisse attribuer aux conditions dégradées qu’ils ont subit. L’estimation est ensuite plus difficile à certifier.

 

 

Places en spéciales

Dans des conditions pareilles, la course est folle. Chacun y va de sa performance, à un moment donné, lorsque les conditions sont à peu prêt réunies pour faire feu. C’est ce que traduit la lecture des places en spéciale…

C’est pourquoi on peut observer un tableau plus disparate que jamais : pas une ligne de sombre dans son ensemble. Même parmi les premiers, chacun a eu son moment, sa bonne passe. Wyn Masters dans les spéciales 1&2 puis 4&5. Matt Walker en début et en fin de course. C’est ici qu’on lit clairement que Ed Masters a perdu la course dans la spéciale 6, sur chute…

 

Derrière, chacun y va de son coup d’éclat. De Josh Bryceland à Richie Rude, les lignes sont claires, parsemées de sombre. Dans tous les cas très contrastées. Il n’y a bien que Jérôme Clementz, en vieux briscard, qui réussit à jouer la carte de la régularité pour marquer de précieux points.

Des images du jour de course, les siennes sont celles qui exposent le plus clairement un choix de pneus muds très à propos. Avait-il anticipé ? A-t-il tenté sa chance et parié gros ? Toujours est-il que sa prestation le place une fois de plus parmi les bons à suivre en ce début de saison et qu’après coup, d’autres ont clairement avoué ne pas avoir eu tant de clairvoyance. Justin Leov notamment, dans son journal de bord….

 

 

La suite ?!

Après une telle ouverture, la suite des débats a plus que jamais son importance. L’impact de la pluie sur la course est indéniable. Et si certains ont joué de malchance ou de difficultés notoires, d’autres ont su tirer leur épingles du jeu. Dans tous les cas, des conditions de piste constantes ne sont pas imaginables à cette échelle. En descente, en rallye auto, en motocross aussi, les terrains se dégradent et ont leur influence sur la course…

Peu importe. Les vainqueurs n’ont rien à se reprocher dans cette histoire. La pluie n’est pas tombée par leur faute et quand bien même, ils ont fait leur course.

« Le titre se décerne sur une saison, balles neuves messieurs ! »

Qu’importe, l’Enduro a de spécifique que le champion du monde n’est pas consacré à l’issue d’une seule course, mais bien des huit étapes de la saison. Il en reste sept à disputer. Nul doute que le temps et la régularité fassent leur oeuvre au fur et à mesure des courses pour dessiner l’ordre mondial 2017.

Tout ce beau monde se retrouve en Tasmanie pour la seconde manche des Enduro World Series 2017, dès la semaine prochaine. Tout juste le temps de se remettre de ces premières émotions et d’entamer une nouvelle partie. Balles neuves messieurs !

Rédac'Chef Adjoint
  1. Bien petit, bon boulot.
    un petit classement en enlevant la première spéciale, ça donnerai quoi?

    1. @Meunier Laurent > j’ai fait la simulation, mais ça ne change pas grand chose (cf. ci-dessous). À mon sens, elle n’est pas révélatrice. Les gars ont pris une douche à la première. Ça a forcément un impact sur la suite de la journée. retirer le premier chrono ne suffit pas à rendre le classement et les conditions plus régulières. Les autres spéciales aussi sont affectées, et de manière bien moins facile à estimer. Les prestations des gars ne sont pas fidèles à ce qu’elles auraient été sans ces conditions. T’es mouillé, ton vélo est miné, t’y voit plus rien, les pistes sont défoncées, tu vient de prendre un tir dans la première, ton début de saison tant espéré vient d’être douché… Les compteurs ne repartent pas à zéro dès le second run, et chacun se remobilise comme il peut.

      EWS Rotorua (without SP1)

      1 Eddie MASTERS 34:05.320
      2 Sam HILL 34:11.750
      3 Matt WALKER 34:13.380
      4 Wyn MASTERS 34:15.070
      5 Greg CALLAGHAN 34:20.420
      6 Jack MOIR 34:32.600
      7 Mark SCOTT 34:37.050
      8 Martin MAES 34:44.780
      9 Jose BORGES 34:44.940
      10 Josh BRYCELAND 34:51.150
      11 Jerome CLEMENTZ 34:54.590
      12 Joe BARNES 34:55.090
      13 Adrien DAILLY 34:58.570
      14 Sam BLENKINSOP 34:58.960
      15 Florian NICOLAI 35:01.830
      16 Maxime CHAPUIS 35:07.150
      17 Richie RUDE 35:08.450
      18 Fabien BAREL 35:12.930
      19 Thomas LAPEYRIE 35:19.200
      20 Remi GAUVIN 35:22.170

  2. Et si Hill a été aussi bon dans la première spéciale malgré les conditions ça serait pas grâce aux pédales plates par hasard ?

    1. @mat : Très certainement. Plusieurs pilotes rapportent avoir dû faire de la « trottinette » pour s’extirper de différentes situations. Les pédales plates sont connues pour être un avantage dans ces situations. Autre intérêt : elles obligent à ne pas prendre d’appuis contre-nature et avoir une certaine lecture du terrain. Des choix efficaces en tout temps, que les terrains humides et glissants mettent encore plus à l’honneur. Ça reste tout son talent d’être capable d’en tirer partie à ces vitesses. L’exercice n’est pas donné à tout le monde, sans quoi, il y longtemps que tous les meilleurs s’y seraient convertis 😉

  3. Pour dans de telles conditions, les pilotes peuvent effectivement trouver un intérêt aux pédales plates. Mais dans le cas de Sam HILL, cela est réducteur. Ce pilote a toujours fait des coups d’éclats en DH dans les conditions dantesques, car il est très à l’aise dans la boue, trouve des trajectoires improbables du fait de sa lecture du terrain et de ses appuis hors normes. Il n’y a rien d’étonnant dans son cas. Tellement que, a contrario, même avec des pédales plates, il a signé une victoire magistrale à Valberg-Guillaumes l’année dernière, c’est dire.

  4. Merci Togne, effectivement à part pour le Boss sinon ça ne change pas grand chose.
    à noter aussi qu’il fait le meilleur temps dans la spéciale la plus pédalante.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *