EWS Whistler 2016 – Analyse : Entre les chiffres

entreleschiffres-whistler16-02Tout pour le show ! Le slogan colle comme un gant lorsqu’il s’agit d’aborder les Crankworx, événement phare de la saison estivale de Whistler. Cette année encore, la manche canadienne des Enduro World Series faisait partie intégrante de la folle semaine. Et en lisant Entre les chiffres de la course, tout était réuni pour un grand spectacle sur cette EWS Whistler 2016. Décryptage…

 

 

 

Richie Rude looks up to full health as he attacks the first corner of the final stage!

Format de la course

À commencer par le format de l’étape ! Une seule journée de course, dense et compacte. 5 spéciales au programme, dont un final grandiose, en fin de journée, sur le parvis de la station.

En y regardant de plus près, on retrouve ce que la présentation de l’événement laissait présager : 3 spéciales courtes (moins de 2km) prises en sandwich entre deux morceaux de bravoure. Mais au delà, quelques éléments permettent surtout de définir plus précisément en quoi consistent les fameux « trails » de Whistler.

À commencer par le premier run, à la vitesse moyenne la plus élevée du jour. 36km/h parmi les traces les plus connues du park, dont une partie haute à grand coup de saut, de compression, de virages relevés et de wallride en tout genre.

Mais aussi et surtout, 3 petites spéciales sur les traces hors bike park qui font la renommée de l’endroit auprès des plus aguerris. On comprend maintenant pourquoi. La spéciale 2 en premier lieu : 1,76km, plus de 6min, et 200m/km de pente. Une seule explication à de tels chiffres : une spéciale sinueuse et cabossée au possible, passée à tricoter. La spéciale 4 ensuite. 300m de dénivelé dévalé en 1,23km… Pendant plus de 3min. Autant dire de la pente, et des obstacles qui cassent la vitesse…

Jerome Clementz knows just how fast to ride this section

Des traces scabreuses, techniques. De véritables exercice d’habileté et de précision. Un appel au challenge et au défi technique sur fond de persévérance… Des traces qui exploitent le dénivelé et le terrain avec style et efficacité, sans en perdre une miette. Bref, un coeur de course palpitant avant d’entamer le final…

Grandiose ! Un monstre. Pour l’heure, la spéciale la plus longue de la saison. Le dénivelé le plus important aussi… Mais parmi les pentes moyennes les plus faibles. Autant dire un juge de paix où l’engagement, la détermination et la persévérance sont des éléments clés.

5 tracés, et de tout. Comme dans un bon film, il y en a pour tout le monde et tous les goûts. Comment, en l’espace d’une journée et d’un tracé, faire la part belle à tout un secteur. Du récent, de l’ancien, du park, du naturel, du plat, de la pente… Et toujours, un enchaînement de secteurs où trouver et adapter le bon rythme est un challenge. Whistler !

 

 

Jesse Melamed couldn't bear to watch as the final stage action ramped up

Évolution du classement

Pas étonnant donc, de trouver un classement plus volatile que jamais. Jusqu’au bout, le suspens est total. Entre péripéties, remise en selle et coup d’éclats, la course est folle, le suspens important et l’issue, presque imprévisible… Un scénario bien ficelé !

À commencer par l’impact direct de la crevaison de Richie Rude dès la seconde spéciale. 14ème place après cette mésaventure pour le leader du général. Mauvaise opération pour celui dont on a encore des doutes à propos de l’épaule blessée au Colorado… Mais confirmation que tout va mieux dès les runs suivants, et une remontée irrésistible et in-extrémis vers le sommet.

Confirmation ensuite de tout le bien que l’on peut penser de Jesse Melamed, local de l’étape. Après ses bonnes prestations de juillet, le voilà devant, pour de bon. Il n’y a qu’à voir comme il tire partie de deux des trois runs intermédiaires. Et comme, sur un moment d’absence, il laisse peut-être filer la victoire dans la spéciale 3. Toujours est-il que pour lui comme pour ses fans, l’attente dans le hot seat d’arrivée a offert un spectacle sensationnel. jusqu’à l’ultime concurrent à s’élancer, et un dénouement teinté d’émotion.

« Le Show était au rendez-vous, et l’Enduro à la fête sur cette EWS Whistler 2016 ! »

Occasion, aussi, de dessiner le mano à mano que se sont livrés Josh Carlson et Martin Maes, tant leurs courbes sont semblables, jusqu’à la mi-course… Avant que le jeune Belge ne serre un peu plus le moteur… Ou que Josh Carlson ait un sursaut d’orgueil et lâche ses dernières forces dans le run final !

Mise en évidence, enfin, de l’aspect stratégique que pouvait revêtir une course avec un si long run final. Damien Oton – victime d’une avarie dans la première spéciale – et Nicolas Lau dessinent tous deux des courbes qui montent en puissance, jusqu’à finir à bloc. Certains annonçaient un profil de course de ce type à l’issue des reconnaissances. Eux y sont parvenus, avec succès.

 

 

Sam Hill, foot out flat out. 8th place today

Évolution des écarts

C’est en tout cas ce qui semble expliquer leur place finales dans le top 10, au nez et à la barbe des descendeurs pourtant biens partis. La lecture de l’évolution des écarts joue en ce sens…

Les courbes de Sam Blenkinsop, Sam Hill et Robin Wallner le démontrent. Bien partis sur le premier run à leur faveur, les trois marquent le pas et plongent irrémédiablement par la suite… Là même où l’on peut encore les attendre. Après tout, la pente de la spéciale 4 n’est pas pour leur déplaire. Sam Hill et son sursaut le montre.

Mais devant, les plus fins enduristes, les gars en forme du moment, prennent le dessus. Nicolas Lau, Martin Maes et Damien Oton construisent même leur performance sur cette dynamique. Ce que ne parviennent pas à faire d’autres pilotes de renom.

Comme dans tout bon spectacle, il faut une part de tragédie. Cette fois-ci, Jérôme Clementz, Yoann Barelli et plus encore François Bailly-Maitre, s’en chargent. Tous trois coincent irrémédiablement avant la fin… Et paient cash une performance moyenne sur une spéciale longue et complète, connue comme le juge de paix d’une partie de la saison.

 

 

Nico Lau dives into a corner at the bottom of stage 2. The frenchman had a consistent day of racing for 4th place.

Rythmes en spéciale

Retour aux avants-postes, grâce aux rythmes en spéciale, pour constater qu’au sein d’un tel spectacle, le favori du moment n’a pas survolé la course autant qu’il n’y parait.

La courbe de Richie Rude est sans équivoque. le creux de la spéciale 2 suffit à mesurer l’impact de sa crevaison du jour. Pour le reste, l’Américain est solidement attaché au sommet de la hiérarchie…

Mais ce sont bien Jesse Melamed et Josh Carlson qui démontrent que sans passages à vide de leur part, la course aurait eu une toute autre saveur. Le pilote Urge/Rocky Mountain dans la spéciale 3, et le pilote Giant dans la spéciale 4, facilitent la tâche et permettent à la courbe du pilote Yeti de rester plate sans autre concurrence !

Intéressant aussi de voir à quel point le trio Martin Maes, Nicolas lau et Damien Oton connaissent une évolution du rythme similaire. Globalement, leurs courbes connaissent les mêmes variations et offrent les mêmes profils. Ceux de pilotes capable de laisser passer l’orage du début de course pour revenir, et frapper fort. Pas étonnant donc, de retrouver les trois au coude à coude au classement final…

 

 

#1 Whistler

Places en spéciale

Un peu comme la cérémonie des oscars, le tableau des places en spéciale vient boucler le show et distribuer les bons points. Sans ça, le spectacle ne serait pas complet.

L’occasion de confirmer une course à rebondissements, où chacun des trois lauréats a connu sont moment de doute, avant de se refaire. Chacun son tour, sur les spéciales 2, 3 et 4, Richie Rude, Jesse Melamed et Josh Carlson se succèdent dans un moment de faiblesse.

Mais pas de quoi, pour autant, s’exposer au trio Nicolas Lau, Martin Maes & Damien Oton, consistants, mais un ton en dessous. C’est par contre ici que l’on constate ce qu’il a manqué à Sam Hill pour punir une nouvelle fois son monde. Une spéciale 3 réussie, et l’on aurait une fois de plus compté l’Australien parmi les prétendants directs à la victoire, du moins, au milieu du trio de frenchies qui le précède.

Enfin, mention spéciale à Justin Leov, sur le retour. Après une épaule démise ici-même l’an passé, et un retour difficile marqué d’une infection en ce début 2016, le kiwi renoue avec le succès… Ou du moins, avec une place à laquelle on peut légitimement l’attendre. 10ème, et auteur d’une des courses les plus régulière. Sa ligne aux couleurs mi-tentées et très proches les unes des autres, en atteste.

Not sure riders will have enough time to contribute to these stacks come race day!

Toujours est-il qu’il fallait une dose de folie, des nerfs d’acier et une bonne dose de courage pour l’emporter ce week-end. Une course compacte et dense comme en Irlande, des tracés aux chiffres inspirés par toutes les autres manches, un classement à rebondissements comme jamais et des stratégies payantes comme toujours… Cette fois-ci, le Show était au rendez-vous, et l’Enduro pouvait être à la fête sur cette EWS Whistler 2016 !