Effet de mode pour certains, véritable avancée pour d’autres… En cette période de présentation, le vélo électrique occupe plus que jamais les esprits, anime les débats et gagne du terrain.
C’est, du moins ce à quoi tendent les propos très explicites de Gilles Lapierre, en introduction à la présentation de la gamme 2017 de la marque dijonnaise : « Le groupe Accell – dont Lapierre fait partie – réalise 1 milliard de chiffre d’affaire par an. 45% portent sur les vélos électriques… Autant dire que vous allez logiquement en voir dans nos nouveautés 2017..! »
Pas étonnant donc que les réelles avancées dijonnaises portent sur ce segment en vogue. Mis à par le nouvel XR – XC marathon « traditionnel » – les VTTAE Lapierre Overvolt prennent donc du galon et bénéficient d’évolutions à tous les niveaux.
À y regarder de près : designers, ingénieurs, chefs produits, responsables marketing et pilotes ont chacun eu leurs mots à dire pour faire progresser les électriques Lapierre. Nous voilà donc sur les traces de chaque bribe d’avancée susceptible de saisir l’ampleur de la tâche…
Photos : Lapierre – Damian Mc Arthur/Manu Molle
Nouvelle logique de gamme
À commencer par la nouvelle organisation de la gamme. Finis les Overvolt FS, SX & HT, la gamme Lapierre 2017 se veut plus lisible. Elle repose désormais sur trois segments distincts, pour trois niveaux d’accessibilité et trois publics précis.
Chacun doit donc trouver chaussure à son pied, ou plutôt courant à ses envies. Pour ce faire, l’ensemble de la gamme utilise deux détails importants, pour ne pas dire essentiels…
Au delà de ces éléments essentiels, différents détails de conception et de montage ont leur mot à dire…
La fibre et l’électrique…
L’usage du carbone notamment, sur le tout nouveau Lapierre Overvolt AM Carbon. Pour cette nouvelle conception, la fibre noire s’est imposée. Il s’agissait de trouver la rigidité et la cohésion au moment d’exploiter un principe emprunté aux sports mécaniques… Chers à Nicolas Vouilloz !
Le pilote emblématique de la marque, après ses nombreux titres VTT, a aussi été champion IRC, l’anti-chambre du rallye WRC. Alors forcément, quand il évoque l’idée de maîtriser le positionnement des masses au sein du véhicule pour en influer le comportement, l’argument « a son poids. »
Avec Cannondale et sa gamme Moterra, Lapierre est donc la seconde marque du moment à s’attaquer aux moindres possibilités de positionnement que les produits standards Bosch laissent ouverts. En voiture ou en moto, il n’est pas rare de déplacer le moteur ou le siège du pilote. Ici, ce sont les 3 kg de la batterie – 15% de la masse totale – qui font l’objet de toutes les attentions…
Un tel dispositif permet de déplacer les trois kilos de la batterie : 70mm vers l’arrière, et 70mm vers le bas. De quoi, théoriquement, influer sur le roulis (Roll) et tangage (Pitch) du vélo, et donc sur son comportement dynamique…
Du + à tous les étages
Les nouveautés ne s’arrêtent pas à la nouvelle architecture inaugurée par le Lapierre Overvolt AM Carbon. Le Lapierre Overvolt AM Carbon 900+ arbore notamment le groupe Sram EX1 spécifique à l’électrique, déjà présenté ces derniers temps.
Outre la transmission et les freins, un autre domaine nécessite un développement spécifique à ces vélos, plus lourds et brutaux avec la mécanique. Il fait d’ailleurs l’objet de toutes les attentions : Lapierre a désormais sa propre gamme de roues dédiées à l’usage…
En boost ! Soit une entraxe de 148mm arrière, 110mm avant. Les cadres et fourches des Lapierre Overvolt y sont donc directement dédiés. L’objectif est bien là de gagner en précision sur ces vélos soumis à des contraintes hors du commun.
Un choix qui ouvre la porte à un autre, tout aussi intéressant : l’usage du 27,5 +. Les gros pneus, que certains pensent plus à propos pour l’électrique que pour le traditionnel, font ainsi leur entrée à la gamme Lapierre.
Logiquement, les modèles à l’appellation qui s’achève par + sont directement livrés dans ce format : le plus haut de gamme Carbon, et un milieu de gamme Alloy. Dans tous les cas, la marque laisse la porte ouverte à différentes combinaisons qui ne manqueront pas d’intérêt à l’usage.
Les roues dijonnaises spécifiquement développées pour l’électrique laissent d’ailleurs entrevoir certaines possibilités et inspirations qui peuvent s’avérer intéressantes à l’essai…
À la gamme Lapierre Overvolt 2017, il est donc désormais possible de choisir son, voir ses formats de roue : un préféré considéré passe-partout, ou bien passer de l’un à l’autre en fonction des terrains…
Au delà de la boue…rguignone !
C’est, entre autre, ce que j’ai l’occasion d’initier deux jours durant sur les côtes de la Bourgogne. Soit quatre demi-journées aux tempéraments et climats distincts, comme la réputation des lieux s’y prête. L’alternance de soleil et de pluie ne rend ainsi pas la tâche facile. Inévitablement, le degré de liquidité des sols, variant sous l’influence des pluies, n’a de cesse d’influer sur les ressentis.
Pour autant, il permet de mettre en évidence la pertinence et l’intérêt de certains aspects de la gamme.
À commencer par la facilité de prise en main de l’Overvolt XC. Des 3 modèles essayés, il est celui sur lequel j’arrive à jouer le plus rapidement. Peu de débattement, réglages réduits à leur simple expression… Il me faut quelques instants à peine pour trouver des repères, une certaine confiance et l’envie de me lâcher.
Je profite d’un certain degré de tolérance du train avant pour être plus à l’aise dans les enchaînements rocailleux négociés à vitesse raisonnable. Petits bunny-ups, petits décalés. Le train avant est lourd, mais la hauteur du cintre – 5x5mm d’entretoise sous la potence – tend à alléger la direction. Un certain avantage avant que ce trait de caractère ne devienne un handicap à haute vitesse…
Et de constater que l’Overvolt AM est effectivement là pour prendre le relais… Sa version carbone notamment, qui semble s’adresser à un public initié et exigeant. En terme de maintien et de précision notamment.
Diamètre des plongeurs de fourche, carbone, boost, tube oblique périmétrique, jante avant plus large… Il serait prématuré de tirer une conclusion sur les raisons d’un tel ressenti. Pour autant, il m’appairait que le train avant du nouveau Lapierre Overvolt AM Carbon est bien plus précis que son homologue XC, voir AM aluminium.
À l’usage, il est évident que le placement rabaissé de la batterie a son influence sur le comportement du vélo. Ne serait-ce qu’au moment de s’en saisir. Posé au sol, les électriques conventionnels sont une plaie à redresser. L’inertie, et donc la manœuvre, sont moindre avec ce nouveau modèle.
Une impression qui se ressent à l’usage, lors des changements de bords en courbe. Enchaîner les virages entre les arbres des boucles test à disposition se fait plus aisément. Surtout, je semble moins confronté à cet angle au delà duquel le vélo semble tomber. Ce moment où il faut arrêter de pousser le vélo sur l’angle, mais presque le retenir.
Sur le principe, le nouvel Overvolt semble donc gagner d’agilité au roulis. L’impression est moindre au tangage : lorsqu’il faut manœuvrer verticalement. Le vélo pèse toujours son poids. Dans cette direction, l’apport est plus subtil.
Pour le quantifier, je joue des clics en détente. Il me faut d’ailleurs deux petites demi-journées d’essai pour trouver les bons réglages, là où le XC est accessible quasi instantanément. Signe que le nouveau Lapierre Overvolt AM Carbon est plus exigeant, plus pointu.
Une fois réglé sainement – équilibre, amorti & stabilité – il me suffit de freiner de 3 à 4 clics les détentes pour retrouver un vélo plus lourd et pataud similaire au AM aluminium au positionnement de batterie « classique. » Chacun peut s’y essayer sur son vélo, pour se faire une première idée…
C’est finalement en côte, à pleine puissance (mode turbo Bosch) que l’apport se fait sentir. Habituellement alourdi par la charge de la batterie, le train avant est plaqué au sol. On peut donc relever le poste de pilotage pour rendre la direction plus vive, et laisser le cintre tirer les bras à la propulsion.
En pareil circonstance, le nouveau Lapierre Overvolt AM Carbon aurait presque tendance à être trop volatile. J’incline très légèrement la selle. Pour engendrer ce qu’il faut de pression du buste et des bras sur le cintre, mais aussi pour profiter davantage de la propulsion au bassin.
Comme lors de mes débuts à VTT, apprenant à franchir les « coups de cul » sans cabrer ni déraper, j’ai la sensation d’avoir à ré-apprendre quelque chose. Ces quelques ajustements me permettent d’y aboutir plus rapidement. À l’essai, il serait d’ailleurs intéressant d’envisager de baisser le cintre de 5 à 10mm pour en mesurer les effets…
À l’occasion de cette présentation, la « boue…rgignonne » est aussi l’occasion de mettre à profit le format + désormais disponible à la gamme Lapierre Overvolt 2017. En l’occurrence, de couper court à certaines idées reçues. En électrique, les pneus + ne semblent pas une plaie dans la boue collante. La puissance de l’assistance est de toute façon là pour aider à ne pas se coller.
Dans ces circonstances, les gros pneus auraient même tendance à permettre de « surnager » là où les petits s’enfoncent plus, sont plus sensibles aux variations d’appuis, de pression au sol, synonyme de glisse et de travers.
Pour le coup, ils apportent d’ailleurs un certain degré de tolérance intéressant sur les sections rocailleuses et lustrées. Plutôt que de rebondir et de glisser d’un caillou à l’autre, ils s’accommodent du terrain et offre une certaine marge qui peut mettre en confiance… Avant de s’essayer au même passage, plus précis, en roues classiques.
Possibilités et usages pertinents des différents formats de roue, réglages opportuns des suspensions pour tirer partie du recentrage des masses, ajustement de position et de hauteur de cintres… Autant de pistes d’essai issues de cette prise en main rapide, mais utiles. C’est bon signe ! Attention, ces éléments d’essai ne doivent pas non plus êtres extrapolés au vélo classique. Ils s’avèrent être des ressentis intéressant sur des vélos électriques qui dépassent les 20 kilos. Rien ne dit, pour l’heure qu’il en serait de même avec des vélos classiques sous la barre des 14kg..!
Pour le reste ?
Lapierre à beau mettre le paquet sur les Overvolt, l’évolution des standards n’en reste pas moins une tendance quasi obligatoire à laquelle il faut se plier pour rester compétitif.
Les Zesty et Spicy sont donc reconduits, tout en bénéficiant de l’arrivée du boost et du métrique. le triangle arrière sera donc désormais à 148mm d’entraxe. L’amortisseur gérera désormais 170mm de débattement, comme la Lyric utilisée par Nicolas Vouilloz en EWS.
Les vélos et décos utilisés par Nicolas Vouilloz et Rae Morisson en ce mois de juillet présagent d’ailleurs des livrées Team (rouge et bleu) et 527 (noir et fluo) à venir… Notamment des lignes de marquages qui ne sont pas sans réduire la bosse si particulière du tube supérieur…
En 2017, les Edges font également leur entrée à la gamme Lapierre. Ces nouveaux 27,5+ viennent dynamiser une gamme d’accès jusqu’alors très conventionnelle et randonnée.
Il suffit d’ailleurs de voir à quel point les semi-rigides Edges présenté sur le paddock de la présentation ont été pris d’assaut à chaque passage au stand. L’attrait et le potentiel de ces petits « jouets » sont bien réels. Plus polyvalents que les Rapts, Technic et Raid FX, ils pourraient bien donner un coup de jeune et d’enthousiasme aux débutants qui choisiront la gamme Lapierre pour débuter…
Enfin, l’E:i Shock, essayé par ailleurs sur Endurotribe, continue à apparaitre sur la gamme Lapierre. Il profite du nouveau millésime pour connaitre quelques évolutions utiles. Contrairement au précédentes préconisations, le système 2017 permettra de laver le vélo avec la batterie installée dessus. L’étanchéité de niveau IP67 et l’inversion du sens des contacteurs pour qu’ils se vident automatiquement de leur eau en cas de démontage de la batterie vont en ce sens…
Pas plus d’infos pour l’heure sur la tarification Lapierre pour 2017. Le Brexit adopté – et la volatilité des marchés financiers et devises qui en ont découlé – incite, entre autre, la marque/le groupe à jouer la carte de la prudence. Ils devraient être rendus publiques courant juillet.
Découvrez VTTAE.fr, le magazine du VTT à assistance électrique concocté par la Rédaction Endurotribe ! > www.vttae.fr