EWS de Wicklow – Théo Galy nous raconte sa course

Après une semaine passée en Irlande me voilà de retour en France. Petit moment de détente, juste le temps de toucher terre et de vous raconter mon incroyable week-end…

Texte : Théo Galy # Photo : EWS

 

 

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Lundi 9 mai, je prends l’avion direction Wicklow pour la troisième manche des Enduro World Series. Le soir même j’arrive en terrain connu ; nous sommes logés au même gîte que l’année précédente.

Le lendemain matin nous partons marcher sur les spéciales 4, 5, 6 et 7. Les tracés sont à 95% identiques à ceux de 2015 ; très vite les souvenirs reviennent et je me rappelle des passages clés. Après 4 heures de marche sous la pluie et dans la boue, direction la maison pour du repos.

Mercredi matin, nous décidons d’aller parcourir les spéciales 1 et 2 et faisons l’impasse sur la SP3. Deux heures de marche supplémentaires dans les jambes, là j’ai ma dose ! Le mercredi après-midi récup’ tranquille au gîte. Malheureusement une terrible nouvelle va littéralement nous assommer : Gabe Fox, notre team manager, nous apprend par téléphone le décès de Steve Smith. Steve c’était pour nous un ami, une source d’inspiration, un rider d’exception, notre partenaire, une icône… L’ambiance dans la maison est lourde, les yeux sont rouges et les gorges serrées. C’est dur à encaisser. Ce week-end je roule pour toi Stevie.

Jeudi journée off ; juste une petite sortie vélo d’une heure, histoire de débloquer les jambes. Jeudi soir, il est temps d’aller chercher nos plaques, les choses sérieuses commencent.

 

Recos à vélo

Vendredi, ouverture des recos officielles à vélo. La météo est au beau fixe. Seules les spéciales 1, 2, 3 et 4 sont ouvertes. Je décide de faire un passage par spéciale dans un premier temps. 3h de vélo plus tard je passe au stand pour me refaire une santé. J’apprends que certains pilotes ont fait le choix de faire deux passages par spéciale… ils sont FOUS !!! Pour ma part, je décide de remonter uniquement pour faire un second passage sur la spéciale 1. Ce sera la première du dimanche et il important de se sentir bien d’entrée de jeu. Voilà 4h que je suis sur ma selle, il est temps de rentrer au chaud.

Samedi c’est reparti pour les dernières recos ; les spéciales 5, 6 et 7 sont ouvertes. Encore une fois je préfère garder de la fraîcheur et décide de faire un seul passage par spéciale. 3 heures plus tard les recos sont terminées pour moi, c’est le moment de récupérer.

 

Dimanche, jour de course

Brassard noir autour du bras, les yeux vers le ciel, grosse pensée pour toi Stevie. Au programme de cette journée chargée : 7 spéciales, 45kms et 1700m de dénivelé positif.

11h41, c’est l’heure de mon départ. Spéciale 1, dès le début je me sens bien, les sensations sont bonnes et la vitesse est là. Je fais un super run pour entrer en matière, je décroche le 4ème temps. La SP2 est la plus longue et la plus physique de la journée. Il faut absolument limiter les dégâts. Sur le départ le public irlandais est venu en masse, l’ambiance est juste extraordinaire. Je prends le départ avec des frissons, les premiers mètres sont bien techniques. Je ne m’en sors pas trop mal. Je suis prudent dans les passages cassants et rapides, mon pneu arrière n’est pas renforcé. Je donne tout sur la grosse relance en bas du run et fais le 6ème temps.

En route pour la plus longue liaison vers le start de la SP3. Au départ l’ambiance est de nouveau folle sur les 50 premiers mètres très engagés. Là encore je fais un passage soft pour sauver mon pneu arrière et ensuite je me mets à la couenne sur ce run court mais terriblement plat… En bas je suis satisfait, j’obtiens le 5ème temps.

Petite liaison et c’est parti pour la SP4, une de mes favorites. Peu de temps après le départ je sens que je commence à fatiguer, j’ai les jambes dures. Je serre les dents et arrive à conserver le rythme jusqu’en bas. Je fais le 9ème temps. La pause lunch va faire du bien, direction le paddock pour rafraîchir le bike et le bonhomme.

C’est seulement sous la tente que je prends connaissance de mes chronos, je suis super content mais je préfère ne pas trop m’attarder dessus et rester concentré. Le temps de gober un sandwich (15min de pause c’est court !) et me voilà reparti pour la seconde partie de la journée.

Spéciale 5, il faut se remettre dedans. Les jambes sont mieux, le feeling est bon. Je m’amuse sur cette spéciale assez complète, rapide en haut, sinueuse au milieu et physique en bas. Le chrono est bon je fais le 5ème temps. Je remonte vers le sommet avec la banane, la spéciale 6 est ma préférée.

Je pars sur un gros rythme. Quelques secondes après le start j’arrive sur une zone technique avec un gros saut, le public me fait vibrer tellement il crie sur le bord de la piste. J’enchaîne bien sur le bas du run et décroche le 7ème temps. Allez, dernière liaison. Me voilà au départ de la spéciale 7.

Le départ est super engagé et encore un peu gras, ça s’annonce chaud. Une pancarte R.I.P Stevie accrochée sur un arbre et le public en feu me rappelle que ce n’est pas le moment de s’échapper. Je prends la ligne la plus tendue et fais un passage rapide. Je roule propre sur ce dernier run. Une petite glissade me fait perdre quelques précieuses secondes. Je reste très concentré et finis la journée à fond. Je prends le 8ème temps de la spéciale. Retour vers le paddock ; je suis impatient de découvrir mes chronos. Je rentre dans la raquette d’arrivée, je suis 2ème pour le moment. L’impressionnant Sam Hill me devance de 5 secondes. Les concurrents arrivent un à un, les casses et les crevaisons de la journée ont fait du tri. Greg Callaghan arrive et prend la tête du classement. Je suis alors 3ème. L’attente jusqu’au dernier rider est insoutenable. Richie Rude arrive enfin, il est 3ème…

Je termine donc 4ème au général de la course, extra content de ma performance : premier Top 5 en coupe du monde de ma carrière ! Même si au fond de moi il y a tout de même une petite pointe d’amertume d’avoir loupé le podium pour 4 secondes…

Ce week-end restera à jamais gravé dans ma mémoire : un moment particulièrement intense, rempli d’émotions très fortes. Content que cette étape que je redoutais soit derrière moi. Heureusement le public venu en nombre sur le bord des pistes totalement « on fire » m’a fait oublier le tracé physique et les spéciales très courtes que je n’affectionne pas vraiment. Place maintenant à la récupération et à l’ouverture de la Coupe de France d’enduro le week-end prochain à Raon.

Je vous donne rendez-vous mi-juillet pour le round 4 des EWS à la Thuile, en Italie.

Théo