EWS 2016 de Corral : De l’autre côté de la rubalise – Suite et fin

Après nous avoir raconté la semaine de recos et la première journée de course, dans « De l’autre côté de la rubalise », Nicolas Filippi nous livre avec son œil aiguisé de coach/ancien pilote, ses impressions sur ce qui s’est déroulé dimanche à Corral

Photos : Enduro World Series

 

 

 

Dimanche 27 – Jour 2

La première journée de course a été solide pour Bryan Regnier (17ème), Yoann Barelli (4ème) et Sébastien Claquin (1er U21).

A l’aube de ce 2ème jour de course, Bryan est tout proche du Top 10 et aimerait avoir ce petit déclic qui lui permettrait de rentrer dans les 10 premiers. Il ne faudrait vraiment pas grand chose pour qu’il y arrive car il en est capable. Yoann aborde lui ce 2ème jour d’une manière différente, tout proche du podium et d’une éventuelle victoire, les consignes sont simples : « tout donner pour n’avoir aucun regret, fais ce que tu sais faire et ne jamais se poser de questions, le résultat on verra bien ! ». Enfin Séb, il vire en tête du classement U21 avec un « bon matelas » sur Adrien Dailly. On sait le pilote Lapierre rapide et la bataille va être serrée jusqu’au bout ! Il faudra être fort physiquement et mentalement !

Aujourd’hui les coureurs partent pour une boucle de 47km et 1500m de D+ avec 3 spéciales. Le ciel est couvert, pas de vent et l’air est plutôt frais. Tant mieux car les traits sont tirés et à l’instar d’hier pas grand monde ne s’aventure à dire aujourd’hui qu’il est vraiment en forme… Comme hier, je vais me rendre sur l’arrivée de chaque spéciale pour voir mes athlètes évoluer, analyser leur passage, leur regard, recueillir leurs sensations, leur donner d’éventuelles consignes et encouragements. En course, le travail du coach se limite essentiellement au travail mental de l’athlète pour les pousser au maximum de leur potentiel.

 

SP4

La SP4 se termine dans le fameux grand goulet formé par le débardage des arbres et dans une forêt épaisse, les pilotes arrivent très vite car il y a de gros appuis un peu partout. Malgré l’épaisse forêt, on les entend arriver de très loin dans un bruit sourd de vélo et pneus qui s’écrasent au sol dans les compressions. Il y a pas mal de public et de médias à chaque fin de spéciale et l’ambiance est sympa. Sur cette fin de spéciale je me suis posté sur un gros virage droite avec un énorme appui, les pilotes rentrent vraiment fort ici ! Et c’est Théo Galy, très en forme, qui passe le plus fort ! Il signera le 4ème temps sur cette spéciale au gros cœur ! Pour mes athlètes le début de journée n’est pas facile… Séb n’a pas eu de bonnes sensations et perd une dizaine de secondes… Yoann n’est pas vraiment satisfait car ce n’est pas le rythme qu’il faut pour aller chercher le podium… en revanche Bryan est plutôt satisfait. Le classement est inchangé pour Yo et Séb même si les écarts se resserrent, Bryan remonte à la 15ème place.

Petit passage rapide au paddock. Les pilotes s’alimentent, certains se remémorent les SP5 et 6 avec les caméras embarquées et les mécanos s’affairent sur les vélos avant de repartir sur les 2 dernières spéciales.

 

SP5

Tout peut se jouer sur cette spéciale ! Avec un haut sinueux mais pas très difficile technique, puis un long pédalage pour coureur puissant, on bascule dans la pente avec un enchaînement d’épingles et de virages serrés ou la moindre erreur peut se payer cash ! Séb chutera sur cette spéciale et laissera s’envoler à nouveau quelques secondes… toujours en tête des U21, mais l’ogre Dailly se rapproche à grands pas !

Chez les femmes, Isabeau fait un passage magnifique dans les épingles serrées, peut-être plus rapide que certains pilotes du Top 30 !!! Chez les hommes, tout le monde passe plus ou moins à la même vitesse, même si se démarque bien sûr Flo Nicolaï qui signe le scratch et Yo Barelli qui nous a fait une jolie figure et un rattrapage in extremis ! A noter que Jared Graves à casser sa chaîne dans les derniers mètres de la spéciale et que Richie Rude est tombé, mais sans conséquence sur leur classement. Jared aura réparé sa chaîne tout seul (avec l’aide de Martin Maes) car pas d’assistance mécanique entre la SP5 et 6.

 

SP6 : le juge de paix

Dernière spéciale de cette 1ère EWS, tout peut encore basculer car c’est vraiment défoncé et les pilotes exténués !

Je n’ai pas assisté à la scène, mais les pilotes m’ont rapporté, que en haut de la SP6, tous les pilotes du Top 30 se sont regroupés et ont discuté ensemble dans une bonne ambiance. Incroyable au départ de la dernière spéciale d’une World Series ! Un vrai esprit Enduro ! Mais bon la course c’est la course, et il n’y a pas de cadeaux à distribuer ! La fin de la spéciale est vraiment très très rapide. Je suis dans une portion assez droite où les pilotes passent facilement à 45 km/h, avec un enchaînement de 3 mouvements de terrain avant d’arrivée sur une compression qui tourne légèrement à droite pour entrer dans un chemin étroit. A chaque passage, on retient son souffle car on voit les vélos se tordent dans tous les sens ! Tout le monde passe sensiblement à la même vitesse, mais on assistera à 3 très beaux passages de Graves, Mark Scott et Nicolaï qui oseront passer en « manual » sur les mouvements de terrain et rentrer bien propre dans le single. Du grand art à cette vitesse ! Bravo ! A noter que Graves à cette fois-ci casser sa chaîne quasiment au début de la spéciale !

Au final, Adrien Dailly remporte la course en U21 devant Séb qui n’aura pu résister au retour d’Adrien. Forcément un peu déçu pour Séb quand on touche la victoire de si près… Chez les femmes, Cécile prouve bien qu’elle sera la favorite pour le titre ! Même si ce n’est pas couru d’avance et que la bataille sera rude entre Cécile, Anneke et Isabeau.

Et chez les hommes, Richie Rude frappe d’entrée de jeu en remportant cette première EWS devant Martin Maes et l’incontournable Nico Vouilloz. Yo termine 6ème, il aurait espéré monter sur le podium mais est plutôt satisfait car après un vrai hiver Canadien sans trop toucher le vélo il est déjà aux avants-postes, lui qui a pour habitude de monter en pression tout au long de la saison ! Bryan est 17ème, moyennement content de lui, trop d’hésitation et pas assez de confiance en son pilotage et en lui. On y travaille, un petit déclic pourrait vraiment le faire basculer dans le Top 10. A noter la présence de 7 Français dans le Top 10 !

 

Rendez-vous demain en Argentine pour la 2ème manche des EWS.

Nico – perfoptimal.fr

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