EWS 2016 de Corral : De l’autre côté de la rubalise – 1er jour de course

Dans « De l’autre côté de la rubalise », Nico Filippi nous livre avec son œil aiguisé de coach/ancien pilote, ses impressions sur ce qui se trame à Corral.

Après nous avoir disséqué les recos (à lire absolument !), le coach de Yoann Barelli et Bryan Regnier nous raconte la première journée de course…

Photos : Nico Filippi/Enduro World Series

 

 

 

Athletes arrive at the venue for the first day of racing

Samedi 26 – Jour 1

Aujourd’hui, jour de course ! La saison EWS 2016 est lancée aujourd’hui à Corral, Chili, un petit village au bord du Pacifique.

Le réveil se fait en douceur ce matin sur les coups de 7h30. Malgré les petites douleurs musculaires dues aux 2 jours de recos consécutifs, je sens Bryan bien, calme et prêt à en découdre ! Après un bon petit déjeuner, jus de fruit, pain, jambon, fromage, œuf et le petit café qui va bien, on termine de préparer les dernières affaires et on part en voiture pour rejoindre l’embarcadère et prendre le ferry pour Corral. En prenant le bateau, on voit une fumée épaisse s’échapper juste au dessus de Corral, il y a le feu dans la forêt au dessus du village.

Mais apparemment tout est ok pour la course nous indique l’organisation. En débarquant on se rend rapidement compte que le soleil tape déjà fort et il n’y a pas de vent, il va faire très très chaud aujourd’hui, la course va être encore plus difficile et l’état de fraîcheur jouera beaucoup sur le résultat final.

L’ambiance générale est beaucoup plus « tendue », les pilotes partent à une heure fixe, dans le sens inverse des dossards, et en attendant leur horaire de départ ils terminent de préparer leur matériel (casque, gants, masque, barres énergétiques et surtout de l’eau !) et les mécanos terminent de préparer les bikes (pression des pneus et dernières vérifications). Chacun est dans sa bulle et même si quelques uns blaguent par-ci par là pour évacuer un peu de pression, on ressent bien que c’est la première World Series de l’année et que chacun est déjà dans sa course, prêt à donner le meilleur ! J’en profite pour voir Séb, Yo et Bryan individuellement, pour leur donner les derniers conseils, le petit détail qui permettra peut-être de faire la différence. Séb part avec les derniers U21 aux côtés d’Adrien Dailly, puis vient le tour des filles et enfin le Top 30, avec Bryan et Yo. C’est parti !

Je pars rejoindre l’arrivée de la SP1 en vélo pour voir l’arrivée de mes athlètes, recueillir leur sensations et ajuster quelques trucs avec eux si besoin. J’arrive juste pour l’arrivée des U21. Séb passe très fort mais pousse un cri de rage dès la ligne franchie, je comprend qu’il s’est passé quelque chose de pas cool. Quelques secondes après, Dailly arrive, très propre, sûrement avec une petite avance.?! Je rejoins Séb, et il me dit qu’il a fait un OTB et est retombé sur le dos. Même s’il perd quelques secondes dans l’affaire, il ne s’est pas fait mal. Je l’encourage et lui dit que la course est encore longue. GO ! GO ! GO !

Un peu plus tard arrivent les femmes et clairement 3 filles se détachent des autres ! Avec dans l’ordre Cécile Ravanel, Anneke Berteen et Isabeau Courdurier, toute les 3 au dessus du lot !

Puis vient le tour du Top 30. Ça va vite, et on voit clairement au fil des années que le niveau est toujours plus élevé ! Impossible de dire qui va le plus vite… car il n’y a pas de chrono live en bas des spéciales… un peu dommage pour une World Series. A l’arrivée, Bryan est un peu énervé car il a cassé son anti-D et coincé sa chaîne en haut de la spéciale ! Je le rassure et lui redis les mêmes conseils que j’ai donné à Séb il y a quelques instants. On remettra tout ça en état rapidement au passage au paddock avant de remonter à la SP2.

Yo est lui super content, mis à part 1 ou 2 petites erreurs, il a fait un bon run et a pris beaucoup de plaisir. Le résultat (provisoire à ce moment là) se confirmera au paddock avec le premier scratch de la saison 2016 pour lui, juste devant Richie Rude !!!

Direction la SP2 mais en voiture cette fois ci avec Matt Galléan le mécano de Lapierre. Quand nous arrivons les espoirs sont déjà passés et arrivent juste pour les femmes. Isabeau fait un très beau passage, propre et sans bavure. Anneke arrive à l’attaque, un peu trop et se sort dans le dernier virage gauche, elle va rester de longues secondes emmêlée dans les rubalises avant de pouvoir franchir la ligne d’arrivée. Enfin, d’un souffle avant que Cécile Ravanel arrive déjà à son tour !

Le Top 30 se présente et c’est Blenki qui ouvre le bal avec son dossard 30. Un beau passage, mais pas super spectaculaire comme il est souvent, la fatigue se fait sûrement ressentir… Les pilotes arrivent les uns après les autres, malgré une fin de spéciales assez compliquée car très fuyante avec beaucoup de poussière, on ne voit pas beaucoup d’erreur. Bryan fait un beau passage, propre, « j’ai trop assuré » il me dira à la fin de la course. Ce sera Josh Carlson qui fera un passage stratosphérique et qui sera loin devant tout le monde sur ce secteur ! En fait tout le monde semble plus ou moins assurer dans ce final piégeux !

Nous reprenons la voiture pour rejoindre la SP3 et remontons les coureurs un à un et pouvons nous rendre compte de la fraîcheur physique de chacun. Et là, grosse surprise, Richie Rude semble collé à la route et pioche sur ses pédales, le visage un peu livide ! Une défaillance..? Nico Vouilloz a l’air frais et plutôt satisfait de son run, Yo a le smile même s’il dit avoir trop assuré. Pas mal de monde s’est amassé sur l’arrivée de la SP3, un beau final, où l’on peut voir les pilotes évoluer quelques secondes avant une grosse cassure, 10 mètres avant la ligne d’arrivée. Étrangement il fait nettement plus froid, un vent glacial s’est levé et la fin de journée est plutôt fraîche. Le final de cette spéciale est nettement plus traître. Tous les appuis sont cassés par le passage des 400 pilotes et la terre est meuble… Chez les femmes l’inévitable trio est toujours un ton au dessus, même si ce coup si c’est Anneke qui me fait forte impression.

Vient le tour du Top 30. Les pilotes sont plus crispés, quelques trajectoires hasardeuses, même Blenki fera un freinage beaucoup trop tôt avant une épingle par manque de lucidité… Nous sommes placés dans une épingle où 2 trajectoires sont possibles. Aux recos, l’intérieur était fuyant en sortie et difficile à la relance, en revanche l’extérieur était beaucoup plus facile et permettait de garder de la vitesse en sortie. Mais là je me rends compte après le passage un peu en catastrophe d’Alex Cure et de Bryan que ce n’est vraiment pas top ! Je remonte vite quelques mètres plus haut pour prévenir Yo que l’extérieur n’est plus bon. Une décision pas facile à prendre car imaginons qu’il chute suite à mes conseils… mais il sera bien passé et me remerciera de lui avoir conseillé l’inter !

Retour au paddock pour voir mes athlètes et les résultats du jour… mais surprise, pas de résultat ! Ils ne sont même pas sûrs de les donner ce soir… mais apparemment, Séb serait en tête des U21, Cécile Ravanel en tête des femmes et Richie Rude 1er, Martin Maes 2ème, Nico Vouilloz 3ème et Yo 4ème…

Petit coup de gueule ! Il est 18h00 nous sommes au paddock, il faut vite décamper, prendre le ferry, retourner à Valdivia, pour que Bryan (et la plupart des pilotes) puisse se laver, manger, revisionner les Gopro pour demain, préparer leurs affaires et peut-être un peu se reposer pour affronter la journée de demain… C’est bien de faire une course dans des endroits atypiques et fabuleux comme celui de Corral, mais il faudrait peut être un peu penser aux pilotes, qui prennent des risques, avec une sécurité bien souvent plus que limitée ! Et cerise sur le gâteau après la journée 1, pas de chronos officiels ! World Series ou pas World Series ??

Nico – perfoptimal.fr

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