Des nouvelles encourageantes d’Anne-Caroline Chausson

La dernière fois que l’on a vu Anne-Caro Chausson sur un vélo en spéciale, c’était à Samoëns en juillet dernier à l’occasion de l’EWS. Du bord de la piste, l’athlète la plus titrée de notre sport n’était que l’ombre d’elle même et avait même fini par jeter l’éponge dès la fin du premier chrono, sur anémie disait-on. Depuis, on sait qu’Anne-Caro souffrait en fait d’un mal bien plus grave qui lui ferait finalement manquer une bonne partie de la saison suivante.

Son sponsor principal, Ibis Cycles, nous livre aujourd’hui une longue et touchante ITW de la médaillée Olympique que l’on a choisi de relayer, avec des nouvelles fraîches et encourageantes de « Caro »…

[divider]Interview intégrale[/divider]

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Si vous attendez Anne-Caroline pour les Enduro World Series 2016, il faudra patienter un peu. La raison de son absence est la même qui l’a fait rater la fin de saison 2015 : un cancer dont elle commence à se sortir. Toute l’équipe Ibis avait été très touchée de cette nouvelle. Et aujourd’hui, nous sommes très heureux de la voir remonter la pente, elle qui la descend si vite d’habitude. Voici une interview d’Anne-Caro, recueillie mi-mars 2016.

Hello Anne-Caro, heureux de savoir que le plus dur est derrière toi.

Oui, j’ai eu mon dernier rendez-vous fin février. Comme à chaque rendez-vous, l’attente de ces résultats était insupportable. Et j’étais vraiment heureuse de savoir que tout allait bien après 7 mois difficiles.

Comment t’es-tu rendu compte de ça ?

Pendant l’hiver 2014/2015, j’avais parfois de grosses douleurs au ventre. Je passais par des moments de grande forme et de fatigue. Mais je n’étais pas plus inquiète que ça. Fin mars, je pars en Nouvelle-Zélande et je gagne la première manche des Enduro World Series. Le retour fut difficile et j’ai mis du temps à récupérer. Fin mai, pendant la manche en Écosse, j’étais fatiguée, j’avais mal au ventre et je n’étais pas bien. En rentrant, je n’arrivais pas à récupérer. Et j’ai mis ça sur le dos du surentraînement. Puis, j’ai décidé de faire une prise de sang. On a vu qu’il y avait un manque en globules rouges, ce qui est assez surprenant pour un sportif. Puis fin juin, j’ai fait la Coupe de France d’Enduro à Millau, que j’ai gagné, mais j’étais très très fatiguée. En rentrant, j’ai fait une IRM. En attendant les résultats, je suis allé faire la manche d’EWS mi-juillet à Samoens. J’ai abandonné, car je n’étais vraiment pas bien. Puis j’ai eu les résultats de l’IRM. On m’a prévenu qu’il y avait un kyste qu’il fallait enlever. Mais rien de plus.

Et puis ?

Fin juillet, le kyste a grossi d’un coup. On décide d’opérer début août. En opérant, ils ont vu que c’était plus grave que ça. On a décidé d’une 2e opération pour début septembre, juste le temps de se remettre de la 1ère. J’ai commencé la chimiothérapie début octobre. Dès le lendemain de la chimio, Tom (Tom Morgan d’Ibis) était à la maison. On est allé se promener vers les Dentelles de Montmirail. J’étais fatigué, j’avais des douleurs au dos et du mal à respirer. J’ai pensé que c’était à cause de la chimio. Je suis resté 10 jours comme ça. Jusqu’au jour où je suis allé à la montagne. Là, je ne pouvais pas respirer. Nous sommes allés aux urgences et ils ont diagnostiqué un pneumothorax. La cerise sur le gâteau ! Ce pneumothorax était spontané et n’était pas du tout un effet de la chimio.

Tu en avais déjà eu un ?

Oui, il y a deux ans en ouverture de la Coupe du Monde à Punta Ala. Je l’avais eu en tombant et en me cassant 3 côtes.

Que s’est-il passé ensuite ?

3e opération ! Ce n’est pas l’opération qui est la plus douloureuse, mais le talcage pour réparer. Avec 3 opérations à la suite, j’avais perdu beaucoup de poids et le moral dans les chaussettes. On m’a fait un programme de 6 chimios espacées de 3 semaines. Sur les dernières séances, elles étaient espacées un peu plus, car mes globules n’étaient pas remontés assez haut. Du coup, elles ont duré de début octobre à fin janvier. Sur le papier, ce sont des chimios préventives. Fin janvier, mes résultats étaient bons. Tout ce qui aurait pu être touché par les mauvaises cellules a été enlevé. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que je suis guérie, parce que le cancer, c’est compliqué. Mais tout a été fait pour que ça se passe bien. Et surtout, il a été pris à temps et n’a rien touché d’autre. La seule chose importante qu’on m’ait dit, c’est d’écouter mon corps. Si je suis fatiguée, je me repose. Et si je suis en forme, je fais ce que j’ai envie de faire.

As-tu fait des activités pendant le traitement ?

Quand on nous ouvre en deux, il faut quelques semaines pour s’en remettre, pour pouvoir marcher, bouger normalement. Les traitements, c’est lourd. Ce n’est pas une petite blessure ou un coup de mou. La chimio met à plat. On est fatigué et il ne faut pas chercher à fatiguer le corps par dessus. J’ai essayé de pratiquer le vélo, pas pour l’entrainement bien sûr, mais pour m’aérer la tête. J’ai fait beaucoup de ski, un peu de moto et de vélo électrique. Pour beaucoup de personnes, ce que je faisais était un peu trop. Pour moi, c’était juste m’aérer l’esprit et penser à autre chose.

Avec ton esprit de compétiteur, ce ne devait pas être facile de te poser ?

Je n’avais pas le choix, j’étais obligé de me poser ! J’ai envie de faire plein de choses, mais je suis obligé de vivre au rythme de mon corps. Pour une fois, j’écoute mon corps ! Le but, ce n’est pas de le fatiguer encore plus, mais de le remettre en marche doucement.

Quelles nouvelles de ton pneumothorax ?

J’ai encore des douleurs au niveau de la respiration. Je fais beaucoup de rééducation. Je pense que mes capacités pulmonaires ont diminué un petit peu. Donc, il faudra du temps pour rééduquer tout ça.

Comment vois-tu demain ?

J’ai besoin d’un fil conducteur, car j’ai toujours fonctionné comme ça. Aujourd’hui, ce qui va m’aider, c’est de me dire que je vais revenir à la compétition. Sans brûler les étapes bien sûr. Mais ça va me permettre de me remobiliser et revenir en forme plus vite. Ça, j’en suis sûre. Aujourd’hui clairement, j’espère pouvoir commencer à faire des compétitions courant juin, sans objectifs de résultats.

Et tu nous as parlé d’un autre objectif.

Mon vrai objectif, c’est d’être capable de finir les grosses courses d’enduro d’ici août. C’est d’aller à Whistler le 13 août et de terminer cette course. Si je faisais de la descente ou du Cross country, je pense que ça serait vraiment plus simple d’être à l’arrivée. Par contre, tenir 6 h sur un vélo pendant 3-4 jours, honnêtement, pour l’instant, je n’en suis pas du tout capable. Mais cet objectif va me permettre de me motiver, après 7 mois sans faire de vrai sport.

Rendez-vous à Whistler ?

J’y compte bien !

 

Pour suivre Anne-Caroline Chausson : facebook.com/acchausson