#3 Pauline Dieffenthaler

Le monde est petit… Mais qui l’anime ? En pleine lumière ou tapis dans l’ombre, certains font l’actualités. Pourquoi ? Comment ? Tandis qu’une nouvelle en chasse une autre, L’instantané, Endurotribe, fige le temps : séquence introspection, pour saisir qui est aux manettes et nous inspire…

 


 

L’Instantané #3 – Pauline Dieffenthaler

Après Vincent Julliot, qui dit lui-même assumer un petit côté féminin, place à la gente féminine, la vraie ! Elle forme avec Jérôme Clémentz un couple emblématique de la planète Enduro : Pauline Dieffenthaler, plusieurs cordes à son arc, se prête particulièrement bien au jeu de L’instantané, #3…

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En ce moment même, où es-tu ?

Tout simplement en Alsace, à la maison. En pleine préparation de Noël ! Il y a beaucoup d’ambiance à cette période de l’année, c’est très traditionnel ici : énormément de décorations, de gâteaux…

 

 

La dernière chose marquante que tu as faite avant cette interview ?

J’ai fait un truc improbable : un xc marathon à l’Île Maurice ! Je n’aurais jamais pensé faire ça de ma vie… (rires) Jérôme a été invité par Thomas Dietsch pour le Southern Tropical Challenge. C’est une épreuve de quatre jours par équipe à deux. Au départ, je l’accompagnais juste pour prendre quelques jours de vacances après la course… Et Thomas m’a appelé en me disant qu’une Mauricienne, Aurélie Halbwachs, cherchait quelqu’un pour le faire. Je me suis laissée embarquer dans l’aventure pour découvrir une nouvelle facette du VTT !

Une grande première pour toi ?

Oui, c’était la première fois que je faisais une course par étape cross-country ! J’avais déjà fait des courses de plusieurs jours comme la Trans-Provence, mais pas à fond du début à la fin comme ça ! On a eu une semaine de vacances après, on a eu le temps de recharger les batteries…

 

 

En trois mots, tu es une..?

En trois mots je suis… quelqu’un de passionnée, droite et honnête !

 

 

Où vis-tu ?

Dans le Haut-Rhin, à côté de Guebwiller… Enfin, dans la vallée de Guebviller. Si vous sonnez à toutes les maisons, vous finirez par nous trouver ! (rires) Nous sommes au pied des Vosges, avec une super qualité de vie : on a tous les singles autours de nous dès la sortie du garage. Pas besoin de prendre la voiture pour aller rider. Quand on organise une courses ici, une des spéciales arrive à 500m de chez nous, le ravito est à 800m. C’est vraiment idéal pour rouler, pas loin de l’aéroport pour tous nos déplacements, et pas loin des grandes villes pour le shopping…

 

 

Où roules-tu ?

Dans les Vosges du coup, mais on ne se cantonne pas aux sentiers qui sont juste autour de la maison. Que ce soit dans le Bas-Rhin ou le Haut-Rhin, on essaye de varier et ne pas rester toujours sur les mêmes sentiers… Après, je ne te cache pas que quand on n’a pas trop de temps, on va au plus simple.

 

 

Seule, ou accompagnée ?

Je dirais accompagnée ! Pour moi le vélo c’est un sport individuel qui peut se partager, donc je trouve toujours un motivé pour me suivre, je préfère. Après, comme on a des horaires qui nous permettent de rouler en semaine comme on veut, l’hiver on va plutôt rouler à 14h quand il fait bon alors que tous les potes sortent à la nuit, la lampe sur la tête…

 

 

Comment gagnes-tu ta vie ?

Je gagne ma vie de plusieurs manières : j’ai monté mon entreprise avec Jérôme. J’ai deux missions principales : la première consiste à gérer la communication et la logistique de Jérôme sur les courses. La seconde porte sur la gestion du circuit de courses Cannondale Enduro Tour de quatre dates à l’année, et un peu de chronométrage en plus à côté.

Justement, quelles sont tes tâches principales en tant qu’organisatrice ?

En fait, j’ai plutôt un rôle de coordinatrice. On travaille en tripartite. On a les clubs avec lesquels je vends le projet. Eux font le tracé, s’occupent des autorisations, des bénévoles sur place. Moi je démarche les partenaires auxquels je propose de la communication et des espaces publicitaires. Chacun s’y retrouve puisque les clubs touchent l’argent des inscriptions, moi celui des partenaires, qui bénéficient de visibilité. On arrive à monter une série main dans la main avec tout ce monde-là puisque moi seule dans mon bureau, je ne pourrais pas assurer tout l’événementiel. Chacun s’y retrouve et propose des événements conviviaux.

 

 

Combien vaux-tu sur le marché ?

Oh punaise, plus chère que ce que je reçois ! Faut demander à Jérôme qu’il m’augmente ! (rires) Plus sérieusement, l’argent c’est une chose, mais pouvoir vivre de sa passion en partageant des moments uniques avec Jérôme, j’ai envie de dire que ça n’a pas de valeur. Avoir du temps pour sois et pouvoir faire certaines choses comme on veut, pour moi, c’est un luxe. Le jour où je devrais reprendre un rythme plus conventionnel, ça sera dur. Pour l’instant, on a suffisamment d’argent pour payer les factures, c’est l’essentiel !

 

 

Ta dernière bonne action ?

Ouf… (silence…) ma dernière bonne action… (hésitation…) Je ne sais pas… J’ai donné des étrennes au facteur et aux pompiers, alors que d’habitude je ne suis jamais là ! On est parti en trip à ce moment-là. Cette année, ils sont passés juste au bon moment.

Ils vous ont surveillé ?!

Oui je pense, ils ont dû se dire qu’ils n’allaient pas se faire avoir chaque année ! (rires)

 

 

La prochaine ?

Ma prochaine bonne action… (silence) Utiliser mon vélo de ville électrique plutôt que la voiture pour être un peu moins fainéante. J’y prends goût ! Tu ne t’embête pas à te garer, c’est rapide… Pour vite aller à la Poste, à la banque, chercher le pain, déposer un paquet… Ça fait prendre l’air, c’est agréable et important pour nous qui passons la journée au bureau devant l’ordinateur. On habite un peu en hauteur… Ce n’est pas que je sois une « feignasse », mais sans le vélo électrique, ces petites courses au milieu du boulot, je le ferais en voiture !

 

 

Ton obsession du moment ?

Trouver un équilibre entre travail et sport : l’an prochain, je ne vais pas faire les coupes du monde. J’y serai pour assister Jérôme, mais je ne roulerai plus. En 2015, j’ai eu la chance de pouvoir rouler, mais je me suis rendu compte que ça faisait beaucoup à gérer. Au bout d’un moment, tu risques de faire des choses à moitié alors qu’on s’est rendu compte que ça se joue à tellement peu : à Finale, Jérôme est à 20 centièmes du podium, 2 secondes de la victoire… Le moindre détail peut compter. J’ai adoré rouler, mais ce n’est plus possible. Je vais me concentrer sur l’assistance. Il faut que j’y trouve ma place, ne pas me sentir trop de côté alors qu’il s’agit d’être d’avantage dans l’ombre. Je dois trouver un équilibre et m’épanouir quand même dans ce rôle-là.

 

 

Ta dernière découverte marquante ?

C’est tout bête, mais j’ai réalisé il y a pas si longtemps qu’il y a quand même beaucoup de gens qui roulent à VTT de nuit, avec des lumières. Pour moi, dans ma tête, je n’aurais jamais fait ça, et finalement je trouve ça génial. Au point que ce serait génial de faire un enduro de nuit : un événement de 3 spéciales, de 18h à 22h… Je pense que c’est un concept..!

Tu y travailles ?

J’y ai pensé parce que cette année, le Cannondale Enduro Tour est sponsorisé par Spanninga, qui produit des lampes, et qu’on en a discuté. Sur nos courses, on n’a pas de reconnaissance. Pourquoi pas faire une spéciale de nuit, la veille de la course, qui servirait de reco ? Spanninga pourrait prêter ce qu’il faut. Pour des raisons d’autorisations, ça reste compliqué, mais j’aime bien l’idée.

 

 

Une idée de la prochaine ?

J’essaie d’anticiper un minimum dans mon travail, mais j’ai tellement de chose à gérer, que je ne me pro-jette pas et prend les choses comme elles viennent. (silence) Allez si : puisque je vais rouler moins souvent, j’attends avec impatience le vélo d’enduro électrique ! Je pense qu’une fois que j’y aurais goûté, ça sera difficile de s’en passer…

 

 

Ton meilleur souvenir à vélo ?

Oulah ! Des souvenirs en vélo ? Il y en a plein ! Le meilleur ?! Ma victoire à la Mégavalanche en 2007 ! Jérôme m’attendais sur la ligne d’arrivée. Il ne s’y attendait pas lui-même. C’était quelque chose de magique. Il en avait même les larmes aux yeux, alors que ce n’est pas de lui ça. Un truc de fou !

 

 

Ce que tu en tires ?

Beaucoup d’émotion ! L’impression d’avoir tout donné d’en haut jusqu’en bas. C’était vraiment super ! J’ai passé la ligne d’arrivée avec un MBK de 16kg. Je n’avais rien : Jérôme m’avait filé un de ses shorts, un casque intégral… Je m’étais débarrassé des genouillères à mi-course : je les avais données à un commissaire sur le parcours, elles ne tenaient pas. (Jusqu’à présent, le règlement de la Mégavalanche n’impose pas les genouillères ndrl). C’était n’importe quoi, c’était roots !

 

 

L’invention que tu apprécies le plus ?

Internet ! Un outil de travail qui te permet de rester à la maison et faire ce que tu veux de la maison… Ou la tige de selle télescopique ! (rires) Attend ça c’est génial franchement ! J’ai fait du cross avec la tige de selle télescopique : pour celles qui n’en ont pas c’est moins drôle ! Ça une fois que t’y a goûté, c’est dur de s’en passer ! Trop pratique. (sourire)

 

 

Celle que tu attends avec impatience ?

Un truc complètement délirant ? La télé-transportation ! Tu fermes les yeux et tac, t’es à l’île Maurice ! Ça serait génial, plus de bouchon pour aller à Eurobike…

 

 

Les personnages qui t’inspirent ?

Je ne suis pas quelqu’un particulièrement fan de quelque chose, groupie. J’ai du mal à concevoir d’être fan d’une autre personne en particulier. Pour moi toutes les personnes que je rencontre me donne de l’ouverture d’esprit et m’inspire chacun à leur niveau. Elles ont chacune quelque chose à apporter. Après, dans ce cas, il y a quelqu’un que j’apprécie beaucoup : Guillaume Koch, de Cannondale. Bosseur, droit dans ses baskets, qui sait bosser quand il faut, délirer quand il faut. J’ai fait un stage de six mois avec lui à Bâle. On a covoituré tous les jours, une heure ensembles. C’est vraiment quelqu’un qui a su arrêter sa carrière sportive au bon moment, a su attraper les bonnes opportunités et être à fond dedans. Il a arrêté à 26 ans, s’est mis à fond dans le marketing et a su trouver sa place…

 

 

Les personnalités que tu aimerais rencontrer ?

J’aimerais bien rencontrer Martin Fourcade ! (rires) Jérôme et sa famille me saoulent tous les dimanches avec le biathlon, mais finalement je me suis prise au truc parce que je trouve que ce sport est vraiment télé-génique. C’est assez génial à suivre. On est allé voir plusieurs coupes du monde : il y a une ambiance de folie ! Ce gars a un mental d’acier, et il fait un peu de vélo !

Vous avez un partenaire en commun non ?

Oui, Julbo ! Petit appel du pied à Lucie ?! (Responsable marketing de la marque, ndlr)

Oui, mais j’imagine qu’il doit être très sollicité…

 

 

Si tu devais te réincarner ?

Je me réincarnerais en oiseau ! Tu voles, tu peux aller partout, tu n’as pas beaucoup de prédateur… Et c’est l’emblème de notre entreprise : Loizo Rider Production !

Très corporate !

(éclats de rires) j’y avait réfléchie, je ne peux pas le cacher !

Bien joué, bien joué 😉

 

 

Ce qui t’inspire au jour le jour ?

Au jour le jour… Je sais que je n’aime pas stagner. Je n’aime pas m’arrêter. Il faut toujours que j’avance dans mes projets, que je continue à faire ce que je fais. Je ne veux pas entrer dans une routine, toujours me donner à fond.

 

 

Ton dernier projet achevé avec succès ?

Le Cannondale Enduro Tour 2015. Je ne vais pas m’accaparer les lauriers parce que c’est Jérôme qui a lancé l’Elsass Enduro Tour en 2009. Il n’y avait pas de course d’enduro dans la région, il s’y est investi. Au fil du temps il a eu besoin de déléguer. Il m’a mise sur le projet. Déjà à l’époque de mon BTS, j’y consacrais mes actions de communications pour l’aider. Et puis il m’a vraiment donné les reines l’an passé. C’est vraiment une belle expérience de chercher les partenaires, tout mettre en place, faire la communication, superviser la vidéo, payer les factures… Ce n’est pas juste faire une vidéo ou un post Facebook : ça a vrai-ment toutes les facettes d’un projet de A à Z.

C’est le genre de projet sans fin ?

Oui, un peu… Mais ça te plait, t’es dans le truc ! C’est sûr qu’à la fin de chaque événement tu te dis « mais quelle connerie, pourquoi j’ai fait ça ! Je suis crevée » parce que forcément, tu n’as géré que des problèmes toute la journée, c’est ton rôle. Mais si les riders qui ont fait la course ne s’en sont pas rendu compte, c’est une réussite, ça passe crème…

 

 

Le prochain que tu vas entamer ?

Le Cannondale Enduro Tour 2016 et ma présence auprès de Jérôme sur les Enduro World Series à venir.

 

 

Où et quand va-t-on à nouveau entendre parler de toi ?

Le jour des inscriptions ! Puisque je reçois cent cinquante mails en une journée de ceux qui n’ont pas réussi à s’inscrire (rires) Plus sérieusement, on va faire l’Andes Pacifico avec Jérôme en février. On va courir tous les deux. Il y aura donc certainement des images qui vont circuler sur le net.

 

 

Que peut-on te souhaiter ?

Bien m’amuser, rester entière, en un seul morceau, et continuer à vivre l’aventure !

 

On te le souhaite Pauline ! Keep pushing 😉