#2 Vincent Julliot

Le monde est petit… Mais qui l’anime ? En pleine lumière ou tapis dans l’ombre, certains font l’actualités. Pourquoi ? Comment ? Tandis qu’une nouvelle en chasse une autre, L’instantané, Endurotribe, fige le temps : séquence introspection, pour saisir qui est aux manettes et nous inspire…

 


 

L’Instantané #2 – Vincent Julliot

Pilote, monteur, testeur, journaliste, comique..? Après Fabien Barel en pleine lumière, nous cherchions un personnage touche à tout pour donner suite à L’Istantané. Quelqu’un à l’image de ce milieu construit d’horizons divers et passionnés. De cette trempe difficile à ranger dans une case, mais qui, quelle que soit la situation, saura quoi faire pour avancer. Ceux qui connaissent Vincent Julliot l’apprécient pour la générosité qu’il dégage. Une authenticité et des valeurs qui rappellent que derrière les machines et les projets, il y a (encore !) des hommes et leurs valeurs…

 ET - Instanté#2 - VincentJulliot

En ce moment même, où es-tu ?

Nous sommes dans un endroit où, il n’y a pas si longtemps, on avait lancé le projet précédent qui s’appelait Dirt France. C’est un bureau, un endroit un peu particulier pour moi. Aujourd’hui, c’est à nouveau le berceau d’une aventure tout aussi occupante et enrichissante que la précédente. Elle deviendra épanouissante un peu plus tard : pour l’instant, je prends mes marques et je m’organise. C’est un endroit où je me sens bien, où je suis au calme pour mon activité. Pour moi qui travaille seul depuis dix ans maintenant, depuis que j’ai quitté Lapierre, c’est important d’avoir un endroit tranquille.

 

Qu’est-ce qui t’entoure ?

En face de moi, à ma gauche, j’ai mon petit coin atelier dont je ne suis pas peu fier : ça commence à avoir de la gueule ! Les dessertes Facom rouges n’allaient pas du tout avec les couleurs Moustache, j’ai changé pour du noir et blanc. Il y a un peu de bleu partout (ndlr. référence à l’outillage Park Tool) c’est très agréable à l’oeil ! En face de moi j’ai un petit coin salle de bain pour prendre ma douche après mes sorties vélo. Et à droite, un gros tas de matériel – enfin « gros tas… » Evidement c’est rangé ! – pour des vélos que je vais commencer à monter pas plus tard que cet après-midi.

 

La dernière chose que tu as fait avant de nous rejoindre ?

Justement j’ai préparé l’intégralité des pièces qui va me servir à monter le premier des vélos de cette série de belles machines. Tout le kit Bosch performance, un beau kit Sram de la roue au bout des freins, et un kit cadre à la déco silver sur noir qui rend merveilleusement bien !

 

En trois mots, tu es un..?

Je suis verseau, donc très indépendant. Ça se vérifie très souvent. Je suis parfois un peu trop dans l’affect. C’est un de mes défauts. Par contre je pense avoir toujours eu conscience de la chance que j’ai d’évoluer depuis 25 ans dans un milieu de près ou de loin rattaché au vélo… Et le vélo, c’est ce que j’aime faire !

 

Où vis-tu ?

Je vis à Mougins, aux portes de Cannes. C’est un petit endroit vraiment agréable, d’où je pars rouler sans le moindre feu rouge, et d’où on voit la mer à 5min. Vraiment un chouette endroit.

 

Tu as pas mal bougé par le passé. Qu’est-ce qui t’a amené là, plus qu’ailleurs, finalement ?

Dans un premier temps : l’amour… Comme souvent ?! Et effectivement, c’est un choix : celui de vivre ici dans un appartement plutôt qu’ailleurs dans une grande maison. On dit souvent que la côte d’Azur est très « surfaite » : ça peut être le cas, mais on trouve encore des endroits où il fait bon vivre simplement, sans avoir des montres à vingt mille euros…

 

Où roules-tu ?

Je roule souvent dans l’Estérel et principalement dans le Tanneron, cette petite butte qui surplombe Mandelieu, à peu près 400m de dénivelé entre le point haut et le point bas. C’est largement suffisant pour aller s’amuser une heure ou deux. Dans les endroits chouettes et un peu moins connus, il y a le pic de Courmes, 1000m de déniv’ dans un sens comme dans l’autre… Mais toujours avec beaucoup de cailloux !

 

Seul, ou accompagné ?

Jusqu’à présent, j’avais plutôt tendance à rouler seul, mais quand je roule accompagné, c’est souvent avec mes deux potes Cedrico et Neric, qui se reconnaitront !

 

Comment gagnes-tu ta vie ?

Je ne vais pas faire un énoncé de poste standard ! Je dirais que ma mission chez Moustache est d’apporter – avec les compétences qui sont les miennes – les réponses aux besoins d’une société qui grossie à vue d’oeil. J’ai vécu ça par le passé chez Lapierre : la croissance engendre toujours de nouvelles missions, de nouvelles fonctions. C’est une réorganisation perpétuelle du travail et des méthodes. Il faut essayer de faire évoluer continuellement la réponse à cette problématique. C’est aussi et surtout, quel que soit le contexte, veiller à montrer la marque et expliquer sa philosophie le plus simplement, sous son jour le plus juste.

 

Combien vaux-tu sur le marché ?

(Sur un soupire mêlant l’intrigue, l’étonnement et l’humour…) Cher ! Je ne pensais même pas valoir ça un jour… Je me dis parfois « c’est pas possible ! » Je ne suis pas certain de savoir véritablement pourquoi. Quand j’y pense, ça fait peur ! Mais il faut croire que les qualités humaines valent autant que certaines compétences basées sur l’expérience du terrain. Pour moi qui me suis arrêté juste avant le bac, mes compétences : c’est 100% d’expérience !

 

Ta dernière bonne action ?

Je ne sais pas si on peut appeler ça une bonne action, mais j’ai fait beaucoup de vide ! Dans ma vie d’avant, j’ai accumulé pas mal de tenues, chaussures, casques, vêtements… La dernière fois que je suis monté à l’usine d’Epinal (siège de Moustache Bikes) J’ai rempli deux grands sacs qui ont à priori fait le bonheur de p’tits jeunes de là-haut. J’ai fait cadeau de toutes ces choses qui m’avaient elles même été offertes par les marques.

 

La prochaine ?

C’est toujours dans le recyclage de vêtements ! J’ai une bonne centaine de T-shirts Dirt dont j’ai tardé à me séparer et qui vont finir dans un container de don. J’espère qu’ils feront la joie de personnes dans le besoin.

 

Ton obsession du moment ?

Être à la hauteur de ce que l’on attend de moi chez Moustache ! C’est vraiment une obsession permanente, notamment parce que je ne vis pas cette expérience comme un simple boulot, mais comme la confiance que me porte Greg et Emmanuel (les co-fondateurs de la marque). Derrière tout ça, il y a quand même une amitié et je connais trop l’histoire de l’entreprise : comment elle est née, de quelles convictions et de quels engagements de leur part. Je me dis que je n’ai pas le droit de les décevoir… Ça m’obsède.

 

Ta dernière découverte marquante ?

Alors… (long silence…). Il y a un film que j’ai vu récemment… « Mon Roi » À cette occasion j’ai vu à quel point une même chose pouvait être perçue de deux manières très différentes… Surtout par les femmes d’un côté, et les hommes de l’autre ! Indiscutablement, les hommes viennent de Mars, et les femmes viennent de Venus : ils se sont tous endormis, elles ont toutes adoré…

 

Une idée de la prochaine ?

(silence…) Ce sera celle qui me fera avancer et évoluer vers une personne un peu meilleure… J’y travaille…

 

Ton meilleur souvenir à vélo ?

J’en ai plein ! Tellement ! Notamment parce que j’ai travaillé dans la presse et que dans ces cas là, on t’invite à plein d’endroits plus magnifiques les uns que les autres… Mais paradoxalement ce sont les plus simples, ceux que l’on a partagé avec un vélo, un endroit sympa et un feu de camp, que j’ai gardé en mémoire.

 

Ce que tu en tires ?

J’ai des souvenirs de Moab par exemple. Ça inspire qu’il faut être très, très humble face à la nature. Elle peut être vraiment incroyable. Cet endroit, comme des millions d’autres je suppose, est représentatif de ce que la nature peut dégager comme force. Ça pousse à l’humilité.

 

L’invention que tu apprécies le plus ?

Quand on voit le temps que peut nous faire gagner Internet… Il y a des tas d’effets pervers, mais aujourd’hui le web est partout ! C’est à se demander ce que l’on ferait sans ! Il a fait monté d’un cran le rythme de vie et la densité de l’activité. Ça ouvre des tas de portes. Ça me fascine. Tout ça reste relativement abstrait dans mon esprit : le gigantisme d’une part, le petit côté inquiétant de la sécurité des données d’autre part…

 

Celle que tu attends avec impatience ?

Là je sèche… (silence) Ah si ! Ça rejoint la prochaine découverte marquante que j’aimerais faire : une application qui m’aidera à corriger mes défauts. Quelque chose à l’écoute de mon comportement pour être parfois un peu moins dans l’émotion, ou un peu moins honnête…

 

Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ?!

Voilà ! Une application qui me permettrait de lisser les pics de mon caractère. C’est un peu abstrait, mais je prendrais…

 

Les personnages qui t’inspirent ?

Dans mon entourage, j’ai la chance d’avoir des personnes qui ont toutes quelque chose d’intéressant. Plutôt que de m’inspirer massivement d’une seule, j’essaie d’aller chercher partiellement ce qui m’inspire chez chacun.

 

Les personnalités que tu aimerais rencontrer ?

Justement, si j’avais davantage de temps à passer avec quelqu’un, j’aimerais connaitre un peu mieux des gens de mon entourage plutôt que partir de zéro dans une nouvelle relation. Elle serait certainement très enrichissante, mais il y a tellement d’amis avec lesquels j’aimerais passer plus de temps, que je commencerais par là !

 

Si tu devais te réincarner ?

(Sans hésitation !) Alors là ! Je vivrais bien une vie de femme !! Juste pour voir ce que ça fait…

 

Ce qui t’inspire au jour le jour ?

Je suis toujours épaté de voir la pureté du caractère d’une petite fille de deux ans et demi qui prend tout ce que les grands lui disent pour argent comptant. Ça met face à une réalité et tu te dis qu’il faut pas se tromper. Faut être dans le juste et c’est pour moi une grande source d’inspiration. Donner à nos enfants les meilleurs repères possibles pour faire d’eux des personnes justes et équilibrées. Ça t’oblige, toi-même, à être le plus honnête du monde au quotidien.

 

Ton dernier projet achevé avec succès ?

À mon sens, ça reste le magazine Dirt France. Il s’est arrêté pour des raisons purement globales et planétaires d’actionnaires qui ont décidé ça derrière un écran 28 pouces… Mais en attendant, ça a été une belle aventure, loin d’être gagnée, qui avait atteint un beau niveau de reconnaissance. Pour moi, une belle réalisation.

 

Le prochain que tu vas entamer ?

Globalement, ma mission en cours chez Moustache. Dans le détail, plein de petites choses qui sont dans les tuyaux et qui vont rapidement porter leur fruits….

 

Où et quand va-t-on à nouveau entendre parler de toi ?

Comme pour 99% des infos, sur internet : via la communication de Moustache ou par les contenus relayés par les médias. Certainement sur Endurotribe !

 

Que peut-on te souhaiter ?

Que ces projets ressemblent, au final, à ce que j’ai en tête pendant leur élaboration… Et plus globalement que la conscience de la chance que j’ai ne me quitte pas. Je trouve que parfois les gens n’ont pas assez conscience de leur chance. On cherche toujours à vouloir ce que l’on a pas, mais profiter de ce que l’on a, c’est déjà pas mal…

On te le souhaite Vincent : ne change rien 😉

Rédac'Chef Adjoint
  1. Je pleure la fin de Dirt tous les mois depuis son arrêt.
    Un coucou à Vincent, ancien voisin de Mougins le haut, et compagnon de vol easyjet d’un jour de retour de Geneve vers Nice. Bonne continuation pour la suite et ne change rien !

  2. Merci Vincent pour ta vision du milieu et les émotions que tu as su faire passer dans dirt LE Meilleur book sur les gros velo et la way of life qui va avec merci et bonne chance pour la suite de tes aventures

  3. Je suis vraiment un gros poissard… J’ai découvert dirt avec son dernier numéro ! Un super mag m’a-t-il semblé: des avis tranchés et sans concession, des articles intéressants et bien écrits, et des tests vraiment pro… Du coup je guettais les parutions suivantes notamment pour la suite de l’article concernant les bikes de DH historiques dont la première partie était super intéressante… Fait c***r que l’histoire s’arrête là…

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