EWS de Finale Ligure – Le compte-rendu de Théo Galy

Je n’ai pas pu prendre mon pied

Ce premier weekend d’octobre, le gratin mondial de l’Enduro avait rendez-vous pour la dernière fois de la saison en Italie. Pour cette 7ème et ultime manche de la coupe du monde enduro nous voilà donc à Finale Ligure : nous arrivons mardi soir sur place.

Les recos commencent seulement jeudi, du coup mercredi c’est journée détente. La mer est à 25 degrés on en profite un max, un peu trop peut-être. Quelques minutes avant de repartir je me luxe bêtement un orteil, aussitôt je le remets en place. Je sens l’articulation craquer, c’est très douloureux. Un instant après le pied enfle, l’hématome apparaît, j’ai le pied bleu. Après une soirée cool à soigner mon pied c’est jeudi matin et le début des recos.

Je ne peux pratiquement pas marcher mais j’essaye malgré tout d’attaquer mes reconnaissances. Durant deux jours j’enchaîne les runs de recos, 8 descentes le jeudi et 4 le vendredi. Mon pied me fait super mal, je ne peux pas rouler à mon niveau. Tant pis il faut que je fasse la course, j’ai un top 20 au général des EWS à défendre.

Le samedi matin je me lève péniblement, le programme de la journée est chargé. Nous avons 50 km à faire et 4 spéciales. Le départ est donné, il est 9h25, c’est parti pour 1h de liaison. Le pied me fait souffrir, je ne peux pas appuyer correctement sur la pédale. Je me tords dans tous les sens pour pouvoir faire mes ronds de pédale. Enfin au sommet.

Au départ l’ambiance est plutôt décontractée. Je me lance dans la spéciale à fond mais je me fais rapidement rappeler à l’ordre. La spéciale est engagée et technique, vraiment dans la pente. On est vite dans le bain ! Je roule propre en serrant les dents, j’essaye de limiter les dégâts tant bien que mal.

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Une fois en bas pas le temps de traîner, les temps de liaison sont justes, il ne faut pas s’attarder. 50 minutes plus tard je suis au départ de la SP2, vu ma douleur au pied il faut que je gère ma journée si je veux aller au bout. Le haut de la spéciale est assez plat, la danseuse me fait trop mal, je suis obligé de pédaler assis. Je plonge dans les premiers S déjà bien entamé, j’essaye de rester fluide. Puis il faut négocier deux gros pétards et enchaîner avec une belle partie technique. Il y a un beau passage à tenter, je tire un gros bunny au-dessus d’un rocher. J’ai comme un coup de poignard dans l’orteil mais je passe de justesse. Plus que quelques virages et je franchis la ligne d’arrivée.

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Après ces deux spéciales nous filons au paddock pour nous ravitailler. Seulement 20 petites minutes au stand ensuite il faut repartir. 1h de liaison et nous voilà au start de la SP3. Cette spéciale est physique et très technique, il ne faut pas se louper. Je pars prudemment. Sur la partie haute il faut pédaler sans cesse et puis il faut passer deux grosses marches coup sur coup en montée. Malheureusement je rate la première et je suis obligé de finir à pied. Je perds beaucoup de temps sur cette erreur. J’attaque dans la partie descendante mais le sentier est une ancienne voie romaine et les nombreuses vibrations me font ultra mal au pied. Après quelques minutes je suis obligé d’attraper les freins et de relâcher. Je ne fais plus de faute jusqu’à la ligne d’arrivée mais je très déçu de ne pas pouvoir rouler à mon niveau.

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Je remonte une dernière liaison pour rallier le start de la SP4. En haut je suis fatigué. La spéciale débute par 1 minute 30s de plat, je plonge sur le magnifique sentier en crête au-dessus de la mer. Il y a du monde sur le parcours ça me motive. Je roule bien, j’arrive à faire abstraction de la douleur puis je négocie un virage délicat. Je freine fort pour anticiper une chicane dans la pente mais les rubalises ont disparu (arrachées ?), je suis surpris et j’essaye de changer de trajectoire pour reprendre une meilleure ligne. C’est trop tard, je suis déséquilibré, je tourne carré, mon pied droit déchausse et je pars à la chute quelques mètres plus bas. Je finis comme je peux le run, je suis secoué. En bas je jette un œil à mon coude, il est en sang. Maintenant il reste 20 minutes de route pour rentrer au paddock et faire mon dernier pointage.

Je termine cette journée exténué, mon pied a doublé de volume et est plus bleu que jamais. Les classements tombent je suis 52ème, c’est dur pour le moral mais je n’ai plus le choix, il faut que j’aille au bout ! Durant la soirée je bichonne mon pied, je mange un bon repas et je me couche tôt.

8h le lendemain matin, je suis sur mon bike, aujourd’hui le programme est encore costaud. Il faut s’envoyer 45 km pour 1200 m de dénivelé positif. On commence la journée par une énorme liaison uniquement sur la route de 2h30 et 1000m de dénivelé positif. Ce fut d’une rare intensité émotionnelle, extrêmement ludique et surprenant de plaisir… Je blague bien évidemment, j’ai trouvé ça totalement ridicule ! Bref j’arrive en haut lessivé, mon pied me fait énormément souffrir. Je prends le départ de la spéciale 5 en serrant les dents, la première partie est très physique et je ne peux pratiquement pas appuyer sur mes pédales. Dans la seconde section plus descendante je suis lent, je fais des fautes et je lutte pour ne pas m’arrêter.

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Aussitôt en bas je repars vers la dernière spéciale de l’année, il reste une liaison de 40 minutes pour être au départ de la SP6. Sur le start je suis tendu, c’est un run super physique, je m’élance avec l’envie de tout donner. Je roule bien, je relance. A mi-parcours il faut négocier une très longue portion plate, je commence à être dans le dur. Jérôme Clementz me double, puis en fin de spéciale c’est au tour de Fabien Barel de me dépasser. Le mental en prend un coup mais je ne lâche rien et je me lève pour les derniers mètres. Je termine la spéciale sur les rotules, heureux d’avoir terminé. Enfin presque terminé, plus que 20 minutes de liaison sur route pour faire mon dernier pointage.

Au final je suis 63ème du weekend, satisfait d’avoir été au bout des 95 km et 2400 m de dénivelé positif ! Après avoir consulté j’apprends que mon orteil est fracturé en plus de la luxation, voilà pourquoi je souffrais autant. Forcément, de n’avoir pas pu réellement batailler sur cette épreuve pour laquelle je m’étais vraiment préparé laisse un petit goût d’amertume… Une fois de plus Finale aura tenu toutes ces promesses, une ambiance de folie, un cadre magique, une météo d’enfer, dans l’ensemble de belles spéciales. Seule déception pour moi au niveau du tracé, beaucoup de kilomètres sur route. Des liaisons énormes pour des temps de spéciales très courts, dommage.

En tout cas j’ai fait du mieux possible pour essayer de conserver mon top 20 au général des EWS, je suis passé à un cheveu de réussir puisque je termine 21ème ! Pour une première saison complète sur les World Series ce n’est pas mal mais je sais que je suis capable de beaucoup mieux ! Rendez-vous donc l’année prochaine !

Théo