Isabeau Courdurier nous livre un compte-rendu complet des aventures du Team Rocky Mountain Urge durant l’Enduro World Series de Nevados de Chillan…
Isa romance, chapitre 1
Texte : Isabeau Courdurier # Photos : Matt Wragg
Ladies and gentlemen please fasten your seatbelt. Décollage imminent destination Santiago de Chile. Sur chaque manche d’Enduro World Series, je vous glisse dans mes bagages et vous offre l’opportunité de vivre la course du point de vue d’un rider. Vivez l’aventure comme si vous y étiez avec le Rocky Mountain – Urge bp #ewsrallyteam.
Alex, Florian et moi sommes les premiers à nous lancer dans l’aventure deux semaines avant la première manche des Enduro world series. Si je dis aventure c’est parce que du haut de nos 20 ans nous partons tous les trois en Amérique de Sud pour la première fois. Je n’étais même jamais sortie de l’Europe, pour vous dire… Après 15 heures de voyage, nous atterrissons à Santiago où des nuées de Taxis nous assaillent. Il y règne un immense bazar. Au milieu de cette foule, se trouve Orlando qui brandit une pancarte « Monsieur Cure ». Inconvénient quand vous êtes jeune au Chili c’est que vous ne pouvez pas louer de voiture. L’avantage c’est toutes ces rencontres faîtes sur la route.
Orlando nous conduit à notre première destination : La Parva où se déroule une manche du championnat Chilien, le Montenbaik, le samedi 12 Avril. Dès notre arrivée le dépaysement est total ! La Parva est une station située à plus de 2800 mètres. Après un col de 44 virages où les paysages s’alternent : de la banlieue de Santiago en passant par des bidons villes jusqu’à un paysage aride, avec des cactus à vous faire pâlir à la simple idée de passer à côté en vélo.
En cette période La Parva est uniquement peuplée d’ouvriers qui travaillent d’arrache-pied avant la saison hivernale. Notre arrivée ne passe donc pas inaperçue, tous nous regardent, saluent et sourient. Nous logeons dans un petit appartement mais nous prenons nos repas au seul et unique restaurant ouvert de la station qui s’avère être la cantine des ouvriers.
Après une première sortie très difficile sur un terrain meuble, instable où notre roue avant se dérobe sans cesse, où le moindre mouvement vous mets à bout de souffle et où une horde de chiens sauvages vous suit sans cesse, nous trouvons finalement nos marques. S’en suivra une session de freeride mémorable dans la gravette. Dans la semaine, nous commençons les recos de La Parva et passons en configuration course, toujours dans une bonne ambiance. Deux spéciales rapides, très rapides qui partent quasiment du sommet à 3500 mètres et une longue spéciale qui part de La Parva et descend dans la vallée en direction de Santiago, le tout avec une vue imprenable sur les Andes Pacifique.
La course de La Parva est une excellente mise en jambe avant l’Enduro World Series de Nevados de Chillan. Florian prends la 3ème place derrière Jérôme Clementz et Nicolas Lau. Alex prend une 7ème place de bonne augure et enfin je termine 2ème en dame derrière Anne-Caroline Chausson et devant Ines Toma.
Techniquement mais aussi physiquement, cette semaine à La Parva nous est bénéfique. On a appris à rouler vite sur un terrain instable en gérant l’adhérence, ou plutôt le manque d’adhérence. Enfin après une semaine, où ne serait-ce que monter un escalier vous mets à bout de souffle, je peux vous assurer que l’on se sent plus fort. Outre, les performances et l’entrainement là-haut, nous en avons pris plein les yeux ! Ce paysage aride et ces sommets pointus, sont le berceau d’un peuple chaleureux et accueillant. Des cuistots de la cantine, en passant par les responsables des remontées mécaniques jusqu’à notre concierge Titi, tous on fait de leur mieux pour que notre semaine se passe bien. C’est une bien belle leçon, donné sans entendre en retour, telle doit être la morale des Chiliens.
Le lundi 14 nous prenons la route direction Nevados de Chilan. Et quelle route ! Après 2h30 de navette jusqu’à Santiago, 3h d’attente, nous prenons un bus qui apparemment n’était pas le bon et nous la fait savoir au beau milieu de nulle part après 1h de route.. Nous voilà seuls avec nos bagages, nos bike travel, nos tickets de bus à la main mais toujours avec nos sourires. On nous a promis l’aventure, la voilà ! Un bus s’arrête, c’est le bon et nous repartons direction Chillan. 5 heures plus tard nous voilà dans la voiture de la responsable d’ECOBOX, notre logement. Après 15 heures de voyage, Nevados de Chilan nous voilà !
Le lendemain les premiers tours de roues sont un pur bonheur et nous laisse sans voix. On nous a aussi promis un paysage hors normes, et bien on n’a pas été déçus ! Des volcans enneigés au sommet, des couleurs automnales rouge et orange, de denses forêts d’arbres, et cette fameuse terre souple… Tous les pilotes sont là, il y a de la tension dans l’air mais surtout une envie belle et bien présente de découvrir les spéciales du week-end.
Mercredi, notre coéquipier Canadien Jesse, notre mécano Nicolas, notre cameraman Gaetan et notre team manager Lilian nous rejoignent. Le team est au complet. La course approche, la pression monte mais nous affichons tous un grand sourire. La motivation est à son maximum.
Jeudi, début des recos tant entendues. Les liaisons se font à la pédale et en marchant étant donné qu’aucun télésiège et encore moins de routes permettent d’accéder au départ. Une longue marche dans un décor lunaire vous conduit à la lisière d’une forêt basse où les feuilles affichent une couleur rouge vive. Parlons peu, parlons bien… la spéciale 2 est incroyable et vous offre une panoplie de conditions. De la terre souple qui grip, du sable, du sous-bois, des relances, des parties engagées, raides et des sections en pierres. Mais que demandent les riders ?! C’est beau à rouler mais attention, c’est physique. Alex, Flo, Jesse et moi avons bien conscience qu’il va falloir rouler fort dans cette spéciale qui peut faire la différence. Nous reconnaissons ensuite la spéciale 1 dans le sable et donc très instable. Il faut gérer son engagement tout le long, la faute peut vite arriver sur ce genre de terrain. Enfin, la spéciale 3 est rapide, rocheuse au début avant de s’enfoncer dans un sous-bois au grip inouï puis nous empruntons le bike park jusqu’à l’arrivée. Il va falloir rouler vite, et c’est peu de la dire.
Vendredi, nous découvrons les spéciales du dimanche. Pour accéder au sommet de la spéciale 4, nous portons nos vélos. Bon ok, ils portent, je pousse mon vélo jusqu’au départ qui se trouve à côté de geysers de vapeurs d’eau jaunis par le souffre. La spéciale est sinueuse avec des passages techniques en sous-bois. Nous découvrons ensuite la spéciale 5, on l’appelle « olimpico » et elle porte bien son nom. Aussi physique que technique, il va falloir rester lucide. Dans l’après-midi nous partons découvrir la dernière spéciale, la 6. Accrochez-vous, ça va secouer. Départ dans la neige sur le volcan, les longues courbes bordées de roches volcaniques s’enchainent à grande vitesse. La deuxième partie est de nouveau un sous-bois avec cette fameuse terre qui s’est faite un nom sur cette Enduro World Series. S’ensuit une partie très raide où aucune faute n’est tolérée et enfin une section rocheuse jusqu’à l’arrivée.
De retour sur le paddock, les mécanos préparent les vélos, on passe les contrôles et ça y est, l’autocollant avec nos heures de départ est sur le cadre. On est prêts, motivés comme jamais, et impatients de débuter cette première manche d’Enduro World Series.
Samedi : premier jour de course
Je suis la première à m’élancer de la plateforme de départ, suivie par Jesse, Alex et Florian. D’entrée de jeu, Flo pointe aux avants postes il signe le deuxième temps de cette spéciale et confirme ses excellents résultats de La Parva. Alex victime d’une petite chute prend la 17ème place mais garde ses moyens et se reconcentre vite. Jesse après un long hiver enneigé n’a pas encore pris de départ sur une course et prend ses marques en signant une 34ème place.
Faîtes vos jeux, la course est lancée ! Spéciale 2, Flo confirme en signant la 3ème place. Alex a repris confiance et termine 4ème juste derrière son coéquipier. Jesse peine à trouver son rythme mais fini tout de même 37ème.
La dernière de la journée, la spéciale 3. Flo pointe 5ème en bas mais conserve la 3ème place sur la journée. Alex prend la 14ème place mais reste en très bonne position. Il est 8eme. Notre Canadien Jesse prend la 38ème place et boucle la journée à la 36ème place un peu déçu mais motivé pour le lendemain. Quant à moi je prends la 5ème place sur toutes les spéciales et finis 5ème en cette fin de journée, prête à défendre ce rang le lendemain.
Dimanche : deuxième jour de course
Départ dans le même ordre que la veille en direction de la spéciale 4. Florian termine 9ème en disant avoir commis une erreur et fait une petite chute…
On ne doit pas avoir la même notion de petite. Après une sacrée chute qui lui coute de précieuses secondes, Florian ne perd pas son calme et repart serein. Il sait que la journée va être longue, garde sa concentration et dévoile du haut de son jeune âge une grande maîtrise. Alex prend la 10ème place et sait qu’il peut faire mieux. Jesse est déterminé et ses résultats s’améliorent, il est 35eme.
Le spéciale 5, la fameuse, stresse plus d’un concurrents. Nous avons tous conscience que dans une spéciale si physique les secondes peuvent vite s’envoler. Florian reste fort et signe le 5eme temps. Alex termine juste derrière lui 4eme et reprend de précieuses secondes au général. Jesse nous montre que sa préparation physique hivernale paye en signant son plus beau résultat du weekend, une 22ème place. Je signe également mon plus beau résultat dans cette spéciale en prenant la 4eme place chez les dames, non sans mal.
Ce qu’on retiendra de cette première manche c’est que rien n’est fait tant que la ligne d’arrivée de la dernière spéciale n’est pas franchie. Au départ de la spéciale 6, Florian est 4eme à 4 secondes de Martin Maes. Il réalise un magnifique run, propre et concentré jusqu’au bout. Un peu de patience, les coureurs arrivent un par un. Les résultats apparaissent enfin sur l’écran. Il l’a fait ! Explosion de joie, tout le team est heureux. Florian est 3eme de cette première manche et signe son premier podium en EWS. Alex termine également le weekend en beauté en prenant la 7eme place. Jesse améliore et termine 31eme, motivé pour faire encore mieux sur la prochaine manche. Je boucle mon week-end à la 5eme place, contente de voir que les efforts de cet hiver payent et un sourire jusqu’aux oreilles.
Il paraît qu’une équipe qui s’entend bien est une équipe qui gagne. Le Chili a renforcé la cohésion du team et de son assistance. Fiers de nos résultats et de nos valeurs nous voulons partager ce race report avec vous. Vous montrez l’envers du décor, le travail mais aussi la passion qui rythme nos déplacements sur les EWS.
Le mot de la fin est destiné à tous nos partenaires et sponsors qui nous soutiennent. Merci de croire et de miser sur nous. Merci enfin à tous ceux qui nous ont suivi et encouragé. Les young guns du Rocky Mountain-Urge bp rally team vous sont reconnaissants et prêts à tout donner pour cette saison en Enduro World Series.
Le résumé vidéo :
