Rencontre & portfolio : Bienvenue chez Simon André

Interview et photos : Quentin Chevat

Rencontre…

En 2013, après une année à travailler comme testeur dans la Presse VTT spécialisée pour le magazine Bike, Simon André a changé d’horizon… Déménagement et retour dans sa région natale, création de sa propre structure de consulting, développement entre autres du Rallon R4 et retour à la compétition sur les Enduro World Series. Direction les environs d’Uzès à la rencontre de Simon, pour en savoir plus et vous faire partager des moments inédits…

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Endurotribe : Qu’est-ce que Key Project ?

Simon André : Key Project est une société de consulting que j’ai lancé début 2013 après l’arrêt de mon activité journalistique. Grâce à mon passé dans l’univers VTT (Chef Produits chez Sunn, rider pro, éducateur, traceur et organisateur), je peux intervenir et apporter mon expertise via Key Project auprès d’un grand nombre d’intervenants de l’Industrie du cycle. Mon champ d’action va de la simple évaluation où on me demande de tester et évaluer un produit dans un protocole bien précis, à la promotion en passant par le développement.

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En 2013, en ce qui concerne Orbea, ma mission était assez complète. J’ai débuté ma mission comme une évaluation, puis cela a évolué sur du développement et positionnement produit pour finir par la promotion du nouveau vélo. J’ai aussi apporté mon aide à la création d’un team, surtout sur le recrutement de l’équipe française. En 2014, j’interviendrai aussi en tant que relation Presse pour la France avec également des missions de formation de la force de vente Orbea. Toujours côté développement produits, je travaille en étroite collaboration avec Kali, Magura et V8 ainsi qu’Hutchinson sur le développement d’une gamme complète pour 2015. J’accompagne par ailleurs la station de Méribel sur la problématique du VTT en station.

Endurotribe : On a présenté et essayé le tout nouvel Orbea Rallon R4 il y a peu, parles-nous de ce projet et de ton implication ?

Simon André : Le projet a commencé il y a un peu plus d’un an et demi, avant mon arrivée. Après avoir lancé l’Occam et sa cinématique à excentrique, Orbea a créé un proto de « gros » Occam en 160 mm de débattement en vue du futur Rallon. L’idée était d’étendre cette technologie brevetée qui permet par son faible encombrement, un gain de poids notable et une bonne rigidité. Dès le départ, Orbea a travaillé sur des protos en deux tailles de roues (26 et 27,5 pouces). Ils avaient fait évoluer la géométrie par rapport au R3 avec un top tube plus long, plus d’angle et un boitier plus bas. Sur le terrain, le résultat me paraissait assez prometteur en 26 pouces avec un vélo performant mais sans les avantages des grandes roues (sécurité, franchissement…). Le prototype 27,5 apportait ces bienfaits, par contre le fonctionnement de la suspension et la géométrie n’étaient pas assez performants. Les grandes roues ont tendance à survoler les obstacles et si la suspension ne travaille pas dans ce sens-là, au final le vélo manque cruellement de grip.

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Du coup en optant pour le 27,5 qui s’avérait le meilleur choix pour un vélo d’Enduro, il y a avait encore beaucoup de travail à effectuer en terme de géométrie et de cinématique. On est donc quasi reparti d’une feuille blanche… Le cahier des charges était assez simple, avec la volonté de faire un vrai enduro moderne et performant. Chose que l’on n’attend pas forcément d’une marque comme Orbea reconnue en XC. On ne parlait pas d’un all mountain mais vraiment d’un vélo orienté montagne, World Series et pour tout type de compétition Enduro. On a décidé qu’il y avait trois paramètres (difficilement conciliables) à concilier : stabilité (parce qu’aujourd’hui ça roule très vite et fort en compétition), capacité de pédalage correcte (parce qu’en liaison il faut pédaler longtemps, pas forcément vite mais avec une bonne position, sans oublier les relances en chrono) et maniabilité (car parfois ça tricote, c’est lent et sinueux). Ça peut paraître bête et proche du vélo idéal, mais c’était bien ça le cahier des charges.

Endurotribe : Pourquoi avoir opté pour ce châssis et cette cinématique ?

Simon André : Premièrement on voulait augmenter le débattement, 160 au lieu de 150 mm. En 27,5 pouces, si c’est bien géré, ce n’est pas de trop et ça permet d’être confortable en descente. Avec l’effet des grandes roues, comme je le disais, on reste souvent très haut dans débattement. Pour venir chercher le grip, il nous fallait donc aussi quelque chose de plus linéaire que le Rallon R3. On voulait quelque chose d’ultra-tolérant et polyvalent qui s’accommode avec nos trois paramètres du cahier des charges expliqués juste avant. La courbe se rapproche donc de ce qui se fait régulièrement sur des vélos plus gros, en Descente. Un fonctionnement linéaire et progressif. Pas non plus trop progressif puisqu’il faut pouvoir utiliser tout le débattement. La courbe s’aplatit un peu sur la fin pour pouvoir utiliser facilement tout le débattement.

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On s’est aperçu que sur certains vélos, on n’arrivait jamais à prendre tout le débattement sauf si tu mettais beaucoup de SAG. Mais la plupart du temps, si tu mets plus de 30% de SAG, tu te retrouves avec un pédalo, tu perds ce que l’on recherche niveau efficacité au pédalage. Avec cette courbe, on peut utiliser pleinement la qualité intrinsèque de l’amortisseur qu’est l’hydraulique. On peut l’ajuster au plus près des différentes conditions sur le terrain. Le vélo descend super fort mais il a aussi une motricité de fou et il pédale bien. Pour finir, on voulait penser un produit global où on ne travaille pas uniquement la conception du cadre et de l’amortisseur. On voulait un châssis qui marche de concert avec la taille des roues et la fourche.

Endurotribe : Racontes-nous ta journée type ?

Simon André : Une journée type c’est souvent un réveil assez tôt (il faut que je me prépare avec l’arrivée de notre petite princesse dans quelques mois). Première chose après le petit-déjeuner, je relève tout mon courrier et réponds à toutes les sollicitations de mes partenaires. Ensuite, j’aime vraiment rouler le matin, donc le reste de la matinée est souvent consacré aux tests produits. Je vais très rarement rouler avec des produits de séries. Je profite de toutes mes sorties pour tester et valider des produits.

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Les amis qui m’accompagnent dans mes sorties hallucinent tout le temps… Parfois ils déchantent, surtout quand tu commences à galèrer avec un truc qui ne marche pas top. Il faut pas rêver, les produits sont de plus en plus performants avant même les tests terrains mais parfois il reste des choses à faire ou à fiabiliser. Dans tous les cas mes missions me poussent à rester en forme… Le début d’après-midi, c’est souvent retour au bureau pour les mails ou/et les rendez-vous téléphoniques. Et là tout devient très aléatoire car souvent ça peut durer très très longtemps avec le téléphone ou Skype. Si tout va bien, je profite de la fin d’après-midi pour retourner valider des produits ou commencer la préparation d’un protocole de test pour le lendemain. Certains tests demandent pas mal d’organisation que ce soit sur le terrain ou sur le vélo. La soirée est le moment privilégié pour rédiger mes rapports que j’enverrai tôt le lendemain matin. Voilà, les journées sont bien remplies et c’est sans compter les déplacements chez mes clients ou sur les événements. On peut dire que l’on ne s’ennuie pas chez Key Project.

Endurotribe : Après une saison assez calme en 2012, on t’a revu régulièrement en 2013 au départ des compétitions comme les Enduro World Series. Parles-nous de cette saison passée?

Simon André : Je ne pensais pas que ça allait se dérouler comme ça. Je m’étais préparé et entraîné pour cette nouvelle saison. Entre temps, il y a eu la construction du team Orbea Crew en partenariat avec Meribel. Du coup l’organisation a été un peu différente. De plus cette année, en plein développement du R4, ça été dur de rouler toute la semaine avec le futur très bon vélo et de reprendre l’ancien Rallon en 26 le week-end pour la compétition. C’était assez déroutant au niveau des sensations et psychologiquement. Du coup et vu que ce n’était pas l’attente prioritaire de mes partenaires, la compétition est passée au second plan, je me suis recentré sur la découverte et le fait de participer à la première saison EWS de l’histoire du MTB. Ça a été sympa de voyager à travers le monde et de faire ces trips. Pas top sportivement mais humainement et professionnellement super intéressant.

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Endurotribe : Que prévois-tu en 2014 ?

Simon André : Je vais continuer de faire des courses sur des séries qui me conviennent. Franchement, ça ne m’intéresse pas de rouler dans des prairies au milieu d’un couloir de rubalises. J’aime rouler sur du beau sentier technique et fun. Je suis bien conscient que je ne gagnerai pas au plus haut niveau. Je compte faire plus des trips à travers le monde pour être au plus proche des différents utilisateurs et partager ma passion. Ce sont des moments privilégiés où tu peux vraiment échanger, comprendre les attentes et ainsi prévoir les évolutions . Et puis j’ai surtout encore beaucoup d’autres missions avec Key Project et mes partenaires pour développer de nouveaux produits…

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Endurotribe : Pour terminer, quel bilan tires-tu de cette première saison EWS ?

Simon André : Le niveau a vraiment augmenté, avec une très grosse intensité, des pilotes très physiques. C’est très impressionnant. Bien entendu, il y a deux personnes qui sortent du lot : Jared Graves et Jérôme Clementz. Je suis impressionné par Jey, je ne pensais pas qu’il pourrait encore élever son niveau physique et tenir à ce niveau une saison complète. D’autant qu’il fait beaucoup de choses à côté. Jared Graves quant à lui, avec toute son inexpérience, a bluffé tout le monde. C’est une machine, un killer. Sans ses chutes et casses de « débutant », il va faire très mal en 2014. Je retiendrai aussi l’émergence de jeunes talents comme Martin Maes. Ça va crédibiliser la discipline d’avoir des jeunes purs enduristes. Après au niveau de l’esprit, je suis plus partagé. J’ai l’impression que ça crée un Enduro d’élite et de l’autre côté il restera l’Enduro de masse. Après chacun devra trouver sa place là-dedans. Personnellement, je me retrouve surement plus dans l’Enduro de masse.

Bonus vis ma vie…

Voici quelques clichés bonus de notre visite chez Simon…

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En mode interview au bureau…

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Sur un meuble, un cadeau d’un fan de Petit Tonnerre…
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On y trouve aussi un souvenir d’une belle saison 2010 courue au plus haut niveau…

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Le travail terminé, on s’équipe pour une session moto trial…

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Retour à la maison, voici une jolie collection de protos Sunn tout droit sortie du garage…

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On s’improvise une session sur son pumptrack couvert…

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Détour par l’atelier pour préparer nos montures. On enchaîne avec une petite rando dans la garrigue locale…

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Après le ride, direction la bergerie de ses parents…
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Bonjour les chèvres…

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On termine la journée par une dégustation des fameux pelardons familiaux… Fin !