Enduro des hautes-Vosges 2012 – Le CR de Nicolas Bonjean

Photos : Benoitgrebauxphoto.com/Pointezie Crew/Artreflex

Pas fan de foot, j’aime pourtant les ballons…

Ne vous méprenez pas, on dirait de l’eau… c’en est bien !

[dropcap]H[/dropcap]istoire de contraster diamétralement avec l’Endur’Haut Languedoc, nous nous sommes rendus, à nouveau avec Zed mon fidèle Cocacolique, dans le môôssif des Vôôôsges (comme ils disent dans l’Est) à l’occasion de l’Enduro des Hautes VosgesRémy Absalon et Gwen Fouché sont à l’origine de cette épreuve d’enduro qui mixe parfaitement un format rallye pour le samedi et une journée du dimanche où les remontées mécaniques assurent le plus gros du D+. Bizarrement, on s’attend plus à trouver des montagnes dans les Vosges que dans le Languedoc mais c’est l’inverse qui se produit lorsque l’on pénètre les massifs montagneux de ces régions. L’arrivée sur Vesoul est surprenante tant la taille des immenses hangars des usines Peugeot-Citroën semble démesurée. Puis plus au commencement des vallées, Remiremont qui ne semble avoir gardé d’un passé construit sur une activité industrielle dynamique, que quelques usines désaffectées en guise de stigmates. Enfin La Bresse, petit village qui contraste sensiblement avec Remiremont et qui respire bon l’activité touristique en plein essor. Ce petit village sans prétention aurait de quoi faire pâlir les plus grandes stations alpines puisqu’il affiche au compteur pas moins que l’organisation de deux manches de la Coupe du Monde de DH sur une piste non permanente mais très appréciée de tous les pilotes ainsi que dernièrement, une manche de la Coupe du Monde de XC, remportée par son immense champion et local de l’épreuve, Julien Absalon. L’EHV venant s’ajouter à ce joli catalogue avec une troisième édition pour l’année 2012.

Arrivés à la station de Hohneck, on ne peut pas dire que l’on se sente oppressé par le poids de la montagne. Rien de grandiose ni de démesuré, rien de vertigineux ou d’abrupt, nous sommes entourés de petits ballons, tous boisés de résineux et de quelques feuillus. On pourrait croire que les pentes vont se dévaler à la vitesse de l’éclair… ça reste à voir…

Chamedi, ch’est grand beau et on ch’amuje comme des fous !

[dropcap]B[/dropcap]asés au camping qui se trouve être à proximité de la station et alors que nous profitons de la très belle matinée pour parfaire les derniers préparatifs, le voisin nous aborde. Look aventurier, short et chemise à poches couleur Sahara, chaussures de randonnée recouvertes par des chaussettes de montagne, lunettes Ray Ban comme les flics de L.A. dans Chips, le tout parachevé par le port d’une casquette à l’américaine… visière courbe et bien vissée sur la cocotte-minute ! Sur un ton confidentiel mais très sûr, il nous explique qu’il est là pour le lynx… et les loups ! Pour les filmer j’entends bien… les sauvages… pas ceux qui sont équipés de colliers ! Il ne va peut-être pas falloir s’égarer des chemins balisés, certains rubalisent… d’autres se servent de la faune ! Discussion très sympathique et aussitôt notre hôte rendu dans ses quartiers que Zed l’avait déjà baptisé « le lynx » ! (si vous avez lu le CR de Vieussan, vous savez déjà que Zed est un sournois et vous n’êtes pas surpris par son vice et sa cruauté !).

Au programme du samedi, départ de la station à partir de midi pour les premiers, pour une boucle de 40 kilomètres dont 4 spéciales chronométrées (à bloc avec le lynx et les loups au cul !) avec 1400m de D+ pour 1600 de D-. Une variante « découverte » permettait de s’initier à l’enduro en ne faisant que les 3 premières spéciales, sans chronométrage. Parmi les pilotes habitués des premières places, Nicolas Lau le perdant de l’édition 2011, Jérémy Arnould le vainqueur de l’édition 2011, Florian Golay et Olivier Giordanengo suivis par des seconds couteaux bien aiguisés tels Thomas Hartstern, Henri Perrin, Jérôme Conreaux, Baptiste Gaillot ou encore Guillaume Heinrich

Dix filles sont présentes avec notamment Anne-Caroline Chaausson et Estelle Vuillemin ; Valérie Priem, Claire Hassenfratz et Myriam Saugy se battront elles aussi pour les premières places. A noter que le bloc des 11 filles était inséré de la 52ème à la 62ème place, les écarts entre tous les pilotes étant espacés de 15 secondes. C’est bien là le problème !!! Car il y en a que ça a traumatisé d’avoir Anne-Caro aux fesses et qui ont passé plus de temps à regarder derrière en étant plus stressés que s’ils étaient pourchassés par la meute de bêtes sauvages !!! Je ne vous dis pas les torticolis en fin de journée à force de se retourner ! Et je ne vous raconte pas quand elle les doublait… il apparaissait dans leurs cerveaux asphyxiés par l’effort, une sorte d’image subliminale les représentant accoutrés d’un tablier de soubrette en train de faire le ménage sous les ordres de leurs compagnes leur expliquant qu’ils n’étaient plus bon qu’à ça… ça finissait de leur couper les jambes !!! L’image de l’homme viril qui se met du déodorant Axe sous les aisselles pour tomber toutes les plus belles femmes de la planète en prend un sérieux coup !!! Les : « Moi je fais de l’enduro, c’est pas un sport de gonzesse, ça !!!!! » ou « Moi j’me ferai jamais taper par une meuf’ sur une spéciale ! » ne faisaient pas partie du registre des discussions machistes lors de la pasta-party du samedi soir !!!

Anecdote à part, une première petite liaison nous met en jambes pour une première petite spéciale, parfaite pour s’échauffer. Le cadre est vraiment superbe, on est au milieu des forêts de sapins, à l’abri de la chaleur car malgré que nous soyons dans l’Est, il cogne un peu en ce samedi après-midi et l’ombre des grands résineux est salvatrice. Le sentier par sur une trace sinueuse entre les épicéas, des traversées rapides qui utilisent judicieusement la pente, deux épingles piège qui ferment bien à la sortie, des cailloux stables et des racines sèches nous permettent de rouler sereinement… sans oublier d’ouvrir les yeux malgré tout ! La trace est bien ombragée, certaines portions en aveugle, un chemin parfois assez enserré entre les arbres demandent de la concentration… on peut marquer des points et se fouger facilement ! … Une petite remontée, pas longue mais bien raide et on replonge sur du sentier où il fait bon soulever les épines sèches qui tapissent le sol en roulant à bloc (avec le lynx ou Anne-Caro au cul… c’est selon !), la fin de la spéciale se termine par une trace qui traverse un champ de myrtilles, on plonge dans la pente d’un talus qui borde un chemin plus large, on grimpe en face et l’arrivée passe sous nos roues plus vite qu’on pouvait le penser !! Bilan : un peu plus de 3 minutes et la banane intégrale sur les visages des pilotes… tudieu que c’est fun !!!

Liaison un peu plus longue mais jamais difficile, le timing est parfait, on peut rouler sans stresser de louper le prochain départ, ainsi sera réglé le tempo de la journée (y’ sont bons le Gwen et le Rémy quand même !). La première partie de la spéciale 2 utilise la pente de la même manière que la précédente, les pneus collent au sol et les premiers lacets sur lesquels on déboule au taquet sont générateurs d’adrénaline et ponctuées par des épingles qui sont signalées par des petits pictogrammes qui rendent la lecture encore plus facile, au moins à ce niveau. Si les chemins incroyablement propres donnent rapidement un sentiment de confiance, ça n’en reste pas moins de l’enduro avec son catalogue de pièges : racines, cailloux, trajectoires en aveugle… mais les parties en terre sont lisses et propres et ça déboule sec !! S’ensuit une zone un peu plus free ride bien tracée, plus dans l’axe de la pente et qui tourne bien rond autour des conifères, on tombe sur un chemin carrossable, petite remontée pas longue mais où il faut appuyer un peu fort sur les pédales puis on plonge à nouveau dans une portion plus pentue pour déboucher sur le single final à découvert où il est conseillé d’ouvrir les yeux pour ne pas se retrouver en contrebas ! Quelques marches, un virage à droite, on franchit la ligne… c’est boooooooon !
On a changé de versant mais la spéciale 3 est aussi grisante que le reste, traversées plus ou moins longues et plus ou moins sinueuses entre les arbres et les cailloux, ça va vite toujours, c’est trop booooooon ! Au milieu de la spéciale, un premier pétard, pas-très-long-pas-très-raide puis un second plus long et qui fait mal quand on s’arrache ! On replonge généralement complètement occis, les premières courbes pentues entre les cailloux se passent à l’arrêt le temps de reprendre ses esprits puis du moins pentu et plus rapide, à nouveau un passage pentu super fun multi-trajectoires avec des racines et surtout plein de spectateurs qui sont chauds et qui encouragent les pilotes en criant et secouant des cloches comme en coupe du monde… on se prend pour Sam Hill… c’est trop trop boooooooooon ! Le single se redresse, ça roule toujours vite, les roues survolent les blocs de cailloux… on n’a pas envie que ça s’arrête ! Les bois s’ouvrent, on traverse une route puis on revient sur l’arrivée par un petit faux-plat en herbe qui fait bien gonfler les cuisses… c’était MOR-TEL !

… Et déjà la dernière spéciale qui va contraster avec les 3 autres. Départ sur un grand chemin large peu pentu, où l’on peut dire que l’on ne roule pas à l’économie ! Je suis sûr que Rémy et Gwen ont fait exprès de nous faire bourrer sur cette partie sans intérêt technique, pour nous voir rentrer aussi frais que le poiscaille d’Ordralfabétix (lire les aventures d’Astérix le Gaulois) dans la portion de bois qui, elle, demandait du soin et de l’application ! D’abord l’entrée par une épingle bien serrée avec un muret à l’intérieur puis une trace plus pentue, un peu plus grasse, des jolis et gros cailloux dans les virages, ça va moins vite et il est vivement recommandé de s’appliquer pour ne pas aller éponger les mousses qui tapissent le sol !!! On traverse ainsi un bois de résineux et nous voilà déjà à l’arrivée, au fond de la vallée, prêts pour être remontés en bus et semi-remorque pour les vélos, jusqu’à Hohneck. C’était parfait… rien d’autre à dire !

Passage par le camping pour se décrasser avant la pasta-party organisée dans le superbe bâtiment de la station… le Lynx surgit du auvent de sa caravane : « Alors les gars, c’était bien ? Belle après-midi… patati-patata… ils annoncent de la pluie, et dès cette nuit ! » nous lâche-t-il d’un ton affirmatif ! Nous : « !!!! ». Héhéhé ! Il est sympa l’ancien mais il en raconte quand même !!! Et il ne tarde pas qu’on se dise que le Lynx est peut-être spécialiste dans la daille aux gros chats sauvages, il n’est quand même pas plus savant que le smartphone de Zed qui annonce formellement pas plus qu’un risque d’orage dans la matinée du dimanche !! Ça tiendra bien la matinée !!

Pasta-party, annonce des résultats de la journée qui déterminent l’ordre de départ du lendemain et présentation des leaders de chaque catégorie, le Vosgien sait faire dans la convivialité ! Anne –Caro est 19 au scratch, Estelle 93… les gros mâles ont le nez dans l’assiette de pâtes !!!!

Alors que nous sommes tranquillement attablés et que nous savourons notre digestion, les deux leaders de la catégorie féminines nous sautent littéralement dessus ! : « Hé les supers beaux mecs, on est excitée comme des puces d’avoir si bien roulé aujourd’hui, ça ne vous dirait pas qu’on aille se dépenser ensemble pour se calmer avant de faire une bonne nuit ?!? ». « !!!! » Zed a immédiatement l’œil qui pétille… le reste frétille mais heureusement grâce à ma sagesse de master, je calme le feu torride de ces godiches !! « Ecoutez les filles, nous sommes un couple avec Zed et notre sponsor, le Pointézie Crew, nous interdit tout écart qui pourrait porter préjudice aux valeurs puritaines du Crew… donc nous voilà vraiment désolés mais vous devrez surmonter votre frustration !! Mais pour vous consoler, je peux vous proposer une petite interview ! ». Les filles : « OK, si l’on n’a que ça à se mettre sous la dent, allons-y ! ».

Anne-Caroline C. et Estelle V. nous parlent de l’EHV (pour de vrai !)

Commençons par le commencement, pourquoi avez-vous répondu présente à l’EHV ?

Estelle : D’abord parce que c’est l’enduro d’Irwego, que ce sont eux qui m’ont fait confiance pour mon retour à la compétition et pour qui je roule désormais. Parce qu’ensuite je suis Vosgienne et que je suis heureuse de montrer comme les Vosges sont belles et top pour rouler et enfin parce qu’il y a Caro !

Caro : Cela fait déjà un moment que Rémy m’avait proposé de venir rouler chez lui sans que l’on puisse accorder nos calendriers, c’est pour cette raison que j’ai mis l’EHV au programme de mes compétitions cette année. Malgré que je ne sois pas très loin des Vosges, je n’avais jamais roulé dans la région et je suis vraiment contente d’être là… et en plus il y a Estelle, donc je suis SUPER contente !

Est-ce que le format de la course vous plait ?

Estelle : C’est l’essence même de la discipline et ça représente bien la pratique du quotidien où il faut avant tout monter pour profiter du plaisir des belles descentes, c’est du vrai vélo.

Caro : Il est vrai que l’on est sur le vélo une grande partie de la journée et malgré que les spéciales soient physiques, on se régale car on passe plus de temps à piloter et à se faire plaisir qu’à pédaler pour pédaler, c’est vraiment plaisant.

Les féminines et l’EHV ?

Caro : Il y a une belle représentation féminine sur l’épreuve avec 11 filles, c’est autant que sur une coupe de France d’enduro. D’un point de vue de l’organisation, c’est une bonne idée d’avoir inséré le bloc des filles dans le premier quart des participants, on a apprécié de pouvoir partager la journée ensemble. En revanche, demain nous allons être réparties suivant le classement scratch et nous aurions aimé pouvoir rouler en bloc, comme aujourd’hui, c’est toujours plus agréable de pouvoir partager la compétition entre filles.

Estelle : Quand j’ai vu la liste des concurrentes et parmi elles certaines que je connaissais par le biais de leurs résultats en compétition, j’ai été assez surprise et j’avais du mal à me situer par rapport à leur niveau ! En tout cas, ça me fait très plaisir de voir un plateau aussi relevé chez les féminines et comme me l’a dit Gwen, cela augure d’une belle bagarre !

Qu’est-ce que vous aimeriez trouver dans les compétitions d’enduro que vous n’ayez jamais fait (un format de spéciale particulier par exemple) ou à défaut, qu’est-ce qui vous plait le plus ?

Estelle : (blanc) … on n’est pas difficile je crois !

Caro : Plus c’est descendant, sans que ce soit forcément engagé, plus je préfère et je n’aime pas qu’il y ait trop de pédalage. Je pense que les courses d’enduro doivent proposer du pilotage à vue où la lecture n’est pas toujours évidente. L’utilisation des pistes permanentes est à proscrire car nous ne sommes plus dans l’esprit de la discipline.

Estelle : Cela serait génial de pouvoir rouler là où personne n’a jamais roulé mais ça reste une utopie ! D’ailleurs si des compétitions s’organisent dans quasiment tous les massifs montagneux de France, c’est parce qu’il y a des pilotes qui roulent les sentiers en permanence pour leur plaisir, il y a donc forcément des gens qui connaissent les spéciales dans les compétitions !

Caro : Pour que l’on soit tous sur un même pied d’égalité, il faut pouvoir reconnaître ne serait-ce que la nature du terrain et pourquoi pas pouvoir rouler sur les chemins sans connaître les parcours de la compétition, car il y aura toujours des concurrents qui auront roulé sur les spéciales, ça permet tout simplement de niveler les écarts. Mais si l’on veut conserver l’état d’esprit enduro, il faut que les reconnaissances soient très cadrées.

Estelle : Je suis d’accord avec Caro en partie car d’un autre côté, ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre de venir les jours précédant la compétition pour rouler. C’est donc là-aussi une source d’inégalité. Je me souviens de la première édition de la Tribe 10000 où personne ne connaissait le terrain, c’était génial. Maintenant, il y a de nombreux pilotes qui connaissent les spéciales des différentes courses, c’est dommage.

Revenons à l’EHV, bilan de l’épreuve sur la journée du samedi…

Estelle et Caro : Les parcours sont vraiment ludiques et le ravito était très bien. On aurait aimé pouvoir trouver des ravitaillements en eau plus fréquemment, surtout avec la chaleur qu’il a fait aujourd’hui ! Sinon, on n’a pas entendu parler de coupes, on apprécie de se passer de ce genre de problèmes et de polémique ! On est là parce que la discipline nous plaît vraiment, c’est comme ça que l’on aime rouler y compris en dehors des compétitions.

Estelle : Comme Caro, je viens de la descente et comme beaucoup de pilotes de DH, je me suis lassée de faire des gros déplacements pour faire deux fois trois minutes de course le dimanche. L’enduro offre un gros cumul de descentes et les journées sont bien remplies.

Caro : La discipline me plaît vraiment mais je regrette parfois le côté trop physique comme cela a pu être le cas sur certaines manches des Enduro Series lors de la journée du dimanche. Le quota de pédalage en montée n’est vraiment pas une nécessité et ne devrait trouver de sens que lorsqu’il permet de rallier une superbe portion descendante, ce qui n’est pas souvent le cas ! Je pense que l’on peut se donner suffisamment avec les relances en descente voire du pédalage sur des portions relativement plates, sans que la montée soit partie intégrante de l’épreuve comme critère de sélection.

Estelle : Des spéciales comme la spéciale 2 aujourd’hui sont physiques parce qu’il y a justement pas mal de relances ou des petites montées qui passent sur la vitesse mais où l’on met toujours quelques coups de pédales et c’est suffisamment physique.

Pour terminer, votre spéciale « coup de cœur » sur cette journée du samedi ?

Estelle : La 2, j’aime bien quand ça va vite, ça sautait et il en fallait peu pour s’y mettre !

Caro : La 4… enfin j’aurais préféré la 3 pour la vitesse, les trajectoires et les petits passages techniques mais… sans le pédalage ! La 4 m’a rappelé la DH à la vieille époque quand les épingles étaient serrées !

Estelle : Tu vois que tu es une vieille !!!!!

Estelle et Caro : Les spectateurs dans la 3, c’était vraiment génial, comme en coupe du Monde, on n’a jamais connu des encouragements de ce niveau dans aucune autre course d’enduro, à part sur la Mégavalanche !

A demain les filles !

Le lynx avait raison !

[dropcap]C[/dropcap]’est par le cliquetis régulier des gouttes d’eau qui viennent s’éclater sur la tente que nous sommes réveillés en ce dimanche matin ! Pas de panique, la paroi de la tente a une fâcheuse tendance à amplifier ce qui ne doit être qu’une petite averse qui aura tout juste humidifié le terrain… ça sent bon le grip et l’attaque ! Skriiiiiiiiitch… on passe le nez dehors… ah ben merde alors ! Ça baigne de partout et les ballons sont dans un brouillard épais… le lynx avait raison !! Bon, connaissant Rémy et Gwen, on se dit qu’ils ne vont pas avoir la sournoiserie de nous faire rouler dans la bouillasse et la pluie toute la matinée, on voit déjà le chocolat et les croissants remplacer les 4 spéciales !! Quand nous arrivons à la station sous les averses plus ou moins continues et soutenues, on ne peut pas dire que ce soit l’effervescence sur l’aire de départ et d’arrivée mais petit à petit, la machine se remet en route. Plus le temps de tergiverser, une croix est définitivement tirée sur les viennoiseries, juste le temps de monter un pneu magique à l’avant, le fameux Specialized Hillbilly de Sam Hill et c’est parti pour les deux-fois-deux-égal-quatre spéciales au total de la matinée ! La liaison de la 1 et la 3 s’avale assez rapidement après avoir emprunté un télésiège qui permet de gagner le plus gros du D+.

Le départ se fait sous une route dans un bois de feuillus et dès les premiers mètres, c’est technique ! Epingle à droite bien serrée avec une jolie pierre en plein milieu, un bout relativement droit avec des pierres à ne pas oublier (sinon les barbelés sont là pour te récupérer !!), il fait bien sombre, c’est gras et les pilotes se massent dans les premiers mètres pour mettre de l’ambiance… Mince alors ! Malgré le temps pourri, on va prendre du plaisir ! Quelques épingles et bouts rapides (mais bien techniques) plus bas, on tombe sur un chemin large qui malgré qu’il faille pédaler, passe rapidement puisqu’il est descendant. Une portion plus plate toujours entre les arbres où les courbes s’élargissent, la sensation de vitesse que l’on perd par la pente qui s’est nettement adoucie est compensé par les courbes qui passent à bloc et en glisse !! Et mer… on va vraiment se régaler !!!! Deuxième portion pédalante, plus physique car plus longue et plate ce coup-ci, on rentre dans la dernière partie de la spéciale qui peut ressembler au bouquet final d’un feu d’artifice ! Passages techniques, racines, cailloux, portions rapides où l’on vole au-dessus des cailloux, relances… le tout sur un single magnifique intégralement dans les bois… c’est pire que l’effet Kiss Cool !!! Petit retour en empruntant la route qui mène à la station… télésiège… et nous voila au départ des spéciales 2 et 4.

On part à bloc sur un chemin large en descente, entrée dans un single bien raide par une épingle très fine à gauche, il y a de la pente, c’est gras avec des racines… whéééééééééé !! Petit replat, on tombe sur une sorte de petit champ à découvert, très court avec plusieurs traces. Ni une ni deux, c’est propre à gauche, je fonce ! Shit ! j’m’a trompé d’erreur, la bonne entrée, c’était à droite car il faut tourner dans le gras avec des racines grasses pour contourner l’arbre qui me tend les branches !!! Ziiiiiiiiiip… belle figure de style sans le vélo… heureusement, il m’a suivi de près !!! Difficile de reprendre le tempo de la descente après la chute car c’est bien raide, bien gras, bien sinueux, bien déversant et très technique puisque ça constitue une jolie performance de passer sur les pédales sans avoir recours à la mythique draisienne si bien maîtrisée par Lolo Meunier ! Boum, pas de répit ! traversée de chemin et ça replonge dans des marches… puis un single pas très pentu avec des jolies pierres bien glissantes… et des passerelles en bois… accessoirement bien verglacées pour quiconque ne les prend pas bien en ligne… et ça va vite en plus !!! Traversée sur un barrage où Gwen te conseille de regarder sur la droite pour admirer la beauté du paysage… je pense à tourner la tête et malgré que ce soit bouché plus haut, l’ambiance sur la retenue mériterait un beau cliché, puis trois épingles sur un terrain un peu moins gras, petite portion pentue de chemin large et bois final, terre grasse, racines, pente, arbres qui se mettent constamment en travers des trajectoires, cailloux glissants, il y a plus d’un passage où l’on retient sa respiration et où il faut vraiment s’appliquer pour ne pas s’ébouser lamentablement devant le public !!! Ceux qui n’ont pas les pneus magiques galèrent vraiment pour rester sur le vélo !!!! Mais qu’est-ce que c’est drôle… qu’est-ce que c’est bon… on voudrait faire ça tous les jours ! Quelques virages sur une pente de piste de ski, on passe la ligne… là aussi c’est grosse banane sur le visage !!!

Pluie continue sur la matinée + terrain difficile et piégeux = du changement dans le classement !

Pour ma part, j’ai la chance de passer au travers des difficultés et profitant de quelques abandons, j’ai le plaisir de terminer 12 au scratch et 1er master devant Mathias Holveck qui ne lâche rien jusqu’à la dernière spéciale pour me mener la vie dure !!

Bilan

[dropcap]T[/dropcap]out comme l’Endur’Haut Languedoc et l’Open Enduro de Métabief, l’EHV est l’épreuve à ne pas manquer. Les spéciales changent chaque année et les organisateurs se creusent la tête pour amener des nouveautés. Tout au long du week-end, on a croisé Rémy au guidon de sa KTM et Gwen aux arrivées qui prennent constamment la température auprès des pilotes et se soucient vraiment du degré de satisfaction des concurrents. Merci à vous, votre épreuve est une réussite et je ne veux surtout pas oublier de féliciter et remercier tous les bénévoles qui vous épaulent et qui, malgré la pluie du dimanche, sont toujours restés très disponibles et très chaleureux (c’est certainement le tempérament Vosgien !). Vivement la prochaine édition !

Le dernier mot… pour te dire que si tu as loupé les rendez-vous cités précédemment, il te reste l’Enduro des Portes du Mercantour dans le fief d’Olivier Giordanengo… c’est terriblement terrible… à ne manquer sous aucun prétexte !

Chalut !