Le guide de l’enduriste globe-trotteur – Partie 2

Suite et fin

Si vous avez manqué le premier épisode : Le guide de l’enduriste globe-trotteur – Partie 1

[dropcap]N[/dropcap]ous sommes début mars, les jours s’allongent et l’appel des trips VTT devient de plus en plus fort. Même si elles sont encore loin, les plus grandes aventures doivent être planifiées. Pour la cueillette des trucs et astuces, nous avons demandé conseil à quelqu’un qui collectionne les miles aériens, comme d’autres collectionnent des figurines. Tobias Woggon, enduriste allemand professionnel, consacre la moitié de sa vie à barouder et a acquis beaucoup d’expérience dans l’art de faire des économies, mais aussi dans l’art d’en perdre. Espérons que ce qui suit vous évitera de faire les mêmes erreurs. Nous conseillons cet article à tous ceux qui veulent organiser un trip VTT. Cet article vous semblera peut-être un peu long à première vue, mais chaque partie contient des conseils bien utiles pour les novices…

Texte : Tobias Woggon # Photos : Manfred Stromberg

Voyager en voiture

[dropcap]C[/dropcap]eux qui peuvent voyager avec leur propre véhicule ont l’avantage de pouvoir embarquer plus de 20 kg de bagages avec eux et ainsi emmener tous les trucs qu’il estiment avoir besoin. Roues et pneus devraient toujours faire parti de l’équipement. Selon votre destination, vous allez avoir besoin de beaucoup de choses et sachez d’avance que tout n’est pas aussi « donné » qu’à Decathlon. Des câbles de dérailleurs, un bon outil multifonction et une boîte de  différentes vis sont nécessaires. Celui qui a déjà fait la Megavalanche sait que la poussière peut bloquer les joints de suspension, emmenez donc suffisamment de lubrifiant. Il est également nécessaire de prendre avec vous : patte de dérailleur, rayons, plaquettes de frein, colliers de serrage, etc…

Les assurances

[dropcap]C[/dropcap]haque assurance automobile peut vous fournir une carte internationale d’assurance si vous le lui demandez. Et vous avez intérêt à le faire ! Lors de notre dernier trip au Monténégro, nous avons dû payer 140 €, et encore, on a dû faire preuve d’une grande force de persuasion parce qu’on avait pas le « sésame magique ». Concernant l’assurance de la personne, je vous conseille de bien lire les contrats. Il faut vérifier qu’il y ait tout dedans : la recherche, le secours, le transport jusqu’à l’hôpital (hélico et ambulance), analyses et examens complémentaires, hospitalisation, traitement médical, rapatriement. Pensez également au remboursement des frais d’annulation de séjour. Toutes les lignes du contrat ont une limite de somme d’argent. Faites attention, un transport en hélico vers l’hôpital le plus proche, alors que vous êtes dans la pampa, ça peut vite chiffrer… Tout comme d’ailleurs une hospitalisation de plusieurs semaines si vous devez vous faire opérer sur place. Enfin, certaines assurances exigent d’être avertie d’un accident et des dépenses éventuelles avant toute action, prévenez-les le plus tôt possible.

Carburant, garages et douaniers

Il est toujours plus durable de s’acquitter d’une amende que d’essayer de passer en douce

[dropcap]T[/dropcap]ous les garages dans le monde ne sont pas comme votre sympathique (ou pas !) garagiste local. Dans la plupart des pays visités, ils ont tendance à bâcler le boulot. Si c’est possible, restez présents pendant toute la durée de la révision et regardez tout ce qu’ils font à votre véhicule. Très important, demandez toujours à avoir un devis, puis une facture et la restitution de toutes les pièces qui ont été changées. Pour le carburant, vous devez être prudents, la composition est souvent bien différente d’une station à l’autre et du mauvais carburant n’est pas bon pour le « moral » de la voiture. Si vous n’êtes pas sûr, prenez une station d’une enseigne connue. C’est plus coûteux mais au moins c’est plus sûr. Lorsque vous passez une frontière, veillez à toujours avec les papiers nécessaires et en règle. Il est toujours plus durable de s’acquitter d’une amende que d’essayer de passer en douce. Les ennuis (petits et grands) finissent souvent par vous rattrapper. Autre chose importante, ne plaisantez jamais avec l’autorité publique dans un autre pays car cela peut vraiment mal finir. Mieux vaut payer l’amende, obtenir un bon et si vous êtes dans votre bon droit, vous rapprochez d’une association de protections des consommateurs qui peut le cas échéant intenter une action pour vous faire rembourser.

Bien camper

[dropcap]L[/dropcap]e camping sauvage c’est super mais malheureusement vous n’êtes pas autorisés à le faire partout. En Allemagne par exemple, vous pouvez vous poser partout pour un maximum de trois jours. Mais vous n’êtes pas autorisés à poser une tente ou à allumer d’un feu. Dans d’autres pays c’est bien différent. En Suisse par exemple, vous ne pouvez séjourner que dans des lieux dédiés, la loi est très stricte et cela peut vous coûter très cher si vous ne la respectez pas. En Norvège, vous pouvez camper partout dans les rues mais vous n’êtes pas autorisés à sortir des « sentiers battus », il est interdit de s’aventurer sur une piste. En Ecosse c’est très différent, vous pouvez rester là où vous le souhaitez, planter votre tente et allumer un feu. Vraiment génial !

Si vous arrivez à maquiller correctement votre voiture, voyager et dormir dans celle-ci est la meilleure option. Il faut pour cela teinter vos vitres de sorte que personne ne puisse regarder à l’intérieur. N’utilisez cependant jamais du papier-alu pour cela, sinon vous n’auriez plus qu’à écrire « je dors dans ma voiture » sur une pancarte. Tout doit être fait comme s’il s’agissait d’une voiture normale. Pas de boîtes ou d’autres objets à la place du conducteur. Rien ne doit être déballé avant de se coucher : sac de couchage, le carré mat, la trousse de toilette et brosse à dents.

La nourriture

[dropcap]N[/dropcap]’ayez pas peur des spécialités locales ! En voyage, ça ne sera pasentrecôte/frite tous les jours. Mais il est toujours utile de savoir ce que vous mangez… A Izmir j’ai mangé du « Kokoridge », c’était bien bon et j’en ai mangé pas mal de fois, mais j’ai découvert plus tard que c’était de l’intestin. Ce n’est pas si grave, la plupart des saucisses sont enveloppées dedans, mais ça fait pas le même effet quand vous le découvrez plus tard. Quand je recherche un restaurant, je me promène aux alentours et je repère. Le mieux est d’observer les gens du coin, là où ils vont c’est bon la plupart du temps. Ne jamais juger un livre à sa couverture ! Là où il y a de beaux meubles, les menus avec de grandes photos, vous allez souvent payer beaucoup plus cher. À La Palma, par exemple, vous obtiendrez la meilleure nourriture dans les stations-services. Partout les chauffeurs de taxi et les ouvriers sont assis dans les stations-services, ils savent ce qui est bon.

Cependant, gare aux intoxications alimentaires… J’en ai attrapé une en Turquie à l’automne dernier. Nous avons été dans un magasin où le congélateur ne fonctionnait pas correctement. Pour garder la viande fraîche, ils la mettaient au soleil, ce qui ne semble pas être une très bonne méthode ! Dans les pays étrangers, vous pouvez l’attraper facilement, vous devez donc vous préparer une bonne trousse à pharmacie avant de partir (demandez conseil à votre médecin, il vous fera une liste précise et complète). Avant d’en arriver là, vous pouvez aussi prévenir le mal avec une règle simple : ne pas boire l’eau du robinet ! Il n’y a que dans quelques pays que vous pouvez boire en toute sécurité l’eau du robinet. Il est toujours préférable d’acheter les grandes fontaines d’eau dans un supermarché.

La préparation

N’oubliez jamais qu’il n’y a pas de mauvais temps, mais seulement des mauvais vêtements

[dropcap]I[/dropcap]l vous faut trouver des vols pas chers ! L’année dernière je suis allé à La Réunion, à La Palma, au Canada, en Turquie et La Palma à nouveau, j’ai donc usé et abusé des moteurs de recherche spécialisés. C’est un très bon moyen pour ne pas se ruiner en billet d’avion. Ensuite, vous pouvez regarder du côté des compagnies aériennes, dans les formulaires de réservation en ligne il y a parfois des informations pour les vols à prix réduits. Une fois le billet bloqué, allez dans une boutique de produits outdoor, prenez un bon guide de voyage, un guide pour la randonnée et une carte. Avec ça vous êtes déjà parés. Faites attention à bien vous faire conseiller dans ces magasins, vous pouvez aussi bien tomber sur un vrai globetrotter que sur un vendeur qui pense que le camping en Ecosse au mois de Novembre n’est pas du tout un problème . Alors que c’est foutrement froid là-haut ! Écoutez votre voix intérieure et réfléchissez à ce que vous êtes prêts à endurer. Enfin, dans vos préparatifs, n’oubliez jamais qu’il n’y a pas de mauvais temps, mais seulement des mauvais vêtements.

Attention à ce que vous mettez dans votre trousse à pharmacie ! A la frontière du Monténégro, on nous a fouillé toute la voiture en raison de la crainte de traffic de drogue. En l’occurrence, des petites pilules blanches de Traumeel (anti-inflammatoire) enveloppées dans un étui à lunettes et bien je peux vous dire que c’est pas du tout une bonne idée. Toujours prendre les comprimés, avec l’ordonnance du médecin, l’emballage d’origine et le papier décrivant la prescription et les contre-indications pour éviter les malentendus.

Enfin, n’oubliez jamais que dans l’histoire de l’humanité, il y a eu trois grandes inventions : la machine à vapeur, l’ampoule électrique et les colliers de serrage ! Donc un ou deux colliers Rilsan dans votre sac combinés à une touche de MacGyver et vous pourrez réparer à peu près tout. L’imagination est la clé !

Les conseils sur place

[dropcap]A[/dropcap]vant tout, il faut se sociabiliser pour obtenir des informations ! Dites-vous bien que la plupart des gens apprécieront votre démarche ou en seront au moins curieux. Si quelqu’un se plaint, c’est certainement un touriste allemand ou français. Un jour on a repéré un wallride sur un toit au Monténégro et tout à coup le propriétaire surgit à côté de nous… Mais au lieu de nous chasser, il a planté un morceau de bois dans la terre pour nous faciliter l’approche ! C’était incroyable ! Le propriétaire de la cabane nous a lui-même aidé, juste pour qu’on ait une meilleure trajectoire.

Il faut toujours essayer d’aider les gens que vous croiserez, même si vous ne parlez pas leur langue. Même les personnes qui prennent un air sombre sont souvent très agréables. La plupart du temps ils vous raconteront les meilleures anecdotes et vous inviteront à manger une glace. Globalement, pour éviter les problèmes il faut toujours respecter les règles et les traditions d’un pays. Surtout en ce qui concerne les vêtements et la religion. Un bon guide peut bien vous renseigner là-dessus.

Vouloir dormir dans un lit au bout de quelques nuits passées dans la voiture est légitime. Mais faites attention aux appellations, ce que l’on appelle « pension » en Allemagne est appelé B & B en Angleterre. Sinon un bon moyen pour obtenir un lit de dernière minute est de demander à des employés au supermarché ou dans les commerces, ils savent souvent qui loue quelque chose.

Au bout d’un moment la douche peut aussi devenir un sujet de préoccupation. Bien sûr, vous pouvez rester dans un terrain de camping pendant un certain temps, mais cela peut vite devenir coûteux. Cherchez alors une piscine ou un sauna. Personnellement, si je n’arrive pas à en trouver, je vais dans un port. En effet, dans chaque port, il y a des douches disponibles contre une petite somme d’argent. Des Alpes à un port, le chemin est un peu long je vous l’accorde, mais il y a encore une autre possibilité. C’est de chercher un centre d’entraînement (terrain d’athlétisme, centre sportif…) avec du monde. Si vous demandez gentiment, et si vous êtes un peu chanceux vous pourrez prendre une douche gratuite. La dernière solution, gratuite et rafraîchissante est la douche dans un ruisseau.

Pour votre connexion internet, plusieurs solutions s’offrent à vous. La plupart des gens se déplacent avec leur smartphone, il existe des options qui vous permettent de vous connecter à l’étranger, idem pour une clé 3G, mais faites bien gaffe à suivre votre consommation, cela peut vite grimper. Souvent dans les McDonalds, les Starbucks et autres cafés ont un accès à internet gratuit. Même les réseaux privés ne sont pas toujours très bien sécurisés. Skype propose également un service avec lequel vous pouvez accéder à de nombreuses bornes Wi-Fi avec vos crédits. Astuce : vous n’avez pas nécessairement besoin d’un smartphone pour vous connecter en WiFi. Pensez aux consoles de jeux portables ! Via Internet, vous pouvez organiser beaucoup de choses tout en étant en déplacement : vols, hébergements, réservation à une compétition…

Sur place il n’est pas toujours facile de trouver des pièces de rechange pour votre vélo, et ce sera surtout en fonction de la marque. Moi qui roule sur BMC, j’admets que ce n’est pas la marque la plus facile pour trouver des pièces de rechange. C’est certain qu’avec des vélos comme Specialized, Trek ou Cannondale, vous pouvez obtenir des pièces détachées un peu partout dans le monde. Pour les autres marques, de petites choses comme des pattes de dérailleur doivent être emmenées avec vous.

Enfin, il y a des choses à éviter. Comme les «No Go Zones », ces zones que vous devriez strictement éviter. Cela peut même être tout proche d’un lieu de shopping, lisez bien les guides de voyage, ils sont de bon conseil à ce sujet. Ou par exemple dans certains bidonvilles en Afrique du Sud, il ne vous est pas bien conseillé de vous y rendre si vous avez la peau blanche ; compréhensible si vous songez à l’histoire du pays. Se mélanger à une fête de mariage dans un pub anglais peut avoir l’air sympa au premier abord ! N’oubliez jamais que l’alcool change les gens et leurs réactions, en tant qu’étranger dans un pays cela peut vite déraper. Retenez aussi que tous les guides ne sont pas bons. Parfois ils ne comprennent pas ce que nous recherchons dans un trip. Nous avions demandé à Martin, rider et proprio d’un magasin de vélos, pour nous nous conseiller des sentiers. Le résultat a été trois jours complets d’asphalte et de galets ! Sa définition du concept d’Enduro ne pouvait pas être plus différente de la notre. En fin de compte, nous le reconnaissons, nous avons juste demandé à la mauvaise personne, c’est notre faute.

Pour conclure

Nous en avons terminé avec la théorie et bien sûr nous n’avons pas aborder tous les aspects du voyage à vélo. J’espère que vous penserez à ce mini-guide dans vos prochaines aventures à l’étranger. Aller, partez voyager ! Enfin, une devise : « l’attente appartient au voyage comme les chutes au VTT, mais cela en vaut la peine ! »

 

Rédacteur en Chef
  1. déja le premier donnait franchement envie de partir mais alors la , j’ai juste en vie de remplir ma valise … parfait les gars

    ps: est ce que quelqu’un sait quelle est la marque de l’ensemble jaune sur la photo du wall ride. je recherche désespérément un ensemble de cette couleur

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