Essai de l’Orange Five Pro 2011

Texte : Greg Noce # Photos et vidéo : Quentin Chevat

Le zeste All Mountain

[dropcap]M[/dropcap]arque emblématique d’Outre-Manche, Orange propose une foultitude de vélos adaptés à la pratique All Mountain et Enduro dans son catalogue. L’Alpine 160 pour une pratique plus engagée et le Five destiné à de jolies ballades montagneuses mais qui, selon son montage, pourra aussi s’aligner sur des rallyes régionaux par exemple. Le vélo que nous avons testé pour vous est le Five Pro avec un niveau d’équipement intermédiaire dans les modèles de Five disponibles. C’est avec beaucoup d’impatience, de curiosité et d’envie que j’aborde ce test, ayant notamment en mémoire les exploits de Théo Galy à son guidon durant ces 2 dernières années…

Revue d’effectif

Malgré les apparences, le Five a su évoluer au fil du temps

[dropcap]C[/dropcap]ommençons la petite présentation par ce qui fait la renommée de la marque : ses cadres. Ils sont entièrement fabriqués à la main (depuis 22 ans déjà !) à Halifax, petite bourgade au nord-est de Manchester. La particularité du Five est de demeurer fidèle « in fine » à sa fameuse suspension mono pivot et à sa suspension en directe sans biellette, basculeur ou autres fioritures. D’aucuns pourront considérer cela comme rétrograde mais le choix de ne pas modifier chaque année un système éprouvé et propre à la marque apparaît à fortiori comme un argument de qualité infaillible. La suspension offre donc 140 mm de course gérée par le Fox RP23 (gros volume). Malgré les apparences, le Five a su évoluer au fil du temps avec aujourd’hui une douille conique, un top tube hyper sloping, des pattes de fixation ISCG et des fixations prévues pour le montage d’une tige de selle télescopique entre autres.

Parlons peu, parlons « specs » ; le montage proposé ici a une forte connotation All Mountain. En effet, le triple plateau et la tige de selle non télescopique lui confèrent un petit côté XC. Le Five Pro reçoit ainsi une transmission 3X9 Shimano SLX avec, malgré tout, dérailleur arrière XT. A contrario, une série d’accessoires un peu « cheap » comme l’ensemble tige de selle (Race Face XC), selle (SDG), potence (Orange) et cintre (Supercross plus) viennent sensiblement ternir le tableau.

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[tabs tab1= »Fiche technique » tab2= »Géométrie » tab3= »Infos et tarif »]

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Cadre : Monocoque/6061-T6 OS Reynolds Custom Butted Alu
Amortisseur : Fox Evolution RL
Fourche : Fox 32 Float Performance RL FIT 140 conique
Dérailleur Av. : Shimano SLX
Dérailleur Arr. : Shimano XT Shadow RDM780 10v
Shifters : Shimano SLX R Fire +
Pédalier : Race Face Evolve XC 10v Turbine
Cassette : Shimano HG62-10
Freins : Hope Tech X2 183/160
Roues : Hope Pro II Evo-Mavic XM317
Pneus : Maxxis Advantage 2.25
Jeu de direction : Cane Creek 5 Zero Stack conique
Potence : Orange Stalk +
Tige de selle : Race Face Ride XC
Selle : SDG Bel Air
Cintre : Supercross +
Boitier de pédalier : Race Face X Type
Couleur : Electric blue

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Taille de cadre : 18″

Angle de chasse : 67°
Angle de tube de selle : 73°
Longueur du top tube : 602 mm
Hauteur du boitier : 335 mm
Longueur des bases : 425 mm
Hauteur de douille : 130 mm
Empattement : 1140 mm

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Distributeur exclusif en France :
ProBikeShop
Tél : 0805 69 00 67
www.probikeshop.fr

ProBikeShop distribue l’ensemble de la gamme et de l’offre Orange Bikes (programme de personnalisation compris).

Tarif :
A partir de 1799,90 euros en kit cadre
Five Pro complet : 3390 euros

Poids :
Five Pro complet : 13 kg
Kit cadre : 3,020 kg

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La fourche Fox FLOAT 32 RL en axe de 15 mm est, elle, en parfaite harmonie avec la suspension arrière. Côté roues, du très fiable avec des cercles Mavic 317 montés sur des moyeux Hope Pro 2 aux jolis cliquetis. Dernière « English touch » les freins Hope Tech 2 viennent parachever le montage en 183 mm devant et 160 mm derrière.

Direction les singles

S’en suivront quelques kilomètres de trails bien accidentés le long des crêtes pour, ensuite, dévaler les mille mètres de négatifs

[dropcap]A[/dropcap]près un lever dès potron-minet, direction donc les Aiguilles de Baulmes (Suisse) pour mettre à mal l’Orange Five. Notre terrain de jeu s’avère très varié et forcément très montagneux, avec une première longue ascension sur route puis sur une piste large de plus en plus raide pour terminer en son sommet par un sentier en alpage très technique. S’en suivront quelques kilomètres de trails bien accidentés le long des crêtes pour, ensuite, dévaler les mille mètres de négatifs jusqu’à Baulme. Les premiers réglages des suspensions nécessitent un peu de temps, notamment pour l’arrière. Un réglage à 25% de SAG donne une très nette sensation de dureté sur les premiers centimètres de course (en statique) mais se révèle parfait pour la « grimpette » qui s’annonce. Je prends également le parti d’élargir le cintre en écartant les poignets car celui-ci est assez étroit d’origine. Lors de la longue ascension, je me rends compte que le Five pédale plutôt pas mal et que la molette de Propedal est vraiment efficace avec cette suspension en « direct ». En effet, sur les parties très roulantes il n’y a plus aucun pompage et, même en accélérant fort en danseuse, rien ne bouge. La position générale est bonne et on se sent à l’aise rapidement.

Le Five dispose d’une géométrie « saine » sans point faible, ce qui vous autorise à prendre confiance promptement en le pilotant. Attention cependant à bien choisir sa taille de cadre car, avec un top tube très sloping, la sortie de selle devient vite impressionnante. Donc pour ceux qui ont l’entrejambe d’Adriana Karembeu, ne vous fourvoyez pas en prenant un cadre trop petit ! Dans les parties les plus raides, le vélo ne cabre pas, on reste compact dessus et on retransmet parfaitement la puissance sur la roue arrière. C’est plutôt sur les parties montantes techniques qu’il faut rapidement déverrouiller le Propedal, sous peine de manquer cruellement de grip. Dans ce cas de figure, j’ai même trouvé un manque de sensibilité sur l’amortisseur (avec 25% de SAG) et, du coup, une adhérence précaire là où on serait en droit d’attendre un certain confort pour escalader racines et marches.

Les premiers mètres de la descente sont assez lents et plutôt engagés, le Five est très maniable et précis. Le bras arrière façon « banane » s’avère rigide, on arrive à le placer, alléger l’arrière, « bunny uper » facilement et le vélo réagit au quart de tour. La Fox 32 encaisse parfaitement les petits et gros chocs et rassure notre pilotage.

C’est dans la seconde partie de la descente que je décèle les premières failles dans le comportement de l’Orange. Le sentier devient plus rapide par endroits avec de longues sections en alpages où l’on prend un maximum de vitesse pour rentrer « full speed » dans les sous-bois défoncés. On se retrouve secoué comme un prunier et le vélo tend à vite s’arrêter dans les cailloux et racines. C’est au terme du deuxième passage que je décide de revoir mon réglage de suspension arrière, passant de 25% à un peu plus de 30%. En statique, ça change la donne car je retrouve déjà plus de sensibilité et je l’espère, plus de confort en pratique. Pour les besoins de la vidéo, je refais plusieurs fois le passage dans l’idée de ressortir du pierrier aussi vite que j’y suis rentré. Je sens un léger mieux au niveau de la suspension arrière mais j’arrive désormais vite au fond. Je baisse un peu la pression dans les Maxxis Advantage, passant de 2 bars à 1,8 bars mais LA sentence tombe rapidement avec une double crevaison !!

La suspension en « direct » est plus sensible au réglage et il est difficile de trouver un équilibre avec la Fox 32. En outre, à grande vitesse, la sensation de confort se raréfie pour, notamment, laisser place à une impression de dureté sur la roue arrière. Dans le registre des points gênants et non des moindres, dès que le terrain devient accidenté on déraille sans cesse. Le montage en triple est inapproprié pour une pratique montagneuse, au point même de gâcher la sortie tant cela est récurrent. Autre caractéristique délicate, la tige de selle télescopique qui manque cruellement. On prend vite l’habitude de jouer avec sa hauteur au gré des difficultés. J’ai dû trouver un compromis pédalage / descente qui est moyen partout.

La bonne nouvelle c’est qu’il est possible de commander la Rock Shox Reverb en « upgradant » à sa guise (et surtout selon son… portefeuille) le Five. Pour finir sur une bonne note, les freins Hope qui, après un temps de rodage, se sont avérés très progressifs et puissants. On peut ajuster la garde et l’attaque très facilement avec des réglages sur le levier.

Conclusion

[dropcap]L[/dropcap]e Five est donc un vrai vélo All Mountain, qui ravira tous ceux qui ne veulent pas le même « bike » que tout le monde. Facile à prendre en main, simple d’entretien (on démonte l’amortisseur en 30 secondes !) et doté de soudures artisanales de toute beauté ! Néanmoins pour une utilisation plus engagée, il vous faudra changer pléthore d’éléments et choisir un cintre plus large, une tige de selle télescopique, un pédalier en double avec bash et roulette notamment. Tout cela est possible grâce au système que propose Orange pour « upgrader » votre Five au gré duquel vous pouvez quasiment tout changer sauf le châssis ! Pour ce faire, il vous faudra tout de même rajouter quelques centaines d’euros… Et puisqu’on en est à parler de prix, l’Orange Five Pro atteint quand même les 3390 euros dans la version testée !! A ce prix là on pourrait avoir le coup de guidon de Théo non ?

Notre clip vidéo

Les images qui bougent pour vous donnez un aperçu des conditions de test…

Portfolio