Texte : Quentin Chevat # Photos : Quentin Chevat & UCC / C. Charpin
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Le touche-à-tout
C’est à Longchaumois dans son Jura natal que nous avons fait plus ample connaissance avec François Bailly-Maitre fraîchement consacré pour sa polyvalence, et ce, pour la seconde année consécutive, sur la mythique Transvésubienne. Rencontre avec un pilote hors-norme, sympathique et accessible, qui compte bien jouer les trublions cette saison en Enduro…
Enduro Tribe : Racontes-nous tes débuts à VTT…
François Bailly-Maître : J’ai attaqué le VTT avec ma prof’ de sport en 5 ème, elle était au club avec Fofo (ndlr : Michel Forestier). J’ai commencé par les rencontres UNSS puis cela m’a bien plu, du coup j’allais au club tous les mercredis. J’ai fait ensuite quelques courses régionales puis j’ai commencé à faire des TRJV où j’en chiais pas mal en Trial. Je n’étais pas mauvais en DH, sûrement grâce à mon passé en Ski Alpin (pour la vitesse et les trajectoires) que je pratiquais depuis un moment déjà. En XC, cela allait de mieux en mieux, je m’entraînais de plus en plus et j’ai commencé à rouler un peu tout seul en plus du mercredi au club. à partir de là j’étais lancé !
E.T. : Et tes études dans tout ça ?
F.B.M. : J’en ai toujours fait en parallèle du sport. Le seul sport/étude que j’ai fait c’était au collège (en Ski Alpin aux Rousses). Et après j’ai toujours suivi une filière normale. Bac S puis prépa Bio à Dijon où j’ai pas du tout adhéré à l’ambiance de travail donc je n’y ai fait qu’un an. Ensuite Fac à Chambéry pour une formation des Métiers de la Montagne. Maintenant j’ai un Master 2 en Environnement.
E.T. : À quel moment as-tu intégré une équipe pro en VTT ?
F.B.M. : J’ai toujours été au même club, le VTT Massif Jura où « Fofo » m’a fait découvrir la discipline. Il m’a pas mal aidé au début, notamment en me prêtant un vélo. Ensuite en 2005, j’ai intégré le Team Scott France où je suis resté depuis.
E.T. : Quel est ton activité professionnelle ?
F.B.M. : Maintenant je travaille au Parc Naturel Régional du Haut-Jura, je suis chargé de mission Natura 2000. On s’occupe de monter les contrats de gestion pour le milieu naturel. J’avais fait mes stages dans l’aménagement pour VTT (notamment avec Yannick et Yohann de Bike Solutions) mais les débouchés étaient trop limités. J’ai eu une opportunité ici, et comme cela me plaisait aussi beaucoup, j’ai foncé.
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Deuxième partie
E.T. : Quels sont tes objectifs cette année ?
F.B.M. : Il y avait la Transvésubienne, cette année c’était vraiment un objectif important pour moi, je voulais la regagner. Après il y a la Mega de l’Alpe, mais j’y vais plus pour découvrir. Je ne l’ai jamais faite, j’ai hâte de voir ce que cela va donner sur le glacier ! Sinon il y a les Coupes de France où je vise dans les 10 mais c’est pas évident, j’ai moins le temps de m’entraîner. Je ne fais pas de Coupe du Monde cette année, j’en ai un peu marre de ces circuits et avec le niveau qu’il y a maintenant tu te retrouves vite 60 ème, j’ai du mal à y prendre du plaisir. Faut dire aussi que je suis un « touche-à-tout » en sport. J’adore par exemple me faire des sorties canyoning entre potes, se tirer la bourre en enduro VTT… Ce n’est pas vraiment compatible avec un entraînement rigoureux pour viser les avant-postes en XC.
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E.T. : Comment as-tu vécu ta Transvésubienne cette année ?
F.B.M. : Le début s’est super bien passé, on était deux/trois, je n’ai eu aucune crevaison, aucun ennui mécanique. Je ne suis pas parti trop vite, je commence à bien connaître cette course et il ne faut pas s’enflammer au début. Dès la première descente je me suis retrouvé devant, après j’ai essayé de gérer mon effort, de continuer à prendre de l’avance. Je sentais que cela commençait à être un peu plus dur et tu ne sais jamais où en sont les autres derrière, donc j’ai continué à bloc. Je n’étais pas loin de l’arrivée, il ne me restait que le Mont Chauve à monter puis redescendre et là je me suis paumé ! J’ai pris un chemin à droite alors que je n’aurai pas dû et j’ai perdu au moins 10 minutes, je suis reparti derrière Arnaud Grosjean, à 30 secondes. Il m’a attendu pour la montée. Je l’ai lâché dans la dernière partie descendante pour finalement m’imposer. Cette année c’était encore plus dur avec beaucoup de portage, une montée en plus…
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Cette année c’était encore plus dur avec beaucoup de portage, une montée en plus…
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E.T. : C’est probablement l’une de tes plus belles victoires, non ?
F.B.M. : C’est une victoire que tu ne peux pas savourer quand tu arrives parce que t’es trop cramé ! Mais oui c’est l’une des plus belles, parce que c’est signe que tu es polyvalent (la course se gagne autant en descente qu’en montée) et puis on dit que c’est l’une des courses les plus dures au Monde donc c’est encore plus de satisfaction de la gagner.
E.T. : On t’a vu sur quelques courses d’Enduro (Bike & Beaufortain, MéTaBief Open Enduro…), c’est quelque chose qui t’intéresse de plus en plus ?
F.B.M. : Oui j’adore, je vais en faire de plus en plus. J’ai prévu d’aller aux Gets (résultats à retrouver dans ce magazine) pour les Enduro Series, je fais aussi la Mavic Free Trail aux 2 Alpes depuis quelques années. Ce sont des courses qui m’apportent beaucoup de plaisir parce que tu roules en montagne sur des beaux singles. A priori je voyais le format Enduro plus descendant que ça, finalement ce n’est pas plus mal pour moi ! Cette saison il y aura aussi un vrai titre FFC à la clé. C’est intéressant pour le palmarès mais j’espère que le charme de la discipline ne disparaitra pas avec un cahier des charges trop imposant.
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E.T. : Ton sponsor Scott a lancé l’an passé le Scale 29 pouces et vient, il y a quelques jours à peine, de dévoiler un Spark 29’’. Que penses-tu du VTT 29 pouces ?
F.B.M. : En Cross, pour du marathon genre le Roc, je pense que c’est super bien. Tant pour le franchissement que la stabilité. Pour les montées raides, c’est un peu plus dur, il faut plus se pencher en avant pour garder l’adhérence. En Enduro, je ne sais pas, je n’y vois que peu d’intérêt sauf sur certains parcours très spécifiques.
E.T. : Toi qui n’étais pas un habitué des vélos d’Enduro, comment as-tu vécu le passage au guidon d’un Genius LT ?
F.B.M. : Très bien ! La première fois que j’ai roulé avec c’était aux Saisies l’année dernière, c’était du pur bonheur… Selon moi, le Genius normal est plus un bon compromis pour le Cross-country/Marathon, le LT est un pur vélo d’Enduro.
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Troisième partie
E.T. : Parles-nous de ton partenariat avec les Saisies…
F.B.M. : Je suis ambassadeur pour les Saisies. J’interviens sur l’image, je représente la station pour le VTT. Pour l’hiver leurs ambassadeurs c’est Franck Picard et Raphaël Poiret, l’été ils ont un autre ambassadeur en Trail. Là-bas tu peux aussi bien faire de la route (avec des gros cols), du cross-country, de l’enduro et des pistes permanentes bien aménagées, accessibles au plus grand nombre. C’est le type d’aménagement que je défends, ouvrir le VTT à tous. C’est justement un peu ce que je reproche à la station de Métabief, d’être trop sélective.
E.T. : Peux-tu nous en dire plus sur ton projet de Bike Park à Longchaumois ?
F.B.M. : À force de me déplacer un peu partout dans le monde j’ai vu des trucs vachement sympas. J’ai donc eu l’idée de faire un Bike Park dans mon village. Je suis allé voir la mairie pour leur présenter le projet. Tous les terrains étaient privés donc j’ai dû commencer par contacter et convaincre les propriétaires de nous donner les autorisations de passage et d’aménagement. On cherchait à faire quelque chose de gratuit, ludique, facile, accessible à tous, où les gens n’ont pas besoin de se prendre la tête pour savoir où aller. Ca change des chemins balisés FFC qui à mon goût, représentent le VTT d’il y a 20 ans. A ce jour, c’est la commune de Longchaumois qui a entièrement financé le projet mais Julbo (entreprise locale) étudie elle aussi une forme de parrainage.
E.T. : Comment vois-tu ta carrière dans le VTT à moyen terme ?
F.B.M. : Je ne me projette pas trop là-dessus. Je suis mon petit bonhomme de chemin comme je l’ai toujours fait. Et puis il faut que je vois combien de temps je peux tenir à faire du vélo et travailler. En tout cas j’aimerai bien me mettre sérieusement à l’Enduro, pour voir ce que je donnerai et pourquoi pas essayer de gagner une Megavalanche…
E.T. : Te vois-tu travailler dans le vélo ?
F.B.M. : Pourquoi pas, j’aime tellement ça. En tout cas aujourd’hui ce que je fais me plait donc je n’ai pas de raison d’aller voir ailleurs. Si un jour mon expérience dans l’environnement peut servir au cycle, ce serait génial.
E.T. : Pour terminer, que penses-tu du groupe sur Facebook : « Pour la fin du Monde en 2012 je pars dans le Jura, ils ont 50 ans de retard » ?
F.B.M : (Rires) Je suis un bon chauvin donc pour moi, non, on n’a pas 50 ans de retard ! On a tout : l’électricité, l’eau potable, l’ADSL (pas partout, certes), des aéroports internationaux à moins de 50 kilomètres, un cadre de vie exceptionnel… Après je conçois que certains n’ai pas envie d’habiter ici mais comme je ne voudrais pas non plus vivre ailleurs, tout le monde est content.
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CV
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Né le : 19/10/85.
Habite à : Longchaumois (39).
Job : Chargé de mission Natura 2000.
Sponsors : Scott Les Saisies, Julbo, Time, Power Bar, Hutchinson, Sram, Sixs2.
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Palmarès : Champion de France XC Espoir 2005, double vainqueur de l’Extrême sur Lou et de La Forestière, 2ème de la Megavalanche de La Réunion 2009, 3ème du général de la Coupe de France XC 2010, double vainqueur de la Transvésubienne (2010-2011).
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