Essai du Trek Remedy 9.8 carbone 2011

Texte et photos : Quentin Chevat # Merci à Théo Galy (Probikeshop) pour la séance photos

L’antidote

[dropcap]P[/dropcap]our le millésime estampillé 2011, Trek a apporté quelques améliorations et de nouvelles technologies à son modèle Remedy. Histoire de se faire notre propre opinion, nous avons essayé le modèle carbone milieu de gamme nommé 9.8. Comme son nom le présage, le Remedy va s’avérer être un véritable « couteau suisse (américain) », l’antidote pour pilote en mal de polyvalence et d’échappées montagnardes… Nous ne sommes pas partis du Roc d’Azur les mains vides puisque nous avons pu emprunter à Trek pour un bon mois un de ses derniers joujoux : un Remedy 9.8 en carbone. Notre vélo constitue le milieu de gamme des Remedys carbone. Ce vélo, en statique, avec ses tubes de gros diamètres et ses bases asymétriques, en jette !

C’est une question de goût mais personnellement je trouve que Trek à particulièrement bien réussi ses décos 2011. Dans sa livrée « Svelte Pearl White », le vélo est superbement paré de blanc et de doré. Notons au passage la déco spécifique de la fourche Fox pour Trek.

Un concentré de technologies

[dropcap]L[/dropcap]e Remedy regorge d’innovations « maisons » parfois précurseurs et toujours parmis ce qui se fait de mieux actuellement. Le triangle avant en carbone est doté de la douille de direction conique baptisé E2. Le tube diagonale reçoit un carbone spécifique, l’OCLV Mountain, plus résistant aux impacts. Sur cette même zone, Trek a prévu une protection Carbon Armor histoire de libérer l’esprit quant à d’éventuelles projections de pierre. La liaison entre les triangles avant et arrière se fait notamment via la bielette Evo Link en magnésium. Les haubans sont en carbone OCLV (à la différence de ceux de son frère 9.9 plus « chic » qui sont en carbone OCLV Mountain pour un gain de rigidité et -100 g sur la balance). Les bases sont en aluminium. Parlons maintenant de la cinématique.

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[tabs tab1= »Fiche technique » tab2= »Géométrie » tab3= »Infos et tarif »]

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Cadre : Carbone OCLV Mountain, biellette EVO Link en magnésium
Amortisseur : Fox Float RP-23 BV spécifique avec Trek DRCV
Fourche : Fox 32 Talas Fit RL 120-150 axe de 15 mm
Direction : Conique FSA NO.57
Potence : Bontrager Rhythm 80 mm
Cintre : Bontrager Race X Lite Carbon 660 mm
Freins : Avid X.0
Dérailleurs av. / arr. : Shimano XT
Commandes : Shimano XT 10v
Cassette : Shimano M77110 11-36, 10v
Pédalier : Shimano XT, 42/32/24
Roues : DT Swiss M 1800, av. 15 mm, arr. 142x12mm,compatible tubeless
Pneus : Bontrager XR3 Team, 26×2.3
Selle : Bontrager Evoke 3, rails titane
Tige de selle :Téléscopique Crank Brothers Joplin 4R

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Taille : 18,5’’
Longueur tube de selle : 445 mm
Angle tube de selle : 73°
Angle de direction : 68°
Empattement : 1139 mm
Longueur tube sup. : 600 mm
Longueur bases : 435 mm
Hauteur de boitier : 353 mm

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Contact : www.trekbikes.com

Prix : 5599 euros

Poids : 12,3 kg (taille 18,5’’ sans pédales)

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Le Remedy utilise un système de suspension Full Floater (permettant de rendre indépendant l’absorption des chocs et le rendement au pédalage) couplé au brevet Trek ABP qui libère la suspension même au freinage et ce grâce au point de pivot placé au niveau de l’axe arrière en 142×12 mm. Niveau suspensions, Trek a confié la mission à Fox. L’amortisseur RP23 BoostValve reçoit la « touche » Trek, le DRCV avec une chambre d’air bi-zone permettent de jouer sur la progressivité en milieu de course. La Fourche 32 Talas R Fit réglable en 120 ou 150 mm est dotée d’un « setting » particulier au niveau de la détente haute vitesse pour fonctionner en harmonie avec l’arrière. Intéressons-nous au montage. Le poste de pilotage est confié à Bontrager, le freinage à Avid et ses nouveaux X.0, la transmission est signée Shimano XT en 3×10 vitesses. à ce niveau de prix, on a droit à la tige de selle télescopique Crank Brothers Joplin 4 avec commande au guidon. DT Swiss équipe le vélo de roues tubeless ready M1800 que Bontrager accompagne de pneus XR3 en 2,3. Voila pour le tour du propriétaire, en avant pour nos tours de roues…

Une vraie Boule de nerfs

[dropcap]C[/dropcap]’est à l’occasion du SuperEnduro du coté de Finale Ligure en Italie que je fais mes premiers kilomètres avec le Remedy. Avant cela, il a fallu régler le SAG (enfoncement des suspensions en statique) des suspensions en fonctions des préconisations constructeur. 25 % à l’avant, rien de bien savant. 30 % à l’arrière sans oublier d’enfoncer au préalable l’amortisseur à 50 % de sa course histoire de régler de façon optimale le DRCV en répartissant l’air dans les deux chambres. La première journée d’essai et ses 1500 mètres de positif a de quoi démontrer les qualités ascensionnelles du Remedy. La majorité des liaisons s’effectue sur bitume. Le vélo s’avère être un excellent grimpeur d’une tonicité assez suprenante.

La montée (pourtant assez raide par moment) s’avale sereinement sur le second plateau bien aidé par la transmission XT 10 vitesses qui fonctionne à merveille. Même en positionnant le Propedal ouvert, le vélo n’oscille pas exagérément, le vélo travaille mais ne pompe pas. Le dénivelé positif défile si facilement et sans aucun sentiment de cabrage que finalement je n’ai jamais eu recours à la position basse de la fourche Talas. Sur des parcours plus trialisants en France, le remedy 9.8 épatte une nouvelle fois avec une motricité et un grip excellents permettant de s’extirper des zones les plus piègeuses. Un régal jusqu’à présent, voyons voir comment il s’en sort lorsque la pente s’inverse….

Un Remède sauce All mountain

[dropcap]U[/dropcap]n bilan aussi bon en ascension doit forcément cacher quelques compromis lorsqu’il faut lacher les freins. Et bien finalement pas tant que ça… Personnellement, j’ai trouvé le cintre un poil court (660 mm), la position un peu trop sur l’avant ce qui au premier abord n’est pas très motivant à engager lorsque ça va vite. C’est un pur vélo de All Mountain avec ses 68° de chasse, on ne peut pas lui en demander plus sans sortir de son champ d’action déjà très large. Hormis cela, c’est du tout bon.

La fourche, raide au départ car à mon avis pas assez rodée, s’avère fonctionner ensuite à merveille avec la rigidité de l’axe de 15 mm « qui va bien ». La suspension arrière gomme tout avec une sensation de fermeté. On a le sentiment que l’amortisseur ne s’enfonce pas alors qu’arrivé en bas le témoin nous montre qu’on a bien utilisé le débattement. La roue arrière est collée au sol, le grip est très bon en toutes circonstances et cela avec des pneus XR3 qui ne m’ont jamais pris en défaut. On sent bien que le vélo est rigide sans pour autant être un « bout de bois » qui ne pardonne pas quelques erreurs. Dans les parties lentes et sinueuses, la géométrie du Trek fait mouche. Le vélo est maniable et vif. Comme dans les parties montantes, on a cette impression de légèreté en descente au guidon du Remedy. Le freinage est parfait, merci les Avid X.0 et son réglage d’attaque.

Conclusion

[dropcap]V[/dropcap]ous l’aurez compris ce Remedy est une vraie réussite, un réel antidote pour rider en manque de polyvalence. En 2010, Trek avait repositionné le Remedy de la pratique Enduro vers le All Mountain histoire de bien répartir la gamme entre Fuel Ex, Remedy et Scratch. C’est une bonne chose qui au final a élargi le champ d’action du Remedy. Ce vélo vous accompagnera partout et vous laissera parfois sans voix au vu de ses aptitudes tant en côte que dans la pente. Le seul petit bémol de ce tableau ultra positif est, comme dit précedemment, le cintre qui mériterait comme sur tout All Mountain « moderne » au moins trois centimètres de plus en largeur. On pourrait pinailler en demandant un support ISCG pour guide-chaine (utile en montagne), voir une transmission 2×10 probablement plus opportune sur ce segment. Pour terminer et passer en caisse, on s’aperçoit que la note est assez « salée » : 5599 euros, c’est tout de même 1100 euros de plus par rapport au modèle équivalent 2010 (outch ! ) avec en gros un nouveau carbone et la Jolplin en plus. C’est pas donné mais tout est relatif vu le potentiel et la qualité du Remedy 9.8…

On a apprécié : la déco 2011, le look de l’ensemble, la géométrie, les suspensions efficaces.

On regrette un peu : le cintre trop étroit, l’absence de support ISCG, le tarif en hausse.